Contenu du sommaire : La fabrique des partis en Grande-Bretagne

Revue Politix Mir@bel
Numéro vol. 21, no 81, mars 2008
Titre du numéro La fabrique des partis en Grande-Bretagne
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La fabrique des partis en Grande-Bretagne

    - Coordonné par Frédéric Sawicki et Philippe Vervaecke accès libre
    • Introduction - Frédéric Sawicki et Philippe Vervaecke p. 7 accès libre
    • Les historiens britanniques face à la sociologie politique - Jon Lawrence et Miles Tayler p. 13 accès libre avec résumé
      Cet article retrace l'influence de la sociologie électorale américaine et britannique des années 1940 et 1950 sur les travaux des historiens d'outre-Manche. Au milieu du XXe siècle, l'émergence d'études électorales portant sur les scrutins américains et britanniques a fait advenir un modèle d'analyse sociologique des comportements électoraux et un schéma pluraliste d'interprétation des institutions partisanes dont se sont ultérieurement inspirés les spécialistes d'histoire politique. L'adoption par les historiens britanniques des postulats théoriques et des méthodes de la sociologie politique d'alors les a conduits à interroger les comportements politiques du XIXe siècle et du début du XXe siècle à l'aune de cette grille d'analyse sociologique. Depuis les années 1970, l'influence de ces modèles sociologiques sur la pratique historique est contestée par une nouvelle génération d'historiens qui revendiquent une approche contextualisée de leurs objets et davantage d'autonomie théorique pour les études historiques, dans un contexte où les travaux récents en histoire politique remettent en question la thèse d'une modernisation et d'une nationalisation du champ politique à compter de la fin du XIXe siècle.
    • La professionnalisation d'un rôle politique : les agents de circonscription en Grande-Bretagne (1880-1914) - Kathryn Rix p. 41 accès libre avec résumé
      Cet article analyse un aspect négligé de l'organisation des partis, à savoir les agents de circonscription du parti libéral et du parti conservateur, au cours d'une période cruciale dans l'évolution du système électoral britannique. L'article retrace le développement des agents en tant que profession et détermine les facteurs qui ont mené à l'avènement d'agents de circonscription professionnels, faisant office de permanents des partis au niveau local, et à la disparition progressive à ce poste des hommes de loi qui n'exerçaient cette activité que de manière occasionnelle. Après avoir évalué l'impact de la professionnalisation du métier d'agent de circonscription sur la culture politique et sur la conduite des élections, l'analyse critique le postulat selon lequel ce processus s'apparente à une modernisation et à une nationalisation des mobilisations électorales. Les agents démontrent en fait l'importance des influences locales et nationales au cours de cette période, ainsi que l'interaction croissante entre les sphères politiques locales et nationales, au sein desquelles les agents ont joué un rôle important.
    • Savoir gérer un parti. Organisation et professionnalisation du parti travailliste britannique des années 1920 aux années 1940 - Clare Griffiths p. 61 accès libre avec résumé
      Au début du XXe siècle, le parti travailliste valorisait grandement le bénévolat et l'engagement dont la génération de pionniers à l'origine de sa création avait fait preuve. Simultanément il s'engageait dans une période de transition qui devait le voir passer du statut de groupe de pression à enracinement local à celui de parti politique de plein droit aspirant à devenir un parti de gouvernement et à peser au plan national. L'organisation du parti était perçue comme la clé de voûte de cette évolution et, en son sein, la figure de l'agent professionnel ou « organisateur » s'est imposée comme centrale et comme apte à gérer efficacement le parti à l'échelle locale pour lui permettre d'atteindre la victoire électorale. Le présent article se penche sur le rôle de l'organisateur travailliste, la définition qui en a été donnée et la promotion dont il a fait l'objet au début du XXe siècle. Il s'efforce également de passer en revue les problèmes posés par ce processus de professionnalisation du travail partisan et de voir comment il a pu se concilier avec un idéal de volontariat et de participation toujours actif chez les adhérents.
    • La politique sans le parti. La Primrose League et la culture politique britannique, 1883-1919 - Philippe Vervaecke p. 81 accès libre avec résumé
      Cet article analyse la position de la Primrose League, mouvement de masse conservateur de la fin du XIXe siècle, vis-à-vis des structures officielles du parti au niveau local et national. Après avoir établi comment la League a constitué un moyen de perpétuer le sentiment de déférence des populations à l'égard des élites sociales du parti, l'analyse montre l'importance de la notion d'indépendance partisane pour ce mouvement. Cette posture d'indépendance a permis aux élites traditionnelles du parti, en particulier l'aristocratie, de bénéficier des atouts d'une organisation de masse sans subir les entraves d'un parti de masse. En présentant la League comme une institution non-partisane, ses dirigeants ont pu suivre une politique de recrutement souple et légitimer les activités de la League, qu'il s'agisse de sociabilité festive ou d'éducation civique à destination des électeurs. Cependant, en période électorale, des tensions sont apparues entre les bénévoles de la League et les permanents du parti, qui sont parvenus à imposer un contrôle accru du parti sur la League. Le cas de la Primrose League illustre plus généralement les continuités dans la culture politique britannique au cours de cette période de transition, en particulier la célébration de la valeur d'indépendance en politique et la méfiance à l'égard des institutions partisanes et de la professionnalisation politique.
