Contenu du sommaire : Itinéraires culturels à l'Est

Revue Le Courrier des Pays de l'Est Mir@bel
Numéro no 1058, novembre-décembre 2006
Titre du numéro Itinéraires culturels à l'Est
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'empreinte du politique. Avant-propos - p. 3 accès libre
  • Regards sur l'expression artistique à l'Est - Autissier Anne-Marie p. 4-8 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La création artistique à l'Est fait preuve d'un dynamisme certain, malgré des budgets nationaux très contraints, qui laissent peu de marge pour encourager des initiatives artistiques innovantes, d'autant que les politiques culturelles, dans un souci d'affichage et de reconquête d'identité, privilégient la valorisation du patrimoine national et les répertoires traditionnels. Portant sur des sociétés traumatisées ou par la guerre et/ou par des bouleversements économiques et sociaux fondamentaux, un regard critique, parfois même corrosif, artistes et producteurs se sont inscrits avec une rapidité étonnante dans des réseaux culturels européens qui permettent, à défaut d'une mutualisation efficace des moyens, une meilleure connaissance et une meilleure circulation de leurs productions. L'intégration dans l'Union européenne, outre la transposition de directives communautaires souvent bien accueillies, mais qui tardent encore à se concrétiser (droits d'auteur, télédiffusion, etc.) se traduit évidemment par la participation à des programmes (Culture 2000, Média+, outre les activités déployées par la Fondation européenne de la Culture) dont l'envergure toute relative témoigne a contrario de l'absence, pour l'heure, d'une stratégie culturelle ambitieuse à l'échelle européenne.
    A View on Artistic Expression in the East Artistic creation in the East is unquestionably dynamic despite limited national budgets which leave little room for encouraging innovative artistic initiatives, all the more so as cultural policies, preoccupied with manifesting and re-conquering identity, privilege the national heritage and traditional repertories. With a critical, sometimes even corrosive perspective on societies traumatized by war and/or vast economic and social upheavals, artists and producers entered with astonishing ease into European cultural networks, which provide them, in the absence of an effective distribution of resources, with improved exposure and better distribution for their output. Integration into the European Union, while transposing well-accepted but still slow to realize Community directives (royalties, broadcasting, etc.) has, of course, also led to participation in relatively modest programs (Culture 2000, Media+, as well as the activities of the European Cultural Foundation) which demonstrates, on the contrary, the current lack of an ambitious European scale cultural strategy.
  • La peinture contemporaine est-européenne. Le clair-obscur - Vargin Olivier p. 9-17 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La peinture est-européenne, libérée de l'oppression de la période communiste, connaît un essor sans précédent, en adoptant la forme mystérieuse du clair-obscur, qui reflète bien le contexte politique, économique et socio-culturel qui prévaut en Europe centrale depuis la chute du mur de Berlin. Très hétérogène sur le plan esthétique, elle a recouvré à la fois son exigence du temps (avec une aptitude à capter l'éphémère) et le souci de la réalité ordinaire (rendant idéaux des sujets triviaux). Soucieuse de se préserver de toute tentation politique, elle se divise cependant entre engagement, témoignage et désaffection. Après la disparition des institutions académiques, est apparu un réseau de galeries privées, avec la formation d'un véritable marché de l'art, mais encore peu intégré au marché international, sur lequel les peintres de l'Est ont des cotes encore très faibles. Le mécénat temporaire de l'Open Society Institute (Fondation Soros) a accompagné ces changements, permettant la création de dix-sept centres d'art contemporain, devenus indépendants et bénéficiant entre autres de la politique culturelle de l'Union européenne. Les peintres ne sont toutefois pas plus épargnés par la précarité que le reste de la population et la plupart d'entre eux, qui bénéficiaient sous le régime socialiste d'un revenu minimum et de garanties sociales, sont à présent contraints d'exercer une seconde activité. En outre, si le vœu le plus cher d'un grand nombre d'artistes demeure l'intégration au marché de la peinture, celle-ci ne doit pas se faire au détriment de la création et de leur identité.
