Titre | Russie 2006. Entre dérive politique et succès économiques | |
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Auteur | Daucé Françoise, Walter Gilles | |
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est | |
Numéro | no 1059, janvier-février 2007 La Russie et les autres pays de la CEI en 2006 | |
Page | 6-29 | |
Annexes | Bibliographie, Chronologie, Tableaux | |
Mots-clés (matière) | croissance économique diplomatie gaz gouvernement pétrole politique économique pouvoir politique racisme relations économiques relations extérieures situation économique situation politique situation sociale violence xénophobie | |
Mots-clés (géographie) | France Russie | |
Mots-clés (anthropo) | Poutine (Vladimir) | |
Résumé |
Si les assassinats de personnalités, dont celui de la journaliste
Anna Politkovskaïa qui a particulièrement frappé les esprits,
notamment dans les pays occidentaux, ont été nombreux en
2006, ils ne doivent pas occulter
les actes de violence quasi quotidiens à l'encontre d'Africains,
d'Asiatiques et, surtout, de
Caucasiens, qui firent une quarantaine de morts et bien des
blessés. Face à cette montée
inquiétante de la barbarie, la
mollesse de la réaction de la
société civile et, plus encore des
autorités, en dit long sur la
dérive politique que connaît le
pays. Certes, le pouvoir ne peut
être tenu pour directement
responsable du développement
des mouvements xénophobes,
mais il favorise manifestement
la diffusion d'une idéologie
patriotique aux relents nationalistes qui, de fait, sous-tend un
certain nombre de mesures prises
à l'encontre des étrangers, même
quand ils sont citoyens de l'une
des ex-républiques soviétiques.
Outre la préférence nationale,
le nouveau concept de «démocratie souveraine», que cherchent
à accréditer des proches de
V. Poutine, légitime l'adoption
de nouvelles restrictions au
pluralisme politique, avec une
réorganisation des systèmes électoral et partisan, ainsi qu'avec la
«normalisation» de la situation
en Tchétchénie, qui passe par des
alliances contestables. Une telle
évolution est, certes, critiquée
sur la scène internationale, mais
généralement du bout des lèvres,
par des Etats dont les intérêts
réclament une bonne entente avec
la Russie. Cette dernière l'a
d'ailleurs bien compris, qui fait
des hydrocarbures qu'elle possède en abondance une arme de
sa diplomatie, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur de sa zone
d'influence. Plus généralement,
la bonne santé de son économie
conduit à passer sur ses écarts à
l'égard de la démocratie. Avec
une croissance de 6,8 % sur les
dix premiers mois de 2006 et
des «excédents jumeaux», de 8,6%
du PIB (en janvier-octobre) pour
le budget fédéral et de 10% pour
la balance des transactions
courantes, elle dispose en effet
d'atouts incontestables sur les
marchés mondiaux. Mais le
modèle rentier, qui a fait la
preuve de son efficacité dans ce
pays, semble être aujourd'hui à
bout de course. Le défi est donc
lancé aux autorités d'en concevoir un nouveau, s'appuyant,
cette fois-ci, sur la demande
intérieure, mais néanmoins à
même de continuer à assurer une
croissance forte et durable. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Russia
Between Political Drift
and Economic Success
While the assassination of
known persons, such as the
journalist Anna Politkovskaya
which came as a shock for many,
particularly in the West, were
numerous in 2006, they should
not obfuscate the daily acts of
violence against Africans, Asians
and, especially, Caucasians,
which accounts for forty dead
and many casualties. The laxity
of civil society and, to a greater
degree, the government with
regard to this rise in barbarism,
says a great deal about the political drift which this country is
experiencing. Admittedly, the
government cannot be held
directly responsible for the
development of xenophobic
movements, but it is obviously
aiding a patriotic ideology with
nationalist overtones which, in
effect, underlies the measures
taken against foreigners, even if
these be citizens of a former
Soviet republic. In addition to
national preferences, the new
concept of “sovereign democracy” countenanced by some of
V. Putin's close relations lends
legitimacy to the adoption of
new restrictions on political
pluralism, with a reorganization
of the electoral and partisan systems, as well as a “normalization” of the Chechen situation,
through suspect alliances. Such
developments are, of course,
encountering international criticism, albeit discreetly by countries whose interests require
maintaining good relations with
Russia. The latter, with its abundance of oil, has well understood
this weapon of diplomacy within
and outside its sphere of influence.
More generally, with a sound
economy, its disregard for democracy tends to be ignored. With
6.8 % growth over the first ten
months of 2006 and its “twin
surpluses”, a federal budget
surplus at 8,6 % of the GDP and
a 10 % surplus in current transactions, it enjoys irrefutable
advantages in the world market.
However, the rentier model,
which demonstrated its effectiveness in this country, now
seems to be coming to an end.
The government now faces the
challenge of finding a new one,
this time based on domestic
demand while ensuring strong
and sustainable growth. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_071_0006 |