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Titre Ukraine . Enjeux du débat sur le statut de la langue russe
Auteur Bonnard Pascal
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1060, mars-avril 2007 Les politiques d'immigration à l'Est
Page 87-98
Annexes Bibliographie
Mots-clés (matière)identité culturelle identité nationale langue légitimité nation pouvoir politique
Mots-clés (géographie)Russie Ukraine
Résumé Des régions et assemblées municipales du Sud et de l'Est de l'Ukraine, où résident en majorité des russophones, ont accordé symboliquement début 2006 à la langue russe le statut de langue régionale, voire de seconde langue d'Etat, suscitant de vifs débats au sein de la classe politique, qui n'a pas manqué en cette période électorale, d'instrumentaliser le thème du statut du russe, que ce soit pour lui en donner un ou le lui dénier farouchement. Si l'ukrainien est bien la seule langue officielle, juridiquement, seul le Parlement peut décider de faire du russe une langue d'Etat, mais encore faudrait-il que les députés votent en ce sens à la majorité qualifiée, hypothèse improbable, mais qui ne manque pas d'être évoquée, telle une menace, notamment par le Parti des régions, dit pro-russe. La situation est paradoxale à maints égards : le russe reste la langue de toute l'activité économique et des médias privés, est largement utilisé dans la vie quotidienne, au moins dans certaines régions, et demeure un vecteur de communication entre diverses communautés linguistiques, mais le scandale éclate quand un ministre s'adresse en russe aux députés de la Rada... C'est en fait toute la définition de la nation ukrainienne et de son intégrité qui est en jeu, les défenseurs de la langue d'Etat ne manquant pas de rappeler que le russe fut imposé au pays par Moscou, à l'époque soviétique, l'autre camp récusant bien sûr ce jugement. Le constat du décalage entre le caractère souvent très radical des prises de position tant en faveur du russe que de l'ukrainien et la timidité des mesures effectivement prises en général invitent à examiner comment la question linguistique s'inscrit dans la conjoncture politique et représente un enjeu et un outil dans les luttes pour le pouvoir, ainsi que dans les relations avec Moscou.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Ukraine The Issues in the Russian Language Debate In early 2006, regions and municipal assemblies in the south and east of the Ukraine, where a Russian speaking majority resides, granted the Russian language the symbolic status of a regional, or even second official language, giving rise to sharp debates within the political community, which did not refrain from making the status of Russian, either pro or ferociously con, an election issue. While Ukrainian is the only official language, only an act of parliament can legally make Russian an official language, which would require a majority vote in favour, an improbable assumption, but often evoked, or even threatened, in particular by the pro-Russian Party of Regions. The situation is paradoxical in many respects : Russian, which remains the language of business and the private media, is widely used on a day-to-day basis, at least in certain regions, and is still the lingua franca between different language communities, but causes an uproar when a minister uses it to address the Rada. In fact, it is the identity and integrity of the Ukrainian nation which is at stake and defenders of the official language do not refrain from reminding that Russian was imposed on the country by Moscow during the Soviet period, while the opposing camp, of course, challenges this position. In light of the gap between the often very radical stances taken in favour of Russian or Ukrainian and the general weakness of measures actually adopted, the language question must be examined in relation to the political and economic situation, and as to how it has become an issue and tool in power struggles, as well as in relations with Moscow.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_072_0087