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Revue Flux Mir@bel
Numéro no 134, 2023/4
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Carine Henriot, Valérie Schafer p. 1-2 accès libre
  • Des ressources locales pour un secteur de la construction circulaire : un état des lieux sur le cas de la France - Vincent Augiseau, Daniel Monfort p. 3-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le secteur de la construction, qui génère les plus importants flux de consommation de matières solides et de production de déchets à l'échelle mondiale, fait l'objet d'un fort développement de démarches se référant au concept d'économie circulaire. La recherche d'une proximité spatiale dans l'approvisionnement en matériaux des chantiers figure parmi les actions préconisées par ces stratégies définies notamment par des collectivités territoriales. Or cette action requiert pour ces dernières une meilleure connaissance de la localisation des ressources et activités d'extraction et de production de matériaux d'une part, ainsi que de l'utilisation des matériaux d'autre part.Cet article vise à apporter de tels éléments de connaissance sur le cas de la France pour seize groupes de matériaux. La localisation de l'approvisionnement est étudiée en différenciant matériaux d'une part et étapes de la chaîne de circulation des matières d'autre part, au travers de données issues de la littérature scientifique et technique. Les facteurs influant sur cette localisation sont ensuite étudiés.Les résultats montrent la forte inscription de l'approvisionnement dans des filières nationales ou internationales, avec une tendance à l'accroissement des distances, ainsi que de fortes disparités entre matériaux d'une part et territoires d'autre part. De fortes contraintes contribuant à une moindre proximité spatiale s'exercent aux étapes d'extraction et production et relèvent de caractéristiques des activités (notamment l'intensité capitalistique de certaines), du cadre réglementaire et de la concurrence internationale.Ces résultats sont discutés afin d'esquisser des pistes pour la définition de stratégies territoriales d'économie circulaire ainsi que pour la poursuite de travaux visant à répondre aux limites observées en termes de disponibilité et de qualité des données.
    The construction industry generates the largest consumption of materials and the largest flows of waste in the world. Strategies referring to the concept of circular economy for construction are developing strongly. One of the actions recommended by these strategies, notably those implemented by local authorities, is the search for a spatial proximity in the supply of materials for the construction sites. However, to carry out this action, authorities require a better knowledge of the location of resources and activities of extraction and production of materials on the one hand, as well as the use of materials on the other hand.This article aims to provide such knowledge on the French case for sixteen groups of construction materials. The location of supply is studied by differentiating between materials on the one hand and stages of the material circulation chain on the other hand, using data from the scientific and technical literature. The factors influencing this location are then studied.The results show that supply is strongly linked to national or international supply chains, with a tendency to increase distances, as well as strong disparities between materials on the one hand and territories on the other. Strong constraints contributing to a lesser spatial proximity are exerted at the extraction and production stages and are related to the characteristics of the activities (notably the capital intensity of some), the regulatory framework and international competition.These results are discussed to suggest avenues for the definition of territorial circular economy strategies as well as for the continuation of research work in order to respond to the limitations observed in terms of data availability and quality.
  • La récupération du coût des services rendus par l'utilisation de l'eau : quel rapport avec l'eau en bien commun ? - Bernard Barraqué p. 24-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En Europe, en obligeant les opérateurs à relever les prix unitaires, la baisse inédite de la consommation d'eau conduit à une augmentation des factures, dont l'impact social potentiel remet en question le tarif de l'eau comme seul moyen de recouvrer les coûts, en particulier les coûts externes. Même l'OCDE admet que leurs gestionnaires recourent aux trois T (tarifs, taxes et transferts) pour chercher des solutions durables de financement des services publics. Dans l'approche dite des 3 E (économique, environnementale et sociale – ou équitable), le partenariat EAU&3E financé par l'ANR Villes durables a proposé une nouvelle gouvernance pour trouver un compromis entre les trois, et atteindre une durabilité globale. Mais comment récupérer les coûts de l'environnement et des ressources lorsque les ressources en eau sont considérées comme des biens communs ? La solution proposée par les économistes institutionnalistes est la mutualisation entre usagers diversifiés qui s'auto-contraignent à co-financer la politique. Cette forme de gouvernance a besoin d'institutions porteuses des transferts que constituent les paiements pour services environnementaux. En France, les agences de l'eau sont bloquées sur ce point, pour des raisons juridiques qui les distinguent des wateringues néerlandaises et des agences de l'eau de la Ruhr : les comités de bassin comprennent des représentants des usagers, qui selon la constitution ne peuvent percevoir ou dépenser de l'argent public. Les Agences de l'eau n'ont donc pas la maîtrise d'ouvrage, et peuvent seulement financer les porteurs de bons projets environnementaux. De plus, elles tirent l'essentiel de leurs revenus des factures d'eau des usagers domestiques, alors qu'elles doivent également intervenir directement sur l'amélioration du milieu aquatique, au détriment de l'aide aux services publics d'eau et d'assainissement qui les financent. Pourquoi ne pas tenter de jouer sur les établissements publics de bassin, plus locaux que les agences, et qui, eux, disposent de la maîtrise d'ouvrage ?
