Contenu du sommaire : La Russie et son étranger proche
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1055, mai-juin 2006 |
Titre du numéro | La Russie et son étranger proche |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 3
- Quelle influence russe dans l'espace post-soviétique ? - Gomart Thomas p. 4-13 Convient-il d'étudier le rôle joué par la Russie dans les anciennes républiques soviétiques en fonction d'une approche globale ou en tenant compte de la diversité de ces pays ? Pour éclaircir ce débat, l'auteur de cet article examine les modalités et l'intensité de la présence russe dans son «étranger proche», en se demandant si celle-ci permet d'unifier l'espace ou accentue au contraire sa fragmentation. Ayant retrouvé une certaine marge de manœuvre sur la scène internationale, Vladimir Poutine dispose désormais de moyens pour peser sur le cours des évolutions dans l'espace post-soviétique, sans pourtant parvenir à enclencher une véritable dynamique d'intégration régionale. La Russie n'envisage plus certes d'employer la force pour régler ses conflits avec les nouveaux Etats indépendants, mais la coopération en matière de défense demeure au cœur de sa logique d'influence. L'économique serait cependant en passe de supplanter le militaire, les investissements russes dans les pays partenaires, en particulier dans le domaine énergétique, étant de plus en plus prégnants. La Russie se heurte toutefois, dans ce qui était autrefois son pré carré, à une forte influence de puissances étrangères (Etats-Unis, Chine) et d'organisations internationales (UE, Otan) et si elle n'est pas parvenue à donner une identité internationale à la CEI, elle a cependant réussi à retrouver, en dépit du profond trouble identitaire qui est le sien depuis l'éclatement de l'URSS, une forme de leadership dans l'espace post-soviétique.What is Russia's Influence in Post-Soviet Sphere ? Would it be best to examine Russia's role in the ex-Soviet republics globally or by taking their diversity into account ? To shed light on this debate, the author of this article examines the conditions and strengths of Russia's presence in its “near abroad”, by asking whether it facilitates regional consolidation or, on the contrary, accentuates fragmentation. Having regained some room for manoeuvre on the international scene, Vladimir Putin is now able to influence developments within the ex-Soviet area, albeit without entering into a real dynamic of regional integration. Russia certainly has no plans to resort to force in order to end conflicts with the new independent States, but defence cooperation remains at the heart of its logic of influence. Economics is, however, beginning to replace military concerns, as Russian investments in partner countries, in the energy sector in particular, are becoming increasingly important. Russia is, however, running up against the strong influence of foreign powers (United States, China) and international organizations (EU, NATO) in what was once its own backyard, and, although it did not succeed in creating an international identity for the CIS, it was able to regain a leadership position within the area, despite the profound identity crisis it has undergone since the break up of the USSR.
- La galaxie CEI 1991-2006 - Light Margot p. 14-25 Si la Communauté des Etats indépendants (CEI), créée en 1991 et qui réunit douze Etats issus de l'éclatement de l'URSS (les anciennes républiques fédérées à l'exception des trois baltes) est aussi peu connue en dehors de l'espace post-soviétique, c'est qu'elle a failli à la tâche fixée à l'origine : constituer une sorte de contrepoids aux institutions euro-atlantiques (UE et Otan). Cet article, très informatif sur le parcours de cette Communauté et sur le regard que portent sur elle les pays membres, analyse tout d'abord les causes de cette situation, qui résulte à la fois du poids et de l'influence de la Russie dans l'ensemble et de la réticence de certains pays à s'y soumettre, comme s'ils renonçaient ainsi à une partie de leur souveraineté nouvellement acquise. En conséquence, la CEI est une institution à plusieurs vitesses, du fait d'accords bi-, tri- ou multilatéraux, de nature économique ou militaire (parmi d'autres), qui engagent ou non les Etats membres, en fonction de leurs intérêts propres. En outre, certains participent à des regroupements régionaux, comme le GUAM, (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie), faisant ouvertement pièce à la Russie, et dont les membres sont inclus par ailleurs dans la Politique européenne de voisinage, contrairement à d'autres, comme l'Organisation de coopération de Shanghai regroupant la Russie, quatre pays d'Asie centrale et la Chine. L'agonie de la CEI, sinon sa dissolution, est régulièrement annoncée, faute de combattants, si par exemple l'Ukraine et d'autres s'en retiraient, ou si des réformes de son fonctionnement n'étaient pas engagées, mais elle semble se maintenir pour le moment et fournit au minimum à ses membres un forum de discussions.The CIS Constellation 1991-2006
