Titre | Le théâtre en Biélorussie. L'officiel et le dissident | |
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Auteur | Symaniec Virginie | |
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est | |
Numéro | no 1058, novembre-décembre 2006 Itinéraires culturels à l'Est | |
Page | 47-55 | |
Mots-clés (géographie) | Biélorussie | |
Mots-clés (matière) | création artistique idéologie politique culturelle résistance théâtre | |
Résumé |
Au cours des années qui ont
suivi l'indépendance, le monde
du théâtre chercha certes ses
repères, notamment en faisant
resurgir un passé et des traditions
de jeu et de mise en scène longtemps occultés, mais tout était
possible. L'élection en 1994 de
Alexandre Loukachenka à la
présidence signifia le retour de
l'autoritarisme et de la censure,
le recours aux agressions physiques et aux licenciements brutaux des acteurs. Mission fut
assignée aux artistes et intellectuels de se soumettre à la nouvelle idéologie nationale, taillée
sur mesure pour les Biélorussiens, par le Président en personne.
Fondée sur le concept étrange
d'ethnos, datant du XIXe siècle,
son but est le nivellement de la
pensée, afin d'imposer un
consensus général, allant naturellement de soi. Cette tendance
ne s'est pas démentie, bien au
contraire, au cours de son
deuxième mandat (2001-2006) et
se poursuit malgré les condamnations internationales depuis sa
réélection en mars. En poussant
les récalcitrants à la marginalisation ou à l'exil, l'Etat a en réalité
produit des formes d'opposition,
de mieux en mieux organisées et
solidaires, jouant de toutes les
connivences possibles entre les
pratiques de chacun, et une économie de la culture parallèle à
celle des institutions étatiques.
Mais alors que ces dernières sont
plus ou moins désertées par le
public et que même les acteurs
salariés de l'Etat montrent eux-mêmes peu de zèle, est ainsi né
un théâtre dissident, favorisé de
plus par les nouvelles technologies (le public est prévenu
par SMS ou Internet du lieu et
de l'heure des représentations
quelques heures avant seulement, afin d'éviter les descentes
de la police). Reste posée la
question de savoir dans quelle
mesure l'Etat loukachenkien
peut avoir réellement prise sur ce
champ culturel alternatif qu'il
a lui-même contribué à faire
émerger. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The Theatre
in Belarus
The State Run
and the Dissident
During the years following independence, the theatre world did
try to find its bearings, in particular by returning to a long suppressed acting and directing
tradition, but there was hope.
The 1994 election of Alexander
Lukashenka to the presidency
brought about a return to authoritarianism and censorship, and,
for actors, a recourse to physical
aggression and brutal redundancies. Artists and intellectuals were
obliged to accept the new national
ideology, made to measure for
the Belarussians by the President
himself. Based on a strange nineteenth century concept of ethnos,
it aims at imposing an ideational
levelling, which would inevitably create a general consensus.
This trend was not abandoned,
quite on the contrary, during his
second term (2001-2006) and
has continued despite international condemnation since his
March re-election. By marginalizing or forcing resistors into
exile, the State has actually created
varying forms of opposition,
increasingly organized and united,
and led to a cultural economy
parallel to official institutions.
As the latter was more or less
abandoned by the public with
even state-paid actors showing
little enthusiasm, these gave rise
to the dissident theatre, aided
and abetted by new technologies
(the public is informed by SMS
or Internet as to the venue and
time of the play just a few hours
before to avoid police raids).
The hold that the Lukashenka
state can have on alternative culture, to whose emergence it has
contributed, remains to be seen. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_058_0047 |