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Titre Le vocabulaire de l'anticléricalisme en France de l'Affaire à la Séparation (1898-1905)
Auteur Jean-Paul Honoré
Mir@bel Revue Mots. Les langages du politique
Numéro no 5, octobre 1982 En hommage à Robert-Léon Wagner
Rubrique / Thématique
I. Lexicologie
Page 69-84
Résumé LE VOCABULAIRE DE L'ANTICLÉRICALISME EN FRANCE, DE L'AFFAIRE DREYFUS À LA SÉPARATION DE L'ÉGLISE ET DE L'ÉTAT 1898-1905 en France : période jalonnée de mots neufs (comme anticléricalsime, combisme, la famille de laïc) ou subitement politisés (comme séparation, congrégation) dans les affrontements sociaux. J.-P.H. fait l'inventaire des principaux aspects de la création morphologique de l'époque, dont l'énorme masse des néologismes à suffixes péjoratifs ou parodiques. Des chaînes de dérivation de pôles productifs: catholiques, chrétien, clérical, jésuite (et prêtre, moine, religieux). Elles rejoignent toute une panoplie de métonymies et de dérivés métonymiques qui subsistent à ces séries désignatives un jeu sur certains (froc, calotte, tonsure, goupillon...) et sur des «modèles» caricaturaux (Tartuffe, Escobar, Loyola, flamidien, capucin...). Des micro-systèmes symboliques accompagnent ces promotions polémiques. Ainsi la couleur noire (les « noirs » sont les prêtres), l' obscurantisme, l'éteignoir s'opposent à la lumière rationaliste et républicaine, alors que de son côté la droite oppose les valeurs chrétiennes aux désignants antisémites et antiprotestants. Les deux systèmes de dénonciation se croisent dans le discours original de la droite dite «révolutionnaire», où la contre-église franc-maçonne est à son tour chargée des mots subis par la congrégation: tartuffes rouges, cléricalisme maçonniques, curés à barbes, jésuites à robe courte... Le petit père Combes n'est-il pas aussi l' Abbé Combes, le défroqué ? Ainsi le discours anticlérical subit la loi de tout discours politique, propre à la création comme à la récupération.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais THE VOCABULARY OF ANTI-CLERICALISM IN FRANCE FROM THE DREYFUS AFFAIR TO THE SEPARATION OF THE CHURCH AND THE STATE. 1898-1905 in France was a period marked with new words (like anticléricalisme, combisme, the word family of laïc) or with words suddenly assuming new political values in social confrontations (like séparation, congrégation). J.-P.H. makes an inventory ot the principal characteristics of the morphological creations in that period, which includes an enormous body of neologisms with pejorative or parodical suffixes. Some derivative strings come from the productive poles: catholique, chrétien, clérical, jésuite (and prêtre, moine, religieux). These strings bring together a whole display of metonymies and metonymical derivatives which are sustitute to the series of designations with a play on a number of specific traits ffroc, calotte, tonsure, goupillon... ) and on some caricatured «models» (Tartuffe, Escobar, Loyola, flamidien, capucin ... ). Symbolic micro-systems accompagny these polemical promotions. Thus the colour black (the «blahs» are the priests), l'obscurantisme, l'éteignoir contrast with the rationalist and républicain lumière, whereas the right wing, for its part, is sit against Christian values making antisemitic and anti-protestant references. The two systems of dénonciation intersect in the discourse of the so called « revolutionary » right wing, where the contre-église freemason is in his turn provided with an abundant stock of words influencing the congregation. These include: tartuffes rouges, cléricalisme maçonnique, curés à barbes, jésuites à robe courte ... Le petit père Combes isn't he also l'Abbé Combes, le défroqué? Thus the anti-clerical discourse is subject to the law governing all political discourse for its creation as well as for its reprocessing.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1982_num_5_1_1075