Contenu du sommaire : Les enjeux de la crise alimentaire mondiale
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 131, 4e trimestre 2008 |
Titre du numéro | Les enjeux de la crise alimentaire mondiale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les enjeux de la crise alimentaire mondiale
- Editorial - Béatrice Giblin p. 3
- Crise alimentaire mondiale. Désordres et débats - Pierre Janin p. 6
- La nouvelle question alimentaire - Sylvie Brunel p. 14 Les émeutes de la faim survenues au printemps 2008 ont réveillé un vieux malthusianisme, aiguillonné par l'idéologie du développement durable et la peur de la croissance démographique. La Planète peut-elle nourrir une humanité croissante? Ce document de travail passe en revue les facteurs et les tendances qui nous permettent d'espérer que la famine, et même la malnutrition, vont baisser, en dépit du changement climatique et des politiques inappropriées. Mais jamais et nulle part les solutions techniques n'ont été suffisantes pour faire disparaître la malnutrition, qui est surtout une conséquence de la pauvreté. Si l'incertitude persiste, les réponses existent.The New Alimentary Issue Famine riots which occured during spring 2008 have reactivated an old malthusianism, stirred up by the ideology of sustainable development and the fear of population growth. Can the planet feed an increasing humanity? This document analyzes the factors and trends which allow us to hope than famine, and even hunger are going to decrease, despite of global climate change and inappropriate politics. But technical solutions are never and now - here sufficient to eradicate malnutrition, which is mainly a result of poverty. If uncertainty remains, the responses do exist.
- De la hausse des prix au retour du "productionnisme" agricole : les enjeux du sommet sur la sécurité alimentaire de juin 2008 à Rome - Nicolas Bricas et Benoït Daviron p. 31
- Le volet agricole du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) peut-il répondre à la crise alimentaire du continent ? - Ward Anseeuw et Augustin Wambo p. 40 Le volet agricole du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) peut-il répondre à la crise alimentaire en Afrique subsaharienne? En Afrique subsaharienne, les agitations sociales contre l'augmentation des prix alimentaires sont récurrentes depuis le printemps 2008. Avec l'opérationnalisation de son programme agricole, mais surtout de sa composante «sécurité alimentaire», le NEPAD s'est doté d'un dispositif susceptible d'affronter efficacement les situations d'urgence alimentaire comme de renouveler les politiques de développement agricole. Si ce programme a conduit à redonner la priorité à l'agriculture dans les agendas africains et internationaux et à harmoniser certaines actions des bailleurs, il offre cependant peu de mesures concrètes (en dehors des projets d'amélioration de la productivité) et néglige toute réflexion structurelle et politique. Faute d'être parvenu à proposer un cadre harmonisé et coordonné au niveau continental, régional et national, le programme agricole du NEPAD peine à apporter des réponses immédiates à la crise alimentaire et prospectives pour espérer un changement de paradigme.Can the Agricultural Programme of the New Partnership for Africa's Development Provide Solutions to the Food Crisis in Africa? Does NEPAD's agricultural programme provide solutions to the food crisis in Sub-Saharan Africa? In Sub-Saharan Africa, social unrest resulting from the increase of food prices is recurrent since early 2008. With the implementation of its agricultural programme, in particular its Food Security pillar, NEPAD was equipped with a device that should allow Africa to face such crisis situations and to renew policies to revitalize Africa's agriculture. Although this program has led to restor agriculture as a priority on African and international agendas and to a certain harmonization of international organizations'actions, it offers few concrete measures (aside from projects aiming to increase productivity) and lacks any structural and political discussion. Having failed to implement a harmonious framework of measures at a continental, regional and national levels, NEPAD's agricultural pro - gramme will have difficulty reacting swiftly to the crisis and laying the groundwork for a future shift in the current paradigms.
- Crise alimentaire en Egypte : compétition sur les ressources, souveraineté alimentaire et rôle de l'Etat - Habib Ayeb p. 58
- Oublier Malthus : Ethiopie, la crise alimentaire surmontée ? - Alain Gascon p. 73
- "Le soleil des indépendances (alimentaires)" ou la mise en scène de la lutte contre la faim au Mali et au Sénégal - Pierre Janin p. 92
- Zimbabwé : de la "réforme agraire" à l'insécurité alimentaire - Daniel Compagnon p. 118
- Les mutations du Nordeste du Brésil - Eustogio Wanderley Correia Dantas p. 137 Longtemps considéré comme un pays de la faim, pauvre et «arriéré», le Nordeste du Brésil est aujourd'hui une région en mutation accélérée, dont les niveaux de revenus ont dépassé, pour certains États, la moyenne nationale. La raison: une nouvelle insertion dans la mondialisation liée à l'évolution de son image internationale. Les handicaps traditionnels du Nordeste, tels que la semi-aridité, sont ainsi devenus des atouts, autant pour le développement de l'agrobusiness que pour un tourisme littoral en croissance rapide... Mais cette politique de développement n'a pas éradiqué pour autant la malnutrition chronique.The Changes in Nordeste, Brazil Considered for a long time as an area plagued by poverty and famine, the Nordeste of Brazil is nowadays a changing region, where the local average income is higher than the national one. This change comes from a better integration into the global economy. The usual weaknesses of Nordeste – such as aridity – became strengthes for agribusiness or tourism. Nevertheless, this development did not eradicate chronic malnutrition.
