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Titre Juifs et Allemands d'ex-URSS. Des diasporas « russes » en Israël et en Allemagne ?
Auteur Tétart Frank, Martins Alcidio
Mir@bel Revue Le Courrier des Pays de l'Est
Numéro no 1055, mai-juin 2006 La Russie et son étranger proche
Page 52-67
Annexes Tableaux
Mots-clés (géographie)Allemagne Israël U.R.S.S.
Mots-clés (matière)diaspora émigré histoire immigration juif minorité nationalité vie politique
Résumé Si une forte émigration juive de Russie s'était déjà produite à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, essentiellement vers les Etats-Unis, très peu vers la Palestine, la grande migration d'URSS, entamée après 1985, sous M. Gorbatchev, puis soudaine à partir de l'ouverture des frontières en 1990-1991, va d'abord suivre cette même direction, à la recherche du mieux-vivre, puis ensuite celle d'Israël, qui a su persuader les nouveaux émigrants de participer au règlement du «problème démographique». L'accueil, au fil des années, ne sera pas toujours à la hauteur des attentes. La société va en être modifiée à divers titres, du fait de la nature particulière de ces rapatriés, déjudaïsés, soviétisés et surtout russes de langue et de culture, même s'ils viennent du Caucase ou d'Ukraine. Partis juifs d'URSS, ils vont se retrouver Russes d'Israël. Dans le même mouvement, les «Allemands de Russie» (c'est pourtant au Kazakhstan qu'ils étaient les plus nombreux) vont rejoindre leur Vaterland, bénéficiant d'un statut privilégié, au nom du jus sanguinis. L'accueil sera pour eux plus que mitigé, en raison du coût de leur intégration, ajouté à celui de la réunification de l'Allemagne. Des quotas ont pourtant été instaurés pour qu'ils se retrouvent nombreux dans les Länder les plus riches. Mais le gouvernement va prendre des mesures limitant l'entrée des «Russes», et d'autres encore pour les motiver à rester en ex-URSS. Fin 2005, ces rapatriés étaient environ 1 million en Israël (plus 300 000 non-juifs, mais bien russes) et 2,5 millions en Allemagne (dont un grand nombre de non-Allemands «ethniques», eux aussi bien russes). Après un retour indispensable sur l'histoire de ces deux peuples, les auteurs montrent le cheminement, dans des contextes très différents, de leur intégration, qu'elle soit matérielle, professionnelle ou linguistique, et ce malgré les fortes aides publiques. Leur russité est si forte, à travers leur attachement à la langue, à leur culture et à leur ancien mode de vie et de fonctionnement, qu'ils sont maintenant «d'origine russe» aux yeux de leurs compatriotes, avec souvent le mépris que cela suppose. Cette altérité les fait s'organiser pour défendre leurs intérêts en Israël : ils ont même formé des partis «russes » qui influent sur les choix politiques, comme sur la laïcité, et contribuent, avec d'autres groupes, à rendre plurielle une société uniforme à l'origine.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Jews and Germans from the ex-USSR “Russian” Diasporas in Israel and Germany ? While a large Russian Jewish emigration had already occurred by the late nineteenth and early twentieth centuries, mainly to the United States and very little to Palestine, the USSR's great migration began after 1985 with Mr. Gorbachev, with a rush after the borders opened in 1990-1991. Although, to begin with, they were still opting for the same destination, the US, in search of a better standard of living, Israel was able to persuade the new immigrants to come and help in “dealing with the demographic problem”. Over the years the welcome received has not always met expectations. Society has changed over the years for many reasons, in reaction to the special nature of these repatriates, secular, Soviet and Russian in language and culture, even if they come from the Caucasus or the Ukraine. Leaving as Jews from the USSR, they found themselves to be the “Russians” of Israel. Similarly, “Russian Germans” (who were in fact most numerous in Kazakhstan) rejoined the Vaterland, profiting from privileged status, in name of jus sanguinis. They met with a mixed reception because the costs of integrating them added to Reunification costs. Quotas were thus set so that they are most numerous in the richest Länder. The government is taking measures to limit the entry of “Russians” and to encourage them to remain in the ex-USSR. By the end of 2005, there were approximately 1 million repatriates in Israel (plus 300,000 non Jews but very Russian) and 2.5 million in Germany (including a large number of “non-ethnic” Germans, also very Russian). After a requisite return to the history of these two peoples, the authors show, within different contexts, the path of their difficult material, professional and linguistic integration, despite substantial government aid. Their Russianness is so strong through their attachment to their language and culture as well as to their previous way of life that they are now “of Russian origin” in the eyes of their compatriots, with the contempt that this often entails. This otherness has obliged them to organize to defend their interests : in Israel, they have even formed “Russian” parties to influence political choices, such as, for example, with regard to secularism, and which, along with other groups, imparts diversity to a previously homogeneous country.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CPE_063_0052