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Titre L'intervention française de la discrimination
Auteur Didier Fassin
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro Vol. 52, no 4, 2002
Rubrique / Thématique
Articles
Page 403-423
Mots-clés (matière)antisémitisme discrimination discrimination raciale droit intégration sociale population étrangère racisme xénophobie
Mots-clés (géographie)France
Résumé A la fin des années 1990, les pouvoirs publics et plus largement la société française ont commencé à reconnaître l'existence de discriminations liées à l'origine et souvent qualifiées de « raciales ». Cette évolution, dont quelques-uns des signes les plus marquants sont rappelés, s'inscrit en rupture avec un discours et une idéologie qui avaient consisté à nier cette réalité. Jusqu'alors disjointes, les problématiques du racisme et de l'inégalité trouvent désormais un lieu d'articulation, ce qui a des conséquences en termes à la fois de représentation du monde social et de conception des politiques publiques. Une réflexion critique sur les enjeux anthropologiques de cette innovation peut toutefois être formulée à trois niveaux : du point de vue des procédures d'objectivation, il existe un risque d'essentialisation des catégories utilisées ; sous l'angle des processus de subjectivation, la tension entre sujet de droit et sujet de souffrance favorise une victimisation des personnes ; dans la perspective de l'action enfin, la judiciarisation de la lutte contre la discrimination tend à se faire au détriment d'une approche historique et sociale des fondements racistes de l'inégalité.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The french invention of discrimination In the late 1990s the public authorities and more generally the French society began to recog­nize the existence of discrimination linked to origins and often called « racial ». Some of the most obvious signs of this change, which contrasts with the rhetoric and ideology that denied this reality, are recalled here. Previously unconnected, the issues of racism and inequality are now considered linked, which has consequences on the representation of the world and the conception of public policies. Three levels of critical thinking on the anthropological stakes of this innovation can be stated : from the point of view of objectivation procedures there is a risk of essentialization of the categories used ; under the angle of the process of subjectivation, the tension between the civic person and the suffering person encourages a victimization of individuals ; and finally, in terms of action, the judicialization of the fight against discrimina­tion tends to be accomplished to the detriment of an historical and social approach of the racist bases of inequality.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_2002_num_52_4_403726