    Contemporary East European Painting Chiaroscuro Released from the oppression of the Communist period, Eastern European painting is making unprecedented strides by adopting the mysterious technique of chiaroscuro which reflects the political, economic and socio-cultural context prevailing in Central Europe since the fall of the Berlin wall. Aesthetically very heterogeneous, it deals both with temporal aspects (a capacity for capturing the ephemeral) and the concerns of day-to-day reality (idealizing trivial subjects). Careful to resist political temptation, it, does, however, differentiate between engagement, testimony and disaffection. Once the academic institutions no longer existed, a network of private galleries appeared with the emergence of a real art market, albeit little integrated into the international market where Eastern European painters are still not highly regarded. These changes were accompanied by the temporary patronage of the Open Society Institute (Soros Foundation) with the creation of seventeen contemporary art centers, now independent and benefiting inter alia from the European Union's cultural program. Painters are not spared the precarity confronting the rest of the population, and most, who were assured a minimum income and social protection under the socialist system, must now hold a second job. While the most cherished hope of many artists is still to integrate into the painting market, this must not occur to the detriment of their creativity and identity.
  • Le cinéma à l'Est - Feigelson Kristian p. 18-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Après avoir payé un lourd tribut à la transition économique (disparition des studios de production, des puissantes structures étatiques, dérégulation, billets trop chers...), le cinéma saura-t-il maintenant faire face aux nouvelles technologies, plus ou moins imposées par des multinationales soucieuses de vendre des produits (DVD, téléchargement, video on demand (VOD), téléphonie mobile, câblo-opérateurs, etc.) et non plus de remplir des salles. On note par ailleurs dans toute l'Europe une baisse de la fréquentation, − «l'effet multiplexes» s'est tari à l'Ouest, pas encore à l'Est − à l'exception de la Russie, et surtout de celles qui programment des films européens, dont la distribution est rendue difficile par la prégnance des blockbusters américains. Si les nouveaux Etats membres de l'UE, qui a souscrit au principe de l'exception culturelle, mais sans faire preuve de beaucoup de conviction, comptent sur les programmes européens de soutien à la production et à la distribution, comme Média, dans un esprit de facilitation de la création d'œuvres cinématographiques et non d'entreprises, les politiques publiques nationales (subventions directes, création de fonds abondés par des taxes sur les activités de la filière...) sont timides ou insuffisantes, malgré la pression des professionnels, qui peinent de leur côté à faire face à la concurrence, malgré le système des coproductions. Quant aux chaines de télévision, publiques ou privées, elles ne sont guère venues jusque-là appuyer la création cinématographique.
    The Eastern European Cinema Fragmented Public Policies After having paid a heavy toll during the economic transition (the disappearance of production studios and powerful state systems, deregulation, prohibitive ticket pricing, etc.), it is now a question as to whether the cinema will be able to cope with the new technologies, more or less imposed by multinationals hoping to sell products (DVD, downloading, Video on demand (VOD), mobile telephony, cable operators, etc.) as well as to fill the theatres. There has been a decline in audiences throughout Europe (with the exception of Russia) − the multiplex phenomenon has ended in the West although not, in the East − particularly in theatres hosting European films whose distribution has been hindered by the predominance of American blockbusters. While the new EU member states (Brussels, albeit without expressing much conviction, adhered to the cultural exception principle) are counting on European production and distribution support programmes, such as Media, aimed at promoting cinematographic work but not, strictly speaking, companies, national public policies (direct subsidies, creation of funds increased by taxing activities within the sector, etc.), are hesitant or insufficient, despite pressure from the professionals, who, even with the coproduction system, are finding it difficult to meet the competition. Up to now, public and private television stations have not lent much support to cinematographic creation.
  • Ex-Yougoslavie. La littérature face à l'éclatement..et après - Madelain Anne p. 29-35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Comment réagir face à la guerre, la violence et l'effondrement des repères mentaux et culturels qu'ont connus et connaissent encore les peuples ex-yougoslaves ? Si l'écrivain reste rarement en dehors de l'Histoire, des vocations naissent pour arriver à survivre. Dans les deux cas, il s'agit impérativement de consigner l'évènement, souvent dans des genres littéraires précis, comme le journal intime ou la lettre ouverte. Passé ce stade, en ex-Yougoslavie, la littérature est devenue un enjeu politique, en entrant dans les débats sur la légitimité historique des peuples, l'incompatibilité de leurs mémoires ou sur le «nombre» de langues... Des hommes politiques appellent les écrivains à la rescousse, chargés alors de répandre le genre épique et avec «le devoir d'écrire pour la patrie». Mais des voix a-nationales surgissent : écrivains marginalisés ou contraints à l'exil, ou s'accrochant désespérément à la mémoire d'une «langue commune» (le serbo-croate, qui se décline désormais en trois langues) dont on tente de les priver. C'est justement autour de la langue que s'est opérée la fracture intergénérationnelle, avec l'apparition depuis 2000 de nouveaux prosateurs, poètes et dramaturges, soutenus par diverses initiatives. Celles-ci, qu'elles soient privées, locales, régionales ou internationales visent la reconstruction d'institutions culturelles, autrefois subventionnées, ravagées par les années de conflits, puis à peine renaissantes, mises au service de dogmes nationalistes. La «normalisation» culturelle sera longue, tant la multiplication des nouvelles frontières en freine la progression, favorisant les replis identitaires. Mais face à ces tendances lourdes, émergent des auteurs ne revendiquant aucune appartenance, sinon le droit de s'exprimer avant tout en tant qu'individu, en toute subjectivité.
