Titre | Les mouvements extrémistes en Russie | |
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Auteur | Duquenne Henri | |
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est | |
Numéro | no 1060, mars-avril 2007 Les politiques d'immigration à l'Est | |
Page | 70-86 | |
Annexes | Chronologie, Tableaux | |
Mots-clés (matière) | antisémitisme extrême droite extrémisme fascisme idéologie militantisme mouvement politique nationalisme propagande racisme violence | |
Mots-clés (géographie) | Russie | |
Résumé |
Malgré l'existence des Centuries
noires, responsables de 700
pogroms anti-juifs en 1905-1906, les positions ouvertement
pro-nazies de certains cercles
d'émigrés russes, ou encore le
mouvement nationaliste et antisémite Pamiat (Mémoire) des
années Gorbatchev, la Russie n'a
pas, historiquement, de véritable
tradition fascisante nationale.
Les diverses tentatives pour
implanter un mouvement extrémiste de masse ont échoué, ne
recueillant l'adhésion que d'une
minorité. Dans le contexte particulier de l'effondrement de
l'empire soviétique, vécu comme
une tragédie, des mouvements
extrémistes organisés ou des
groupuscules vont se revendiquer de l'idéologie nazie,
national-bolchevique ou encore
eurasiste, tout en se militarisant
et en passant à l'acte contre les
non-Slaves, sous l'œil souvent
bienveillant des médias, évoquant la menace de colonisation
du territoire par les Caucasiens,
Asiatiques ou Musulmans, etc.
Cette tendance est favorisée par
la banalisation du discours nationaliste, commun à l'ensemble
des grandes formations politiques. Ces mouvements ont par
ailleurs infiltré les structures étatiques, notamment celles de
force (Défense, Intérieur et
Sécurité), expliquant l'apparente
facilité avec laquelle ils s'arment
et s'entraînent dans des camps.
La faiblesse de la répression
policière et judiciaire donne
l'impression qu'il est aujourd'hui possible d'inciter à la
haine raciale et de traduire ses
idées en actes, dans une quasi-impunité. La réponse des autorités
aux émeutes raciales contre des
Tchétchènes, dans une ville du
nord de la Russie, impulsées par
le Mouvement contre l'immigration illégale, fut ainsi d'interdire
tout simplement, sur tout le territoire russe, aux étrangers (Caucasiens notamment) de vendre sur
les marchés, alors qu'ils y
étaient jusque-là nettement les
plus nombreux. Les cibles des
extrémistes (des skinheads en
particulier) sont aussi plus largement les démocrates et les libéraux, dits ennemis de la nation,
la liste de ceux désignés comme
«à abattre» figurant sur internet.
Néanmoins, le Parti national-bolchevique, spécialiste des opérations hostiles à V. Poutine, aux
représentants de l'autorité ou
aux oligarques, et dont de nombreux militants sont en prison,
est, lui, officiellement interdit,
parce qu'il menace l'autorité de
l'Etat... Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Extremist Movements
in Russia
Despite the Black Hundreds
which carried out 700 anti-Jewish pogroms in 1905-1906,
the openly pro-Nazi stance of
some Russian émigré circles, the
nationalist movement and the
antisemitic Pamiat (Memory) of
the Gorbachev years, historically
Russia does not have a real
national proto-fascist tradition.
Various attempts to establish a
mass extremist movement have
failed, attracting only a minority.
Within the context of the collapse of the Soviet empire, experienced as a tragedy, organized
extremist movements or groups
have endeavoured to espouse a
Nazi, national Bolshevik or
Eurasist ideology, becoming
militarized or going so far as to
attack non-Slaves, and evoking
the threat of territorial colonization by Caucasians, Asians or
Moslems, etc., often under the
benevolent eye of the media.
This tendency is aided by the
generalization of nationalist discourse across the political spectrum. These movements have
also infiltrated state structures,
including, in particular, the
Defense, Interior and Security
ministries which explains the
relative ease with which they
arm themselves and train in
camps. Weak police and judicial
control gives the impression that
it is now possible to incite racial
hatred and to transform these
ideas into acts with near
impunity. Official response to
race riots, set off by the
Movement against Illegal Immigration, against Chechens in a
city in Russia's north, was simply
a nation-wide ban on foreigners
(Caucasians in particular) selling
in markets where they previously
constituted a large majority.
Extremist targets (skinheads in
particular) extend more generally to democrats and the liberals, considered to be enemies of
the state, with a list of those “to
be culled”, on the internet.
However, the National-Bolshevik
Party which specializes in
actions adverse to V. Putin, the
authorities and the oligarchs,
with many militants in prison, is
officially banned as a threat to
the state authority... Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_072_0070 |