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Titre Grandeur et permanence des grandes familles paysannes
Auteur Sylvain Maresca
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 31, no. 1, 1980
Page 35-61
Résumé Grandeur et permanence des grandes familles paysannes. Sous-tendue par l'hypothèse que la sélection des dirigeants paysans préfigure, dans ses mécanismes et ses résultats, celle qui opère ensuite dans le reste de la paysannerie, l'étude biographique des représentants agricoles permet de mieux comprendre comment la paysannerie a pu gérer elle-même sa propre liquidation, sous l'action d'un appareil d'encadrement professionnel et syndical. En Meurthe-et-Moselle, les dirigeants appartiennent le plus souvent à une bourgeoisie agricole riche, cultivée, célébrée pour son excellence professionnelle et son honorabilité, composée de grandes familles liées entre elles par un réseau d'alliances matrimoniales. Initialement, le développement des organisations agricoles visait la satisfaction des seuls intérêts des paysans aisés, engagés les premiers dans l'essor de l'élevage. De la Jeunesse agricole catholique, qui fut tout d'abord un mouvement confessionnel d'élite avant de s'orienter vers la formation culturelle des jeunes ruraux, les représentants de la bourgeoisie agricole retirèrent un surcroît de légitimité en ne paraissant devoir leur distinction qu'à leurs seuls mérites personnels et à une culture dont ce mouvement catholique imposa la nécessité à un nombre croissant de jeunes agriculteurs. Mais, précédant une évolution qui confirmait toujours le bien-fondé de leurs choix, les membres des grandes familles délaissèrent la JAC dès les années 50 pour faire des investissements scolaires sanctionnés par des diplômes reconnus et pour créer des organisations nouvelles qui depuis sont devenus dominantes et disposent de moyens accrus pour gérer un exode rural transformé en un vaste processus de sélection explicite des agriculteurs.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Strenght and Perpetuity of the Major Families of the Landed Peasantry. Based on the hypothesis that the selection of peasant leaders foreshadows, by its mechanisms and end-products, that which is subsequently operative in peasantry as a whole, the biographical study of agricultural representatives gives a better understanding of how peasantry could manage its own liquidation, under the influence of a professional and trade-union officer machinery. In the department of Meurthe-et-Moselle, most peasant leaders belong to a rich and cultured farming bourgeoisie which is known for its professional ability and its respectability and is composed of great families bound to one another by a network of marriage alliances. At first the development of agricultural organizations aimed at satisfying only the interests of well-off peasants who were the first to engage in the growth industry that was livestock breeding. From the "Jeunesse agricole catholique", which was first a religious organization for select people before devoting itself to the education of country youngsters, the members of the farming bourgeoisie derived an additional legitimacy as if they only owed their distinctiveness to their personal merits and to a culture the necessity of which was imposed to an increasing number of young peasants by this catholic organization. But preceding an evolution which brought constant confirmation of the value of their choices, the members of the great families deserted the J.A.C. as early as the fifties in order to invest in the pursuit of academic attainment yielding official degrees and to create new organizations which have since become the leading ones and dispose of improved me ans of managing a rural depopulation turned into a widespread and clear-cut selection of peasants.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1980_num_31_1_2072