    Ex-Yugoslavia Literature Confronting the Break Up... and After How to react to the war, violence and the collapse of psychological and cultural references which the peoples of the ex-Yugoslavia have experienced and are continuing to experience ? While writers rarely remain disconnected from history, survival vocations are born. In both cases, it becomes imperative to record the event, often using special literary genres, such as the diary or open letter. This stage past, literature in the ex-Yugoslavia has entered the political arena, participating in the debate on the historical legitimacy of peoples, their diverging memories or the “number” of languages, etc. Politicians are calling writers to the rescue, charging them to spread the epic genre and their “duty to write for the fatherland”. A-national voices are emerging from marginalized or exiled writers, or those who, amidst attempts to deprive them, cling hopelessly to the memory of a “common language” (Serbo-Croatian is now divided into three languages). Since 2000, the rupture between the generations has centered precisely on language with the appearance of new prose writers, poets and playwrights, supported by various initiatives. These, whether private, local, regional or international, aim at the rebuilding of formerly subsidized cultural institutions, devastated by the years of conflict, which, when barely resurfacing, were put into the service of nationalist dogmas. The return to cultural normalcy will take time in so far as the multiplication of new borders is slowing progress, encouraging a withdrawal into national identities. Despite these difficult trends, new unpartisan authors are emerging, demanding only to express themselves above all as individuals in all their subjectivity.
  • Le rock russe. Conquérir une liberté intérieure - Bayou Céline p. 36-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Apparu en Union soviétique dès les années 1960, le rock a d'abord été assimilé à une contre-culture décadente par les tenants de l'idéologie officielle et, partant, à l'expression, de la part de ses amateurs, d'une résistance au régime. Pourtant, les premiers groupes de rock soviétiques ont plus traduit une opposition de forme (l'esthétique rock) que de fond (des paroles contestataires). En effet, ce style musical n'a pas été un outil de dissidence, mais s'est toujours situé en marge d'un réel engagement politique. Il en va de même aujourd'hui : observateurs attentifs de leur environnement, les musiciens de rock russes le décrivent avec un humour parfois cynique, mais se gardent de vouloir jouer le rôle de contre-pouvoir. Poètes avant que politiques, ils ne situent pas la rébellion de l'esprit rock dans l'opposition à un régime qu'ils apprécient peut-être peu, mais dont ils ne se sentent pas mission d'orchestrer la critique. Leur posture, reflet d'une société en mutation, en dit pourtant long. Que ce soit dans leurs choix de commercialisation de la musique, dans les thématiques abordées par leurs textes ou dans le style musical adopté, les rockers offrent une palette intéressante de créations, qui révèlent à la fois une rupture et un héritage : le rock n'a plus mission de proposer une évasion hors d'un contexte pesant comme c'était le cas jusqu'à la fin de l'URSS, mais il s'inscrit toujours dans une tradition poétique visant plus à trouver une liberté intérieure qu'à provoquer une révolution.
    Russian Rock The Search for Internal Freedom Appearing in the Soviet Union as early as the 1960s, rock was initially considered to be part of a decadent counter-culture by the official ideology, and thus came to signify resistance to the regime for its amateurs. The first Soviet rock groups expressed this by opposing form (the aesthetics of rock), rather than through content (protest lyrics). This style of music was not at the service of dissidence but was always on the sidelines of real political engagement. It is the same today : attentive observers of their surroundings, Russian rock musicians sometimes describe them with cynical humour, while careful not to assume the role of a counter-force. Poets before politicians, they do not feel that the rebellious spirit of rock lies in opposing a regime for which, while they may not appreciate it, they do not feel the need to take the lead in criticizing. However, their stance, which reflects a society in transition, speaks for itself. In their choice of marketing channels, the subject of their lyrics, or in the musical style they have chosen, the rockers provide an interesting palette of creation which reveals both rupture and legacy : the role of rock is no longer to provide an escape from an oppressive environment as it was up until the collapse of the USSR, but rather part of a poetic tradition aimed more at finding internal freedom than to start a revolution.