    • Une tentative de conquête culturelle. La formation politique des conservateurs britanniques pendant l'entre-deux-guerres - Clarisse Berthezène p. 105 accès libre avec résumé
      Malgré sa domination électorale au cours de l'entre-deux-guerres, le parti conservateur britannique semble gouverné par un sentiment d'insécurité et de crainte lié au manque d'intérêt porté jus-que-là à la formation politique de ses militants et des citoyens du pays en général. Les activités pédagogiques de la gauche dans son ensemble – la création du Ruskin College en 1899, le travail de la Plebs League, le conseil national des collèges travaillistes et l'association pour l'éducation des travailleurs – semblent avoir un impact direct sur l'importance croissante du parti travailliste dans la vie politique. Les conservateurs décident alors de lancer une contre-offensive destinée à proposer une alternative culturelle aux projets de la gauche. Cet article s'intéresse à la formation politique mise en place par les conservateurs et à la création d'Ashridge College.
    • La "modernisation" du parti travailliste, 1994-2007. Succès et difficultés de l'importation du modèle entrepreunarial dans un parti politique - Florence Faucher-King p. 125 accès libre avec résumé
      La transformation du parti travailliste en « nouveau parti travailliste » a été l'objet de nombreux débats soulignant la continuité entre les deux organisations et la manière dont la rhétorique de la modernisation a été étroitement associée à une stratégie électorale et une approche en termes de marketing politique. En revanche, rares sont les publications qui mettent en perspectives les changements organisationnels et culturels des années Blair. Cet article s'appuie sur plusieurs années de recherche sur les partis politiques en Grande-Bretagne et s'attache à analyser l'impact de l'individualisation sur les relations internes au parti. Certains changements ne peuvent être compris que dans le cadre plus large de l'évolution de la politique britannique, notamment l'essor de la culture de l'audit, l'importance croissante de la firme privée comme modèle d'organisation. La transformation du parti travailliste selon le modèle de l'entreprise privée affecte non seulement la stratégie de communication, le lien avec les syndicats et les procédures de délibération mais également les campagnes, les finances et la structure partisanes.
    • L'impossible standardisation des pratiques militantes au sein du New Labour. Le cas de Finchley, section locale récalcitrante - Emmanuelle Avril p. 151 accès libre avec résumé
      La section locale de Finchley illustre la dimension localisée de la culture partisane travailliste qui échappe aux théories générales de la participation et contrecarre les tentatives de la direction nationale d'établir une formule de militantisme applicable à toutes les sections locales. L'enracinement du parti dans un environnement particulier donne en effet à la section locale une tonalité spécifique qui affecte la nature des relations que celle-ci entretient avec les autres niveaux du parti. C'est le refus de la direction nationale de laisser la place à la diversité des pratiques et des cultures militantes qui a conduit à un durcissement des relations et au positionnement de la circonscription et du député travailliste en opposition au gouvernement et à la stratégie nationale. En imposant aux sections locales un modèle unique, gestionnaire et technocratique, de militantisme, les modernisateurs ont provoqué la démobilisation massive des militants qui ont ainsi exprimé le refus de leur propre instrumentalisation. Face à cette hémorragie, les dirigeants du New Labour semblent finalement avoir compris la nécessité de laisser aux sections locales davantage d'autonomie, garante de motivation et d'innovation. Les trois victoires successives du candidat travailliste dans la circonscription historiquement conservatrice de Finchley illustrent le potentiel d'une approche plus flexible.
  • Varia

    • Retour critique sur les répertoires de l'action collective (XVIIIe- XXIe siècles) - Michel Offerlé p. 181 accès libre avec résumé
      Le concept de répertoire d'action proposé par Charles Tilly a connu une immense fortune, au risque d'une dilution et d'une perte de sens. Michel Offerlé s'attache dans ce texte, à partir d'un retour aux propositions tilliyennes, à une évaluation critique du concept. À partir ensuite de ses usages par les sociologues et les historiens, il montre ce que son utilisation peut nous apprendre quant aux terrains auxquels elle est appliquée et souligne dans quelle mesure on peut encore en user de manière productive. Il propose également des pistes permettant de penser ensemble ce que la notion tend trop souvent à séparer – les actions collectives protestataires, les actions collectives non protestataires et les actions individuelles – pour réintroduire l'idée d'une pluralité de registres d'action « disponibles », dans le temps et dans les espaces sociaux et territoriaux.
  • Notes de lectures

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