Titre | Esquisse d'une histoire sociale de la gymnastique (1760-1870) | |
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Auteur | Jacques Defrance | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | vol. 2, no. 6, 1976 | |
Page | 22-46 | |
Résumé |
L'élaboration de méthodes d'exercice corporel, comme les autres élaborations techniques, est volontiers pensée comme un processus historique ayant sa logique autonome. Cet article tend à rompre avec cette démarche qui isole le fait technique ; à partir d'un travail historiographique centré sur différents groupes manifestant leurs intérêts pour divers usages de la gymnastique, on a procédé à la reconstruction systématique des relations polémiques entre théoriciens, des hiérarchies symboliques entre pratiquants des différentes disciplines et des différents exercices. Dans les dernières années de l'Ancien Régime, la gymnastique sous sa forme moderne commence à être pratiquée tout en se consti- tuant en thème politique. Des formes d'exercice physique comme l'alpinisme, la savate (boxe française), l'haltérophilie, le canotage, se dessinent également à cette époque tandis que les anciennes disciplines se modernisent. Ces formations et transformations s'opèrent grâce à la mobilisation de "partisans de l'exercice". Les oppositions d'intérêts entre fractions de classe s'avèrent déterminantes : avant et pendant la Révolution, les pionniers se recrutent dans les fractions "réformatrices" de la bourgeoisie et de l'aristocratie. A mesure que la pratique de l'exercice se diffuse, la définition de sa modalité cristallise les oppositions. Le funambulisme, fait d'exercices athlétiques et périlleux, s'oppose aux exercices utiles et "de bon goût" prônés par une gymnastique pédagogique, hygiénique ou esthétique. Les luttes d'influence entre modalités opposées connaissent des temps forts au gré des conjonctures politiques. Au sein des institutions chargées d'encadrer différents types de publics (armée, écoles, hôpitaux), l'antagonisme se résout en fonction du rapport des forces en présence. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Outline of a Social History of Gymnastics (1760-1870). The elaboration of techniques of bodily exercise, like the development of methods in other areas, is usually considered to be an historical process with its own autonomous logic. On the basis of original historical research into groups having an interest in the various uses of gymnastics, the author breaks with this approach and its exclusive emphasis on technical factors. He undertakes a systematic reconstruction of the relationships between theoreticians engaged in polemics on the subject, as well as of the symbolic hierarclhes in wliich the participants in the different disciplines and different types of exercice are located. In the last years of the Ancien Regime, gymnastics began to assume its modem form and, at the same time, to become a politcal issue. Certain kinds of physical exercisesuch as moutain climbing, French boxing (foot boxing), weight lifting, and boating first developed in this period, while the older sports were modernized. These creations and transformations were brought about by the mobilization of the "partisans de l'exercice". The oppositions existing between the interests of various groups within the different classes proved decisive : the pioneers were drawn largely from the "reformist" groups of the bourgeoisie and the aristocracy, both before and during the Revolution. As gymnastics attracted more supporters, the problem of defining its proper definition crystallized the oppositions between groups. For example, tightrope walking, which requires vigorous and dange-rous exercises, was contrasted with the useful exercises "in good taste" advocated by those concerned primarily with the pedagogie, hygienic, or esthetic value of gymnastics. The intensity of the struggles for influence between the opposing definitions varied with changes in the prevailing political situation. Within institutions which had to deal with different kinds of publics (the army, the schools, the hospitals), the antagonism was resolved in accord with the relative strength of the contending forces. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1976_num_2_6_3482 |