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Titre Les peuples autochtones du Grand Nord. Entretien avec Boris Chichlo
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1066, mars-avril 2008 Le Grand Nord russe
Page 20-34
Annexes Entretien
Mots-clés (matière)anthropologie communisme éducation ethnologie langue maternelle minorité population société civile tradition
Mots-clés (géographie)Extrême Orient Sibérie U.R.S.S.
Résumé Dans cette interview réalisée début 2008, l'ethnologue et anthropologue d'origine russe Boris Chichlo nous permet de pénétrer un monde largement méconnu : celui des sociétés autochtones du Grand Nord. Il dépeint, avec force de détails concrets, leurs coutumes ancestrales, leur quotidien en butte aux pressions constantes de la civilisation, les ravages de l'acculturation produite par la «soviétisation», puis le passage brutal à l'économie de marché, source d'une précarité accrue. Il nous rappelle les différentes phases qu'ont connues les rapports de ces populations à l'Etat depuis le «Code de gestion des peuples indigènes» adopté en 1822, en passant par la période soviétique et le nouvel ordre instauré en 1990 par le RAIPON, association regroupant les peuples du nord de la Russie, jusqu'à la loi signée en 2001 par Vladimir Poutine. Un texte − dont les décrets d'application ne sont toujours pas parus en 2008 (!) − qui donne aux autochtones priorité pour l'exploitation des ressources renouvelables (pêche et chasse) du territoire sur lequel ils vivent et prévoit le versement en leur faveur de dividendes sur les gains procurés par les richesses du sous-sol. La mise en œuvre effective de cette loi sera sans doute une des batailles que devra livrer le RAIPON, avec l'aide des «cousins» du Canada de l'Alaska et du Groenland, durant la deuxième Décennie internationale des populations autochtones proclamée par l'Onu (2005-2014). Officiellement, ces peuples sont classés en deux catégories en fonction de leur taille : les plus importants numériquement (comme les Sakhas-Yakoutes, les Bouriates) ont leurs propres républiques, tandis que les 41 «petits peuples du Nord», rebaptisés durant la perestroïka des années 1980 «peuples à faibles effectifs» résident dans des arrondissements autonomes portant leurs noms ou dans des entités administratives à l'identité plus hétérogène. Mais dans l'ensemble, constate B. Chichlo, l'amertume s'est installée dans les esprits, tant l'impression «de reculer dans le passé» reste forte.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Indigenous Peoples of the Far North An Interview with Boris Chichlo In this early 2008 interview, the ethnologist and anthropologist of Russian origin, Boris Chichlo, enables us to penetrate a largely unknown world : that of the indigenous societies of the Far North. He presents numerous factual details to depict their ancestral traditions, habits, their daily life while confronting the constant pressures of civilization, the cultural devastation of “sovietization”, followed by a brutal passage to a market economy, a source of increased precariousness. He points out the different phases these people have passed through since government's 1822 Statute of Administration of Non-Russians in Siberia, while touching on the Soviet era, the new order founded in 1990 by RAIPON, an Association of Peoples of the North, up until the law signed in 2001 by Vladimir Putin. This law, whose decrees of application are still not been published in 2008 (!), grants indigenous populations priority on the exploitation renewable resources (fishing and hunting) in their home territories and envisages dividend payments on the profits earned on underground resources. Implementing this law will undoubtedly be one of the battles which the RAIPON will be obliged to fight assisted by their “cousins” in Canada, Alaska and Greenland, during the UN-proclaimed Second International Decade of the World's Indigenous People (2005-2014). Officially, these peoples are classified into two categories according to size: the largest numerically (such as the Sakhas-Yakuts and the Buryats) have their own republics, while the 41 “small people of North”, renamed “numerically small peoples” during the perestroika years of the 1980s, live in autonomous districts bearing their names or in administrative entities with more heterogeneous populations. B. Chichlo notes that overall a certain bitterness has settled over them while the feeling of “returning to the past” remains strong.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_066_0020