If the Community of Independent States (CIS), created in 1991, which unifies the twelve States resulting from the collapse of the USSR (all previously federated republics with the exception of the three Baltic states) is relatively unknown outside of the post-Soviet sphere, this is because it has failed in its original goal : to constitute a counterweight to Euro-Atlantic institutions (EU and NATO). This very informative article on the course this Community has taken as well as its image within the member states up, begins by analyzing the reasons for this situation, resulting from Russia's weight and influence as well as the reticence on the part of some countries to be subjected to it, as if this would mean renouncing their newly acquired sovereignty. Consequently, the CIS is an institution moving at an uneven pace, because of bi-, trior multilateral agreements of an economic or military (among others) nature in which the member states do or do not take part according to their own interests. Moreover, some participate in regional groups, such as, GUAM (Georgia, Ukraine, Azerbaijan and Moldavia), which openly oppose Russia and whose members are also integrated in the European Neighborhood Policy, unlike others, such as the Shanghai Cooperation Organization with includes four Central Asian countries and China. Its slow demise, if not its dissolution, is predicted regularly because of a lack of participants, if, for example, the Ukraine or another country withdraws, or if some operational reforms are not undertaken, although it seems to be holding up at present and at least provides its members with a forum for discussion. - L'Organisation de coopération de Shanghai. Ambitions et intérêts russes - Facon Isabelle p. 26-37 Le Forum de Shanghai, créé en 1996 à l'initiative de la Russie et de la Chine, réunissant autour d'elles le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan, avait pour objectif de contribuer à la stabilisation de l'Asie centrale ex-soviétique, notamment dans les régions frontalières. En 2001, après l'adhésion de l'Ouzbékistan, il a changé de statut pour devenir l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). En 2004, la Mongolie en devient observateur, suivie en 2005, par l'Inde, l'Iran et le Pakistan. A mesure que l'OCS prenait de l'envergure, et à l'initiative de la Russie, de nouvelles «missions» lui ont été assignées. Bien souvent d'ailleurs de concert avec la Chine, c'est en effet pour la Russie une tribune pour dénoncer l'hégémonisme des Etats-Unis et défendre l'idée de multipolarité incarnée par cette organisation, par opposition à l'ordre international unipolaire voulu par ces derniers. Face à eux encore, l'OCS permet à Moscou de faire montre de sa prééminence en Asie centrale, en fédérant autour d'elle quatre pays qu'elle estime être dans sa zone d'influence, après y avoir néanmoins tacitement accepté l'installation de bases militaires américaines à la suite des attentats de septembre 2001. Or, elle y parvient d'autant mieux que les régimes autoritaires locaux sont fort agacés des critiques occidentales émises à leur encontre et, par ailleurs, redoutent d'être victimes de «révolutions de couleur» plus ou moins organisées en sous-main par Washington, comme cela aurait été le cas en Géorgie et en Ukraine, selon les insinuations de Moscou. Enfin, l'OCS est pour le Kremlin un moyen d'observer de près l'expansion de l'influence chinoise en Asie centrale et de tenter de la contenir; pour ce faire, il s'emploie à «spécialiser» l'Organisation du traité de sécurité collective, instaurée dans le cadre de la CEI et dont la Chine n'est pas membre, dans les affaires de sécurité en Asie centrale.The Shanghai Cooperation Organization Russian Ambitions and Interests The Shanghai Forum, created in 1996 at the initiative of Russia and China and joined by Kazakhstan, Kyrgyzstan and Tajikistan, aims to contribute to stabilizing ex-Soviet Central Asia, in particular in the border areas. It changed its statutes, becoming the Shanghai Cooperation Organization (SCO), after Uzbekistan joined in 2001. Mongolia entered with observer status in 2004, followed by India, Iran and Pakistan in 2005. As the SCO grew in size, it took on new “missions” at Russia's instigation. Very often in cooperation with China, it has become a Russian platform for denouncing United States hegemonism and for defending the multipolarity inherent with this organization in opposition to the latter's desire for a unilateral international order. The SCO has made it possible for Moscow to demonstrate her pre-eminence in Central Asia by federating four countries it considers to be within its sphere of influence, albeit after having tacitly accepted the installation of American military bases following the September 2001 attacks. It is more successful in this now that the local authoritarian regimes are extremely annoyed by Western criticism and fear becoming the targets of “colored revolutions” more or less underwritten by Washington, as Moscow has insinuated with regard to Georgia and the Ukraine. Lastly, the SCO provides the Kremlin with means for closely monitoring the expansion of Chinese influence in Central Asia and for endeavouring to contain it ; to this end, it is working to “specialize” the Collective Security Treaty Organization, founded with the CIS framework, of which China is not a member, in Central Asia security issues.
