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Titre Fléau moderne et médecine d'avenir
Auteur Patrice Pinell
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 68, no. 1, 1987
Page 45-76
Résumé Fléau moderne et médecine d'avenir. Contribution à l'histoire sociale de la cancérologie française, cet article étudie la période de l'entre-deux-guerre, première phase de développement de cette branche de la médecine, où se met en place un dispositif régional de centres anticancéreux. On analyse d'abord les conditions sociales d'émergence d'un «mouvement de lutte contre le cancer» —regroupant, au sein d'une association privée, des chirurgiens, des médecins «fondamentalistes», des philanthropes et des «femmes du monde»— dont l'objectif est d'obtenir la reconnaissance par les pouvoirs publics du cancer comme fléau social. Puis, à travers l'étude des principes d'organisation, des modalités de construction et des problèmes d'équipement des centres anticancéreux, on tente de montrer l'originalité profonde de la cancérologie, caractérisée à la fois par la conception «révolutionnaire» des rapports entre spécialités dont elle est le support (la pluri-disciplinarité), par la place privilégiée qu'elle accorde à l'articulation Clinique-Recherche et par l'importance des coûts financiers et des investissements nécessaires aux interventions thérapeutiques. On aborde aussi les questions posées par le développement de ce secteur de la médecine qui remet en cause les rapports entre l'hôpital public et le secteur libéral, les conceptions de la médecine en matière tant les pratiques des professionnels de la santé et les rapports entre spécialistes et omnipraticiens. Enfin, on analyse comment, au cours de ce processus historique, les représentations du cancer se transforment pour acquérir des propriétés qui font aujourd'hui partie du sens commun.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais A Modem Scourge and the Medicine of the Future. This article, a contribution to the social history of French cancer research, studies the inter-war period, the first phase in the development of this branch of medicine, when a regional network of cancer treatment centres was set up. It starts by analysing the social conditions of emergence of an «anticancer movement» —a private association bringing together surgeons, «fundamentalist» doctors, philanthropists and «society ladies»— seeking to win government recognition of cancer as a social scourge. It then examines the organizational principles, the construction methods and the equipment problems of the cancer centres and endeavours to show the radical originality of cancerology which | is characterized by its «revolutionary» conception of the relationship among the specialisms it supports ; (pluridisciplinarity), by the stress it lays on the linkage between clinical medicine and research, and by the size of the financial costs and investments needed for therapeutic intervention. It also considers the questions raised by the development of this branch of medicine which challenges the relationship between the public hospital and private medicine, medical definitions of incurability, the mode of social oversight of the actions of health professionals, and the relationship between specialists and generai practitioners. Finally it analyses how representations of cancer were transformed in the course of this historical process, acquiring characteristics which are now part of common sense.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1987_num_68_1_2373