  • Le théâtre en Biélorussie. L'officiel et le dissident - Symaniec Virginie p. 47-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Au cours des années qui ont suivi l'indépendance, le monde du théâtre chercha certes ses repères, notamment en faisant resurgir un passé et des traditions de jeu et de mise en scène longtemps occultés, mais tout était possible. L'élection en 1994 de Alexandre Loukachenka à la présidence signifia le retour de l'autoritarisme et de la censure, le recours aux agressions physiques et aux licenciements brutaux des acteurs. Mission fut assignée aux artistes et intellectuels de se soumettre à la nouvelle idéologie nationale, taillée sur mesure pour les Biélorussiens, par le Président en personne. Fondée sur le concept étrange d'ethnos, datant du XIXe siècle, son but est le nivellement de la pensée, afin d'imposer un consensus général, allant naturellement de soi. Cette tendance ne s'est pas démentie, bien au contraire, au cours de son deuxième mandat (2001-2006) et se poursuit malgré les condamnations internationales depuis sa réélection en mars. En poussant les récalcitrants à la marginalisation ou à l'exil, l'Etat a en réalité produit des formes d'opposition, de mieux en mieux organisées et solidaires, jouant de toutes les connivences possibles entre les pratiques de chacun, et une économie de la culture parallèle à celle des institutions étatiques. Mais alors que ces dernières sont plus ou moins désertées par le public et que même les acteurs salariés de l'Etat montrent eux-mêmes peu de zèle, est ainsi né un théâtre dissident, favorisé de plus par les nouvelles technologies (le public est prévenu par SMS ou Internet du lieu et de l'heure des représentations quelques heures avant seulement, afin d'éviter les descentes de la police). Reste posée la question de savoir dans quelle mesure l'Etat loukachenkien peut avoir réellement prise sur ce champ culturel alternatif qu'il a lui-même contribué à faire émerger.
    The Theatre in Belarus The State Run and the Dissident During the years following independence, the theatre world did try to find its bearings, in particular by returning to a long suppressed acting and directing tradition, but there was hope. The 1994 election of Alexander Lukashenka to the presidency brought about a return to authoritarianism and censorship, and, for actors, a recourse to physical aggression and brutal redundancies. Artists and intellectuals were obliged to accept the new national ideology, made to measure for the Belarussians by the President himself. Based on a strange nineteenth century concept of ethnos, it aims at imposing an ideational levelling, which would inevitably create a general consensus. This trend was not abandoned, quite on the contrary, during his second term (2001-2006) and has continued despite international condemnation since his March re-election. By marginalizing or forcing resistors into exile, the State has actually created varying forms of opposition, increasingly organized and united, and led to a cultural economy parallel to official institutions. As the latter was more or less abandoned by the public with even state-paid actors showing little enthusiasm, these gave rise to the dissident theatre, aided and abetted by new technologies (the public is informed by SMS or Internet as to the venue and time of the play just a few hours before to avoid police raids). The hold that the Lukashenka state can have on alternative culture, to whose emergence it has contributed, remains to be seen.
  • Ecrivains roumains et engagement - Hinckel Laure, Lhomel Édith p. 56-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    N'ayant eu d'autre alternative pour publier, durant les cinquante années de communisme, que de composer avec la censure, la majorité des écrivains roumains se sont pliés à cette contrainte avec plus ou moins de docilité. Certains préférèrent se «retirer», soit en abandonnant leur vocation, soit en s'exilant. Les bouleversements que la Roumanie a connus à partir de décembre 1989 les ont, peut-être plus, dans un premier temps, que le citoyen ordinaire, vivement interpellés. Plusieurs sont descendus dans l'arène politique, remisant pour un temps leurs travaux littéraires pour assumer de hautes responsabilités. D'autres, au contraire, ont mis leur plume et leur notoriété au service d'une démocratisation pour le moins contrariée, qui, au sein d'associations, qui, dans les médias. A la veille de l'entrée dans l'Union européenne (janvier 2007), l'engagement politique direct n'est plus de mise, même si le délicat travail de mémoire via l'ouverture récente des archives est loin de laisser indifférents nombre d'intellectuels, dont des écrivains : mais c'est en portant sur une société toujours marquée par de nombreux tabous, un regard acéré et, aussi, en s'interrogeant sans a priori et surtout sans contrainte, sur une identité et une histoire nationales soumises par leurs aînés à des relectures idéologiquement biaisées, que de jeunes auteurs apparaissent aujourd'hui, parfois à leur corps défendant, comme des «spectateurs engagés».
