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Titre Les stratégies d'internationalisation de Gazprom
Auteur Locatelli Catherine
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1061, mai-juin 2007 La Russie dans la mondialisation
Page 32-46
Annexes Bibliographie, Tableaux
Mots-clés (matière)compagnie pétrolière entreprise multinationale exportation gaz investissement étranger production énergétique réseau de transport réserves énergétiques
Mots-clés (géographie)Russie
Résumé Avec en perspective l'insertion du pays dans l'économie mondiale, la plus grande entreprise russe, toujours majoritairement publique, Gazprom, met en œuvre une stratégie d'internationalisation selon trois grands axes, V. Poutine affirmant sa volonté d'utiliser l'«arme du gaz», et plus généralement des hydrocarbures, pour permettre à la Russie de retrouver son statut de grande puissance. En premier lieu, Gazprom cherche à diversifier ses marchés d'exportation en prenant pied aux Etats-Unis et en Asie, tout en consolidant ses positions dans l'Union européenne, qui reste le premier de ses débouchés, notamment avec l'ouverture de nouvelles voies d'acheminement. Ensuite, le monopole gazier s'emploie, depuis une dizaine d'années, à prendre des participations dans un certain nombre d'entreprises importantes de transport et de distribution du gaz, voire dans des centrales électriques, des pays de l'UE, de l'ex-URSS et de l'ex-CAEM ; il a ainsi pour objectifs, non seulement de conforter et sécuriser son implantation, mais aussi, en ayant un accès direct aux consommateurs finaux, de récupérer une partie de la rente gazière. Enfin, il est impératif pour Gazprom d'élargir la base de ses réserves, situées aujourd'hui pour l'essentiel en Russie ; d'où de nombreux accords de partage de production conclus avec les Etats d'Asie centrale possédant du gaz. Toutefois, divers facteurs, tant extérieurs qu'intérieurs, risquent d'entraver les visées de Gazprom. Ainsi, la libéralisation du marché européen de l'énergie, en ouvrant la porte à la concurrence, peut mettre à mal la compétitivité de son offre, alors même que ses coûts de production ont de fortes chances d'augmenter en raison de l'épuisement de ses réserves les plus accessibles. A cet égard, la compagnie ne semble pas prête à effectuer des investissements très lourds dans le développement de nouveaux gisements, tous situés dans des régions de plus en plus lointaines et inhospitalières et pourrait envisager une croissance plus lente de sa production de façon à «économiser» ses réserves. Mais reste l'inconnue de l'arbitrage entre l'approvisionnement du marché intérieur et l'exportation, qui dépend des prix domestiques, et donc d'une décision éminemment politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Gazprom's Globalization Policies With prospects of its integration into the global economy, Russia's largest, still mainly publicly-owned company, Gazprom is implementing a three-tiered internationalization policy, as V. Putin affirms his desire to employ the “gas weapon” including more generally oil, to enable Russia to regain its great power status. First of all, Gazprom is seeking to diversify its export markets by gaining footholds in the United States and Asia and by consolidating its position in the European Union, which remains its first market, in particular through the opening of new transport routes. Over the last ten years, the gas monopoly has been acquiring shares in some large gas transport and distribution companies as well as in power plants in the EU, the former USSR and the ex-COMECON countries; it is thus aiming not only to strengthen and secure its own infrastructure but to regain a share of gas revenues through direct access to end consumers. Lastly, Gazprom must broaden its reserves base for the most part located in Russia, which is the reason for numerous production agreements with Central Asian gas producers. Many external as well as domestic factors are, however, likely to block Gazprom's projects. The liberalization of the European energy market which provides an open door for competitors could compromise its sales competitiveness, while, concurrently, production costs are likely to increase with the exhaustion of its most accessible reserves. In this respect, the company does not seem prepared to invest heavily in developing new fields, all located in increasingly remote and inhospitable areas, and could slow down production in order to “save” its reserves. The unknown factor remains the balance between internal market supply and exports, on which domestic prices depend, which will, thus, be a political decision.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_073_0032