- Les médias d'Europe centrale et l'intégration européenne - Sampol Célia p. 40-51 Les médias des nouveaux Etats membres de l'UE assurent depuis longtemps déjà une couverture des sujets européens qui, au fil des ans, a gagné en clarté et en qualité. Ils ont développé une présence à Bruxelles à partir de la fin des années 1980, qui s'est intensifiée à la suite de la chute des régimes communistes et à mesure que croissaient les espoirs de se rapprocher, puis d'adhérer à la Communauté européenne/Union européenne. Les correspondants des médias centre-européens à Bruxelles se sont donc familiarisés avec les mécanismes compliqués de fonctionnement des institutions et ont joué un rôle décisif dans l'explication du projet européen auprès de leurs opinions publiques. Cette couverture de l'actualité européenne par les médias des nouveaux Etats membres a connu plusieurs étapes, s'adaptant au relatif désintérêt manifesté par le public au début des années 1990, pour assurer peu à peu un travail explicatif et de vulgarisation qui a rencontré un accueil favorable durant la période de reprise de l'acquis communautaire. L'euro-enthousiasme assez généralisé des médias a indéniablement influé sur des opinions publiques qui, globalement, continuent d'accorder leur confiance aux institutions que sont la presse écrite, la radio et la télévision. Depuis l'adhésion du 1er mai 2004, l'intérêt pour la «chose européenne», traitée désormais comme un thème de politique intérieure, semble être retombé et l'UE a quitté les «unes». Les journalistes ont plus de mal à la «vendre» aussi à des rédacteurs en chef réticents devant la technicité des articles et des reportages, malgré le risque, partout souligné, d'un fossé se creusant entre l'Europe et les citoyens, que les médias pourraient en partie combler.Central European Media and European Integration Media in the new EU member states have long been covering European subjects, and this has gained in clarity and quality over the years. Developing a presence in Brussels after late 1980, it intensified subsequent to the collapse of the communist regimes and in line with the desire to move closer to, and then join, the European Community/European Union. Central European correspondents in Brussels thus familiarized themselves with the complicated mechanisms of the institutions and played a decisive role in explaining the European project to the public. Coverage of European news within the new member states'media took place in several stages, adapting to the relative lack of interest expressed by the public in the early 1990s, moving gradually to provide explanations and popularization which met with a favourable response during the resumption of “community acquis” period. The widespread Euro-enthusiasm of the media unquestionably influenced public opinion which, in general, continues to place its confidence in newspapers, radio and television. Since joining the EU on May 1, 2004, interest in “Europe”, now dealt with as a part of domestic policy, seems to have lessened and the EU is no longer in the headlines. Journalists are finding it difficult to “sell it” to reticent editors faced with the technical nature of the articles and reports, despite the risk, evoked everywhere, of a widening gap between Europe and its citizens, which the media could, in part, be capable of filling.