- La flambée des prix mondiaux du riz : crise conjoncturelle ou mutation durable ? - Frédéric Lançon et Patricio Mendez del Villar p. 156 La configuration du commerce international du riz est dominée par six pays dont les exportations représentent plus de 85% des volumes échangés alors que les importations sont réparties dans un plus grand nombre de pays. Cette asymétrie est ren - forcée par une dépendance plus forte des pays importateurs par rapport au marché mondial alors que l'économie rizicole des exportateurs est moins intégrée aux échanges internationaux. Ces exportations constituent en quelque sorte des instruments des politiques de sécurité alimentaire (ou de redistribution vers les zones rurales) et ne correspondent pas véritablement à une stratégie de spécialisation internationale, ce qui réduit d'autant le rôle de régulateur du marché mondial. L'émergence de nouveaux pays exportateurs durant les années 1990 a néanmoins stabilisé les prix, ce qui a facilité la diffusion de la consommation domestique du riz dans les pays importateurs. Cependant la flambée des prix de 2008 confirme que le marché international n'est pas en mesure de les stabiliser afin de garantir une sécurité alimentaire minimale pour les pays fortement dépendants du riz. La place centrale du riz dans l'alimentation de nombreux pays n'est pas de nature à favoriser l'élaboration de stratégies nationales de sécurité alimentaire reposant sur l'accès au marché mondial.Coom on the World Rice Market: Short Term Crisis or Structural Changes in the World Rice Economy? The rice trade is dominated by six major exporting countries which supply more than 85% of the rice internationally traded, while rice imports are distributed among a larger numbers of countries. This asymmetrical position is reinforced by a higher dependency of importing countries on the world market while exporting countries'rice economies are less integrated in the world market. These exports remain a tool for the enforcement of food security and income redistribution in favour of rural areas, without constituting an international specialization strategy, which hinders the role of international trade in global rice supply and demand adjustment in the long term. The emergence of new exporters during the nineties stabilised prices and, hence, supported the dissemination of rice in food eating habits in importing countries. However, the price boom of 2008 confirmed that international trade cannot be a viable option to ensure food security for importdependant countries. The key role of rice in the food systems of both exporting and importing countries does not provide a lasting environment to ensure a smooth matching between supply and demand through international trade, therefore rice development strategies would remain basically formulated with a reference to the national or regional scale.
- La crise alimentaire mondiale : une opportunité pour relancer la filière rizicole au Vietnam ? - Dao The Anh, Sylvie Fanchette p. 175 La crise alimentaire du premier semestre 2008 a été envisagée par de nombreux experts comme une bonne opportunité pour les grands exportateurs de riz, tel le Vietnam, et ce, dans un contexte de dévalorisation de la riziculture. Depuis les années 1960, le Vietnam a choisi parmi les stratégies pour atteindre son indépendance de développer la riziculture pour atteindre l'autosuffisance alimentaire. La Révolution verte a permis au Vietnam de nourrir une population croissante et de se hisser, à la fin des années 1990, à la deuxième place des exportateurs de riz au monde. Une des raisons de ce succès est la présence de deux deltas complémentaires: le delta du fleuve Rouge nourricier, aux micro-exploitations très diversifiées, et le delta du Mékong, producteur de riz de qualité moyenne pour l'export et le marché domestique. La croissance des prix du riz sur le marché mondial en avril 2008 n'aura réussi qu'à déstabiliser la filière du riz en raison de la très forte croissance de la production dans la sous-région et au Vietnam, et de l'inévitable chute des cours qui a suivi dès juillet 2008. Pour éviter que la crise alimentaire ne se répercute à l'intérieur de ses frontières, le gouvernement vietnamien a imposé des quotas et des taxes à l'exportation, ce qui a eu des effets pervers: les paysans du delta du Mékong ont eu du mal à vendre leurs surplus sur un marché tenu par de nombreux intermédiaires. Non conforme aux règles de l'OMC, cette politique a été remise en cause par les pays membres.Could the World Food Crisis Be an Opportunity to Save the Rice Industry in Vietnam? The food crisis in the first semester of 2008 was seen by many experts as an opportunity for major rice-exporting countries, such as Vietnam, in the context of a devaluated rice production industry. Since the sixties, Vietnam has used the development of its rice industry and food self-sufficiency as a way to independence. The Green Revolution enabled the country to feed a growing population and to become the second largest rice exporter in the world. One of the factors of its success is the presence of two complementary deltas: the Red River delta, with its productive and diverse microfarms, and the Mekong delta, which produces mid-quality rice for export and the domestic market. The rise of the price of rice on the world market in April 2008 destabilized the industry due to sharp rise in production in Vietnam and surrounding southern Asian regions, and to the inevitable drop in rates which followed in July 2008. To avoid repercussions within the country, the Vietnamese government imposed quotas and taxes on exports, with perverse results: the farmers of the Mekong delta had difficulty selling their surplus on a market fixed by numerous interme - diaries. Due to its non-conformity to WTO rules, this policy is now being challenged by member states.