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Titre Rendez-vous manqué entre histoire et mémoire. Le camp de concentration de Salaspils en Lettonie
Auteur Bayou Céline, Le Bourhis Eric
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1064, novembre-décembre 2007 Energie et environnement à l'Est
Page 65-76
Annexes Bibliographie, Cartes, Tableaux
Mots-clés (matière)camp de concentration crime contre l'humanité débat deuxième guerre mondiale histoire mémoire
Mots-clés (géographie)Lettonie
Résumé Inauguré durant l'occupation soviétique à l'emplacement d'un camp de concentration nazi, proche de Riga, le Mémorial de Salaspils est un monument historique majeur de Lettonie. Camp de concentration, de travail, de transit, ce fut un lieu d'enfermement et de mort de milliers de personnes (Juifs de toute l'Europe, Lettons, habitants de diverses régions de l'URSS, qu'ils soient prisonniers politiques, travailleurs forcés ou déserteurs...). L'histoire du camp reste néanmoins ambiguë, du fait de ses diverses destinations et appellations par les nazis, de la destruction des archives, mais également des manipulations politiques de l'époque soviétique (mauvaise utilisation des témoignages, culpabilisation à outrance des Lettons considérés comme néo-nazis). Cette mémoire imposée et faussée invite aujourd'hui la Lettonie à réécrire l'histoire du lieu dans le cadre de sa reconstruction identitaire, alimentant ainsi une historiographie déjà largement contradictoire. Or ce processus est parasité par des interventions extérieures, russes en particulier ; le Mémorial ne parvient pas à fédérer la nation entière, que ce soit autour d'une nouvelle dédicace, d'une histoire reconnue ou d'une commémoration explicite. Il est plutôt un lieu de rassemblement en l'honneur des victimes ou encore un site touristique pour certains visiteurs étrangers. Symbole de la difficulté à établir des relations russo-lettones sereines, il est au coeur de polémiques qui opposent les historiens aux défenseurs de la mémoire des victimes, le gouvernement aux médias, etc. Parce qu'en Lettonie le rétablissement de la vérité passe avant tout par la réhabilitation d'une mémoire «nationale» mutilée, cette réécriture de l'histoire ne permet pas directement la réconciliation de mémoires parallèles (en particulier celles des Russes et des Lettons de Lettonie) et illustre les difficultés d'une petite nation à analyser son passé.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais A Lost Occasion between History and Memory Latvia's Salaspils Concentration Camp
Inaugurated during the Soviet occupation at a Nazi concentration camp site near Riga, the Salaspils Memorial is a major historic monument in Latvia. Concentration camp, work camp, transit camp, it was a place of internment and death for thousands of persons (Jews from all over Europe, Latvians, inhabitants of various areas of the USSR, whether these be political prisoners, forced laborers or deserters, etc.). The history of the camp remains nevertheless ambiguous, because of the various destinations and names given it by the Nazis, the destruction of archives, as well as political manipulation during the Soviet era (misuse of testimonies, inordinate attribution of guilt to Latvians considered to be neo- Nazis). This enforced and distorted memory has encouraged today's Latvians to rewrite a history of this site as part of their identity building, further contributing to an already contradictory historiography. However, outside involvement, particularly Russian, is feeding into this ; the Memorial has not been able to unify the Nation, be it around a new consecration, an accepted history or a clear commemoration. It is more a gathering place for honouring the victims or a tourist site for some foreign visitors. A symbol of the difficulty in establishing serene Russo-Latvian relations, it is at the center of a polemic which opposes historians to defenders of victims' memory, the government to the media, etc. Because in Latvia the re-establishment of truth must above all pass through the rehabilitation of a mutilated “national” memory, this rewriting of history does not permit the direct reconciliation of parallel memories (in Latvia, those of the Russians and Latvians in particular) and illustrates the difficulties facing a small nation when endeavouring to analyse its past.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_076_0065