- Juifs et Allemands d'ex-URSS. Des diasporas « russes » en Israël et en Allemagne ? - Tétart Frank, Martins Alcidio p. 52-67 Si une forte émigration juive de Russie s'était déjà produite à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, essentiellement vers les Etats-Unis, très peu vers la Palestine, la grande migration d'URSS, entamée après 1985, sous M. Gorbatchev, puis soudaine à partir de l'ouverture des frontières en 1990-1991, va d'abord suivre cette même direction, à la recherche du mieux-vivre, puis ensuite celle d'Israël, qui a su persuader les nouveaux émigrants de participer au règlement du «problème démographique». L'accueil, au fil des années, ne sera pas toujours à la hauteur des attentes. La société va en être modifiée à divers titres, du fait de la nature particulière de ces rapatriés, déjudaïsés, soviétisés et surtout russes de langue et de culture, même s'ils viennent du Caucase ou d'Ukraine. Partis juifs d'URSS, ils vont se retrouver Russes d'Israël. Dans le même mouvement, les «Allemands de Russie» (c'est pourtant au Kazakhstan qu'ils étaient les plus nombreux) vont rejoindre leur Vaterland, bénéficiant d'un statut privilégié, au nom du jus sanguinis. L'accueil sera pour eux plus que mitigé, en raison du coût de leur intégration, ajouté à celui de la réunification de l'Allemagne. Des quotas ont pourtant été instaurés pour qu'ils se retrouvent nombreux dans les Länder les plus riches. Mais le gouvernement va prendre des mesures limitant l'entrée des «Russes», et d'autres encore pour les motiver à rester en ex-URSS. Fin 2005, ces rapatriés étaient environ 1 million en Israël (plus 300 000 non-juifs, mais bien russes) et 2,5 millions en Allemagne (dont un grand nombre de non-Allemands «ethniques», eux aussi bien russes). Après un retour indispensable sur l'histoire de ces deux peuples, les auteurs montrent le cheminement, dans des contextes très différents, de leur intégration, qu'elle soit matérielle, professionnelle ou linguistique, et ce malgré les fortes aides publiques. Leur russité est si forte, à travers leur attachement à la langue, à leur culture et à leur ancien mode de vie et de fonctionnement, qu'ils sont maintenant «d'origine russe» aux yeux de leurs compatriotes, avec souvent le mépris que cela suppose. Cette altérité les fait s'organiser pour défendre leurs intérêts en Israël : ils ont même formé des partis «russes » qui influent sur les choix politiques, comme sur la laïcité, et contribuent, avec d'autres groupes, à rendre plurielle une société uniforme à l'origine.Jews and Germans from the ex-USSR “Russian” Diasporas in Israel and Germany ? While a large Russian Jewish emigration had already occurred by the late nineteenth and early twentieth centuries, mainly to the United States and very little to Palestine, the USSR's great migration began after 1985 with Mr. Gorbachev, with a rush after the borders opened in 1990-1991. Although, to begin with, they were still opting for the same destination, the US, in search of a better standard of living, Israel was able to persuade the new immigrants to come and help in “dealing with the demographic problem”. Over the years the welcome received has not always met expectations. Society has changed over the years for many reasons, in reaction to the special nature of these repatriates, secular, Soviet and Russian in language and culture, even if they come from the Caucasus or the Ukraine. Leaving as Jews from the USSR, they found themselves to be the “Russians” of Israel. Similarly, “Russian Germans” (who were in fact most numerous in Kazakhstan) rejoined the Vaterland, profiting from privileged status, in name of jus sanguinis. They met with a mixed reception because the costs of integrating them added to Reunification costs. Quotas were thus set so that they are most numerous in the richest Länder. The government is taking measures to limit the entry of “Russians” and to encourage them to remain in the ex-USSR. By the end of 2005, there were approximately 1 million repatriates in Israel (plus 300,000 non Jews but very Russian) and 2.5 million in Germany (including a large number of “non-ethnic” Germans, also very Russian). After a requisite return to the history of these two peoples, the authors show, within different contexts, the path of their difficult material, professional and linguistic integration, despite substantial government aid. Their Russianness is so strong through their attachment to their language and culture as well as to their previous way of life that they are now “of Russian origin” in the eyes of their compatriots, with the contempt that this often entails. This otherness has obliged them to organize to defend their interests : in Israel, they have even formed “Russian” parties to influence political choices, such as, for example, with regard to secularism, and which, along with other groups, imparts diversity to a previously homogeneous country.