    Romanian Writers and Involvement Under the last fifty years of Communism with no other alternative than to work under censorship if they wished to publish, the majority of Rumanian writers submitted with varying degrees of docility. Some preferred to “withdraw”, either by abandoning their vocation or choosing exile. The upheavals that Romania experienced beginning in December 1989 were a greater challenge for them, at least initially, than for the ordinary citizens. Several descended into the political arena, temporarily suspending their work to take on high-level responsibilities. Others, on the other hand, put their pens and their fame to the service of a, for the least, resisted democratization in associations and in the media. Just before its entry into the European Union (January 2007), direct political engagement is no longer fashionable, even if many intellectuals, including writers, are hardly indifferent to the sensitive memories emerging through the recent opening of the archives : however, in a society which is still tainted by numerous taboos, in casting a critical eye or questioning without preconceived notions and without constraint a national identity and history that their elders subjected to an ideologically deformed reinterpretation, the young writers emerging today seem, often to their peers, to be “engaged onlookers”.
  • Musées baltes. Le retour aux sources à travers les Beaux-Arts - Vitureau Marielle p. 65-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Valoriser la création artistique nationale, ancienne et contemporaine, apparaît comme un impératif pour la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie, depuis qu'elles ont recouvré leur indépendance. Cet acte fort et volontaire est sous-tendu par le besoin d'affirmer chacune leur histoire nationale, niée pendant la période soviétique, de renouer avec un riche passé artistique et d'en faire prendre conscience à des populations qui le méconnaissent, tout en reliant les fils qui unissaient ces pays à la culture européenne. C'est ainsi qu'a été entamé un vaste mouvement de construction et de modernisation de musées, dont le Kumu, musée des Beaux-Arts de Tallin, en Estonie, est le symbole. Riga et Vilnius sont engagées sur la même voie. Lieux d'exposition permanente, souvent pour la première fois, ces musées ont aussi pour vocation de repositionner les Etats baltes sur la carte des lieux de création artistique européens, en assurant par exemple des manifestations internationales. A cet égard, le fait que Vilnius soit déclarée capitale culturelle européenne en 2009 sera un pas de plus vers cette re-connaissance, dont les trois Etats baltes sont si soucieux. Mais souvent, faute de ressources, ce renouveau national, en même temps que cette ouverture à l'Europe se bornent aux trois capitales, les autres régions étant laissées pour compte sur le plan culturel. Les autorités ont commencé à en prendre conscience en votant notamment des budgets en augmentation.
    Baltic Museums A Return to the Origins through Art Since their independence, promoting national classic and contemporary artistic creation seems to have been imperative for Latvia, Estonia and Lithuania. Underlying this forceful and important endeavour is the need of each to affirm its national history, denied during the Soviet period, to recover a rich artistic past, and to bring awareness to populations which know nothing of it, while restoring the ties which unite them with European culture. A vast movement to build and modernize museums has begun of which Kumu, the Art Museum of Estonia in Tallinn, is the symbol. Riga and Vilnius are undertaking similar projects. Places for permanent exhibitions, often for the first time, the role of these museums is also to reposition the Baltic states on the European map of artistic creation by setting up, for example, international exhibitions. In this regard, the fact that Vilnius has been named 2009 cultural capital of Europe is a step towards this recognition which the Baltic states so desire. However, often because of a lack of resources, this national revival and opening up to Europe has been limited to the three capitals to the exclusion of other areas on the cultural level. The authorities are becoming aware of this, voting budget increases.
  • La Lettonie et le monde russe. Un creuset culturel spécifique dans l'espace européen - Bacharach François p. 70-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les liens qui unissent les populations russe et lettone ne peuvent être uniquement considérés à travers le prisme de l'impérialisme russe, puis de l'occupation soviétique. Baltes et Slaves cohabitent en effet depuis très longtemps sur le territoire de l'actuelle Lettonie. L'influence culturelle russe est manifeste, notamment en matière audiovisuelle et littéraire, d'autant qu'elle passe aussi par le relais de l'importante communauté russophone de Lettonie. Cette dernière, de son côté, voit désormais dans la Russie un marchepied pour être reconnue en Europe. Ces liens sont cependant mal perçus par une partie des élites lettones, en particulier par les anciens exilés revenus au pays après 1991. Quant à la génération formée après l'indépendance, aspirant à se débarrasser de l'héritage soviétique, elle s'efforce en même temps d'aller à la rencontre des autres pays voisins. Les institutions russes, pour leur part, mobilisent d'importants moyens pour financer des projets culturels. Mais par ailleurs, les comportements de ce qu'on appelle la diaspora russe en Lettonie tendent à se différencier et se distancier de Moscou, dans une sorte de mouvement de balance. Riga n'était-elle pas au XIXe siècle, pour la Russie, une fenêtre sur l'Europe, «le petit Paris» ? La Lettonie contribuerait donc à l'émergence d'une culture russe européenne, ce qui n'est pas du goût de certains, tant Russes que Lettons, qui y voient une atteinte aux traditions nationales et une perte d'identité.
