Titre | Le secret de l'isoloir | |
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Auteur | Alain Garrigou | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | vol. 71, no. 1, 1988 | |
Page | 22-45 | |
Résumé |
Le secret de l'isoloir. Progressivement adopté dans les autres pays, l'isoloir a fait l'objet, en France, d'une forte résistance et a donné lieu, de 1880 à 1913, à une âpre controverse. L'analyse des débats et scrutins parlementaires de cette période montre que le refus de l'isoloir était principalement le fait des élus conservateurs et des républicains modérés et obéissait aussi bien à des calculs stratégiques partisans qu'à des conceptions patrimoniales. Pour ces notables, en effet, l'isoloir est associé aux phantasmes de la désagrégation sociale, d'autant plus qu'ils considèrent leur élection comme le prolongement naturel de leur domination sociale. A l'opposé, les réformateurs, partisans de l'isoloir, tentaient par là d'imposer une définition légitime de la transaction électorale conforme à leurs conceptions et à leurs intérêts d'entrepreneurs politiques spécialisés, d'autant plus portés à séparer l'activité politique des autres activités sociales qu'ils devaient, la plupart du temps, leur position sociale à leur élection. Imposer l'isoloir, ce n'est plus seulement mettre l'électeur à l'abri des pressions, c'est aussi imposer une nouvelle définition de l'électeur comme individu abstrait, rationnel, dissocié de son environnement social dans l'accomplissement d'un rôle spécifiquement politique. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
The Privacy of the Polling Booth. The polling booth, allowing a secret vote, which was gradually adopted in other countries, met with tierce resistance in France and gave rise to bitter controversy between 1880 and 1913. Analysis of the parliamentary debates and votes of the period shows that refusal of the polling booth was strongest among the conservative and moderate republican representatives and corresponded both to their party strategies and to their conception of property rights. These notables associated the polling booth with fantasies of social disintegration, the more so since they regarded their election as the natural extension of their social domination. By contrast, the reformers, who supported the polling booth, were endeavouring to impose a legitimate definition of the electoral transaction which corresponded to their own ideas and to their interests as specialized political entrepreneurs, who were more inclined to separate political activity from other social activities because they generally owed their social position to their election. Imposing the use of the polling booth meant not only shielding the voter from pressures, but also imposing a new definition of the voter as an abstract, rational individual, dissociated from his social environment in the performance of a specifically political role. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1988_num_71_1_2405 |