- Le rôle social des entreprises russes - Lapina Natalia p. 68-77 Si en général, le facteur social est pris en compte dans l'entreprise pour faire contrepoids aux tensions internes, en Russie, il est inclus dans une stratégie d'adaptation aux règles du marché. Apartir d'une enquête de terrain réalisée dans quatre régions, il s'agit ici de déterminer la vraie nature, les objectifs et les acteurs de cette politique sociale. En URSS, les entreprises étaient des «assureurs» sociaux et assumaient un large éventail de fonctions : gestion d'un vaste parc de logements, d'établissements de soins, d'infrastructures culturelles, de magasins, de centres et colonies de vacances, etc. Au début de la transition vers l'économie de marché, ce modèle a été remis en cause et des stratégies de transfert ont été utilisées : remplacement des services offerts en interne par des allocations, préservation des équipements, gestion confiée aux municipalités, ou autres solutions mixtes. Parmi les dirigeants interrogés, les libéraux purs et durs, hostiles à toute politique sociale, sont les moins nombreux, mais beaucoup s'estiment contraints et forcés d'appliquer une politique jugée inopportune vu la situation, les efforts devant en effet, selon eux, porter sur la formation permanente, pour faire face à leurs problèmes de personnel qualifié. Par ailleurs, les grandes entreprises participent à la valorisation de l'environnement social et géographique, ce qui contribue à améliorer le climat des affaires et les rapports avec les autorités locales. C'est surtout vrai des villes-usines, comme le combinat de cellulose-papier, Kotlas, implanté à Koriajma, dans la région d'Arkhangelsk (nord de la Russie) ou encore, dans l'Oural, de la célèbre société pétrolière Lukoil, qui finance des concours pour faire émerger des projets à finalité sociale ou culturelle. Il n'existe pas pour le moment de normes légales, ni de modèle d'entreprise à responsabilité sociale, la majorité des dirigeants tentant de naviguer, dans ce domaine comme dans d'autres, entre la gestion paternaliste de type soviétique et la «conformité» aux lois du marché, censées exiger une réduction des coûts sociaux.The Social Role of Russian Companies While companies generally take social factors into account in preventing internal tensions, in Russia they are included in a strategy for adapting to market forces. Based on a survey in four regions, the author of this article endeavours to determine the real nature, objectives and participants in this social policy. In the USSR, companies acted as social «insurers» and assumed a broad range of functions : management of vast numbers of housing estates, health care establishments, cultural infrastructures, shops, vacations centers and camps, etc. At the beginning of the transition to a market economy, this model was called into question and transfer strategies were set up : replacement of the services offered in-house by allowances, equipment maintenance and management entrusted to municipalities, or other mixed solutions. Among the managers questioned, there are few hard and pure liberals hostile to any social policy, but many feel that they are compelled to apply policies which are inappropriate to their present situation, believing their efforts should be directed towards continuing education to deal with their need for skilled personnel. In addition, the large companies participate in improving the social and geographical environment, which contributes to improving the business climate and the relationship with local authorities. This is especially true in company towns, such as the Kotlas pulp and paper consortium in Koriajma in the Arkhangelsk region (northern Russia), or, in the Urals, of the famous oil company Lukoil, which finances competitions for projects of social or cultural interest. At present there are no legal standards or models for socially responsible companies, as the majority of managers navigate, as in many other areas, between Soviet-style paternalist management and “conformity” with market laws, expected to impose the reduction of social costs.
Portrait
- Le retour de l'écologie sur les scènes politiques d'Europe centrale ? - Blaha Jaroslav p. 78-80
Repères
- L'Est et l'Union européenne. Mars-Avril 2006 - Lhomel Édith p. 81-86
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- Entendu et lu - p. 87-94