    In Europe, water consumption decline in cities leads operators of water services to raise the unit prices; which in turn leads to question billing as the sole way to cover the costs, in particular environmental and resource costs. The OECD 3 T's (tariffs, taxes, and transfers) cost recovery approach is used to discuss possible solutions to implementing the triple bottom line approach of sustainability in the water services sector; reconciling the three dimensions (economics, environment, equity) which potentially diverge, calls in turn for new governance mechanisms. And when water resources are considered common pools, the recovery of environmental and resource costs paid by authorities in charge of water services could be made by institutions organizing transfers, like payments for environmental services. In France, the agences de l'eau are blocked by central government, and with the implementation of the WFD, the levies collected on domestic water bills are increasingly used to improve the aquatic environment. This generates a conflict with local authorities and consumer NGOs, which consider that, being service fees taken from water bills, levies should be returned as subsidies to WSS services' improvements. The paper proposes a re-organization of the financing system of water policy, rebalancing between tariffs and taxes, and creating levies for common pool resources management at the scale of local river basin institutions.
  • En route avec l'IA ! Incidence de l'IA et de l'informatique ubiquitaire dans l'établissement de la mobilité quotidienne : le cas des applications GPS - Patricia Sajous p. 35-49 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'IA (intelligence artificielle) colonise de plus en plus de secteurs du quotidien. Comment prendre cela en compte dans les recherches en sciences humaines portant sur la mobilité quotidienne ? Cet article est l'occasion de s'interroger sur les cadres théorique et méthodologique à mettre en place. Nous développons la notion de « corps augmenté » et considérons les objets techniques permettant l'augmentation comme des « non humains actants » (Callon, 2006). Nous débutons par une définition, précisons les modalités d'analyse de l'augmentation du corps en matière de mobilité quotidienne et mettons en perspective l'ancienneté de cette recherche. Le cadre théorique posé, nous nous penchons sur le cadre méthodologique permettant de cerner les ressorts de l'augmentation. Nous nous intéresserons alors aux applications GPS ( Global Positioning System) intégrant l'IA, consultables sur smartphone. Objet d'un nombre croissant de téléchargements, nous montrons par une enquête exploratoire sur quatre applications, en France, comment l'IA fait évoluer la donne. Nous revenons dans la discussion sur le cadre réflexif mis en place et sur les tendances identifiées dans les résultats.
    AI (artificial intelligence) is more and more used in daily life. How can this be taken into account in social science research, especially, concerning daily mobility? This article looks at the theoretical and methodological frameworks necessary to carry out this study. We develop the notion of the “augmented body” and consider technical objects enabling augmentation as “non-human actants” (Callon, 2006). Once the theoretical framework has been established, we turn to the methodological framework for identifying the driving forces behind augmentation. We then turn our attention to AI-integrated GPS (Global Positioning System) applications that can be consulted on smartphones. We show through an exploratory survey of four applications, in France, how AI is driving evolution. In the discussion, we return to the reflexive framework used and the trends identified in the results.
  • De la prégnance de l'automobile à la perception de ses limites. Une étude ethnographique du choix modal en territoires peu denses en France - Violeta Ramirez, Marie Sigrist, Elise Grison p. 50-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le contexte du réchauffement climatique et des objectifs gouvernementaux visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les pouvoirs publics et les opérateurs de mobilité s'orientent vers des innovations proposant des alternatives à l'automobilité. Pourtant, l'habitabilité des territoires à faible et très faible densité est rendue possible par l'existence d'un système de mobilité qui donne une place centrale à la voiture. À partir d'une enquête ethnographique réalisée en France, cet article interroge le choix modal des habitants des territoires peu denses. Si la voiture reste centrale dans la culture de ces territoires, des limites à son usage apparaissent dans les représentations de certains habitants. La perception de l'augmentation des coûts de l'automobilité et de ses impacts environnementaux laissent entrevoir les complications croissantes de ce mode de déplacement, autant sur les modes de vie des ménages que sur l'attractivité future des territoires dépendants de l'automobile.
    In global warming context and governmental objectives aiming at reducing GHG, public authorities and mobility operators are moving towards innovations proposing alternatives to the use of private car. However, the habitability of low-density territories is made possible by the existence of a mobility system giving a central place to private car. Based on an ethnographic survey done in France, this article examines the modal choices of inhabitants of low-density areas. Although the car remains central to the culture of these areas, limits to its use appear in the representations of some inhabitants. The perception of the increasing costs of car use and its environmental impacts suggests the growing complications of this mode of travel, both on the households' lifestyles and on the future attractiveness of car-dependent areas.
  • Elena Cogato Lanza (dir.), Post-Car World, futur de la ville-territoire, Genève, MétisPresse, coll. Vues d'ensemble, 2021, 199 p - Tristan Siebert p. 68-69 accès libre
  • Le Marcheur de la gare. Une architecture des corps, Pauline Detavernier, Genève, MétisPresses, 2023, 154 p - Arnaud Passalacqua p. 70-71 accès libre