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Titre Une spécialisation impossible - L'émergence et les limites de la médicalisation de la lutte antialcoolique en France (1850-1940)
Auteur Bertrand Dargelos
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 156-157 mars 2005 La spécialisation de la médecine
Rubrique / Thématique
La spécialisation de la médecine XIXe-XXe siècles
Page 52
Résumé La philanthropie dominante, qui s'intéresse à de nombreux «problèmes sociaux» (lutte contre l'enfance abandonnée, contre la mortalité infantile, contre le crime, contre la tuberculose et la syphilis, contre la prostitution, etc.) et qui construit un regard spécifique sur les pauvres depuis le début du XIXe siècle, souhaite également combattre l'alcoolisme par le biais de politiques sanitaires et sociales. L'élaboration de catégories médicales au début des années 1850, centrées sur le cas de l'alcoolisme, rencontre, à partir des années 1870, une large publicité quand celles-ci sont réappropriées par un discours politique préoccupé des conséquences pour la population, et donc pour l'avenir de la « race », des fléaux sociaux. La théorie de la dégénérescence, qui s'élabore dès les années 1850, avec Benedict-Auguste Morel, est réappropriée par les partisans antialcooliques pour élever le fléau de l'alcoolisme au rang de « cause nationale », afin d'y associer l'État. Mais l'intense production discursive sur l'alcool contraste avec la difficulté que la lutte antialcoolique aura à s'inscrire dans des structures spécifiques et pérennes. Les principales raisons de l'échec d'une clinique spécialisée dans la lutte contre l'alcoolisme tiennent dans les transformations qui interviennent dans le champ médical et dans les difficultés économiques liées pour partie à la production viticole, celles-ci freinant l'institutionnalisation d'une « médecine alcoologique » autonome.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The dominant philanthropy, which addresses a number of “social problems” (abandoned children, infant mortality, crime, tuberculosis and syphilis, prostitution, etc.) and which shapes a specific way of looking on the poor from the beginning of the XIXth century on, would like to combat alcoholism as well from the angle of sanitary and social policy. The development of medical categories centred on the case of alcoholism at the beginning of the 1850's became an object of great publicity beginning in the 1870's as these categories were taken over by a political discourse preoccupied with the consequences for the population, and thus for the future of the «race», of the social afflictions. The theory of degeneration, developed in the 1850's with Benedict-Auguste Morel, was taken up by the temperance partisans intent on raising the scourge of alcoholism to the rank of a “national cause” in order to force the State into action. But the plethoric diatribe against alcohol contrasts with the difficulty the antialcoholic struggle will have to become part and parcel of specific and lasting structures. The main reasons for the failure of a specialized clinic in the fight against alcoholism lie in the transformations taking place in the medical field and in the economic difficulties related in part to the production of wine and which tended to go against the institutionalisation of an autonomous branch of “alcohological medicine”.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_156_0052