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Titre Nous, la langue et l'interaction
Auteur Louis Guespin
Mir@bel Revue Mots. Les langages du politique
Numéro no 10, mars 1985 Numéro spécial. Le ~~nous~~ politique
Page 45-62
Résumé NOUS, LA LANGUE ET L'INTERACTION Le pronom nous pose problème à l'analyse du texte politique, par sa capacité d'ambiguïté référentielle et les manœuvres que celle-ci permet ; mais il fournit en même temps des renseignements sur la mise en mots par lui-même du sujet d'énonciation, et, par là, sur le type de texte et sur l'acte de langage performé. A la différence de je, qui donne peu d'information, nous, par la fusion qu'il opère du sujet d'énonciation avec d'autres actants (interlocuteurs ou non), donne d'intéressants renseignements socio-linguistiques. Nous pose problème à l'analyse de discours, en particulier par le fait que plusieurs stratégies descriptives sont possibles : ou l'analyste s'intéresse aux classes d'équivalence dans lesquelles s'insère nous, ou il s'attache, par des transformations, à décomposer la proposition en plusieurs énoncés sous-jacents, l'un ayant pour sujet le sujet d'énonciationje, et l'autre ou les autres les personnes regroupées avec lui en nous par le locuteur. Une étude structurale de nous donne accès aux latitudes d'emploi offertes par la langue. Mais les pratiques langagières détectées sur un corpus politique dépassent ce jeu, et spéculent sur l'interaction verbale. Si l'on cherche une analogie dans l'usage oral, il semble que l'emploi norme de nous tende à dénoter les ensembles institutionnels où s'insère l'énonciateur ; la variante on est préférée pour les regroupements occasionnels, non garantis par des institutions.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais NOUS, LANGUAGE AND VERBAL INTERACTION The pronoun nous (we/us) raises a problem for political text analysis, in that it is referentially ambigous ; on the other hand, it gives the analysts important information about the self-verbalization of the subject of enunciation and, consequently, about the type of text and speech act performed. Unlike je, which provides little, if any, sociolinguistic information, the combination of the subject of enunciation with other actors in a nous provides a great deal of information. Nous raises a problem for discourse analysis in that it allows various descriptive strategies : either the analyst aims to define classes of equivalence in which nous is present, or he prefers to resolve it by means of transformations, in which clauses are broken down into a number of subordinate clauses of which one will have je as the subject of enunciation, and the other or others the persons associated with je in the nous. A structural study of nous gives us an indication of the amount of freedom the norm permits. But speech practices, as observed in a study of a political corpus, go beyond this limited freedom and engage in verbal interaction. If we look at oral usage, nous tends to denote institutional contexts in which the speaker operates ; the oral variant on is prefer ed in a casual group, devoid of institutional legitimacy.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1985_num_10_1_1184