Titre | Sport et violence | |
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Auteur | Norbert Elias | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | vol. 2, no. 6, 1976 | |
Page | 2-21 | |
Résumé |
L'étude de la genèse et de la diffusion des formes modernes de sport illustre la théorie du processus de civilisation développée par Norbert Elias. Considérés communément comme l'archétype et le modèle des sports contemporains, les jeux de compétition de l'Antiquité se distinguent par nombre de traits des compétitions sportives modernes. Ainsi les coutumes qui réglaient la pratique des "sports" de combat, comme le pugilat ou la lutte olympiques, admettaient un degré de violence physique beaucoup plus élevé que le niveau toléré par les règlements des sports contemporains qui leur correspondent. Le pancrace et la "boxe" grecs étaient considérés comme une préparation à la guerre ; les vertus qu'ils mettaient en oeuvre et qu'ils représentaient étaient celles d'une aristocratie guerrière. Loin d'être un élément isolé et aberrant de la culture antique, comme tend à le faire croire l'image idéale que nous nous faisons de celle-ci, la brutalité et la violence des jeux de l'Antiquité renvoient à la structure sociale d'ensemble de la Grèce et, plus précisément, au niveau atteint par l'organisation de l'Etat et par le degré de monopolisation de la violence physique qui lui correspond. La faiblesse et l'instabilité du contrôle institutionnel de la violence dans les cités-états antiques éclairent sans doute d'autres traits de civilisation, comme la tolérance à l'égard des massacres guerriers ou le culte de la force et de l'apparence physique. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Sports and Violence The study of the genesis and spread of the modem forms of sport illustrates the theory of the civilizing process developed by Norbert Elias. Commonly thought to be the archetype and model of today's sports, the competitive games of antiquity differ in a number of ways from modem competitive sports. For example, the customs which governed combat "sports" like boxing and Olympic wrestling permitted a degree ol physical violence much greater than that tolerated by the rules of the corresponding modem sports. Greek "boxing" and pancratium (a combination of boxing and wrestling) were considered good training for war ; the qualities they called for and that they glorified were those of a warrior aristocracy. Far from being an isolaled and abberant element of ancient culture, as our idealized image of the latter leads us to believe, the brutality and violence of the ancient games reflected the overall social structure of Greece, and more precisely the level reached by the organization of state and the degree to which it held monopoly of physical violence. The weakness and instability of the institutional control of violence in the ancient city-states undoubtedly illuminates other aspects of the civilization of that age such as the acceptance of massacres in war and the cult of force and of physical beauty. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1976_num_2_6_3481 |