    Latvia and the Russian World An Unusual Cultural Melting Pot within Europe The bonds between the Russian and Latvian people cannot only be considered within the prism of Russian imperialism and the subsequent Soviet occupation. Baltic and Slave people long cohabited within the borders of what is now Latvia. Russian cultural influence is evident, in particular in the audio-visual and literary fields, all the more so as it is relayed by Latvia's substantial Russian-speaking community. The Latvian speakers now see Russia as a stepping stone to European recognition. These bonds are however badly perceived by a segment of the Latvian élite, in particular those previously exiled who returned to the country after 1991. The post-independence younger generation, hoping to rid itself of its Soviet heritage, is making overtures to neighbouring countries. Russian institutions are mobilizing substantial means to finance cultural projects. However, what is termed the Russian diaspora in Latvia is counterbalancing this by differentiating and distancing itself from Moscow. Wasn't Riga a window on Europe, a “little Paris”, during the nineteenth century ? Latvia would thus be contributing to a European Russian culture which is not to the taste of some, Russians as well as Latvians, who see it this as an attack on national traditions and a loss of identity.
  • Le Sandjak de Novi Pazar. Un foyer de tensions en Europe du Sud-Est - Dérens Jean-Arnault, Geslin Laurent p. 78-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La formation du Sandjak de Novi Pazar doit beaucoup à une histoire relativement récente. Un sandjak était une circonscription administrative de l'Empire ottoman. Celui de Novi Pazar a acquis sa physionomie particulière après le Congrès de Berlin (1878), quand cette bande de terre devait séparer, pour le compte de l'Empire, la Serbie et le Monténégro indépendants. Aujourd'hui, environ 300 000 des 500 000 habitants du Sandjak sont des Slaves musulmans, qui se disent de plus en plus souvent «Bosniaques». La région n'est pourtant plus une entité administrative, et elle est même partagée entre les Républiques de Serbie et du Monténégro. Touchant la Bosnie-et-Herzégovine à l'Ouest et le Kosovo à l'Est, le Sandjak est un carrefour majeur de la région pour différents trafics de drogue et d'êtres humains, sur fond de pauvreté et de sous-développement, et de marginalisation par rapport à Belgrade et à Podgorica. Le Sandjak est par ailleurs travaillé par les nationalismes et les intégrismes, musulman ou orthodoxe. Est-il condamné à l'isolement ? Peut-il, au contraire, retrouver de manière positive sa vocation de point de rencontre ? Il concentre toutes les contradictions et maux de la région, mais son développement économique et démocratique sera une des clés de la stabilisation durable des Balkans.
    The Novi Pazar Sandjak A Hotbed of Tension in Southeastern Europe The formation of the Novi Pazar Sandjak has much to do with recent history. A sandjak was an administrative unit of the Ottoman Empire. That of Novi Pazar took its particular form after the Congress of Berlin (1878) as this strip of land was to separate independent Serbia and Montenegro on behalf of the Empire. Today, approximately 300,000 of the 500,000 inhabitants of the Sandjak are Slavic Moslems, who increasingly refer to themselves as «Bosnians». The area is no longer a single administrative area, and it is even divided between the Republics of Serbia and Montenegro. Bordering on Bosnia Herzegovina in the west and Kosovo in the east, the Sandjak is a major crossroads for the trafficking of drugs and human beings, stemming from poverty and underdevelopment, marginalized from Belgrade and Podgorica. The Sandjak is also being cultivated by Muslim and orthodox nationalists and integrists. The authors ask whether this area is condemned to isolation or whether it might on the contrary find a way to return to its vocation as a crossroads. It concentrates all of the area's contradictions and evils but its economic and democratic development is one of the keys to long lasting stability in the Balkans.
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