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Titre Jeux de pouvoir des élites et consolidation de la démocratie en Europe centrale et orientale
Auteur John Higley, Jan Pakulski
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 50e année, n°4-5, 2000 Les transitions démocratiques regards sur l'état de la « transitologie »/ Demain, la démocratie directe? Formes nouvelle, avatars et problèmes
Rubrique / Thématique
Les transitions démocratiques regards sur l'état de la « transitologie »
Page 657-678
Annexes Bibliographie, Schémas
Mots-clés (matière)démocratisation élite pouvoir politique vie politique
Mots-clés (géographie)Pays d'Europe centrale et orientale - PECO
Résumé S'il est vrai que les institutions et les procédures démocratiques ont été adoptées dans l'ensemble des pay s de l'Europe centrale et orientale au cours des années 1990, cette apparente uniformité a une limite : pour peu que l'on mette apart les compétitions électorales, les jeux de pouvoir entre les élites sont à l'origine de différences considérables dans l'univers de la poli­tique, et, de ce fait, de fortes variations dans la « qualité » des démocraties postcommunistes. Ces jeux de pouvoir ont été diversement marqués par le clientélisme et le népotisme, le brouillage des frontières entre diverses autonomies et frontières fonctionnelles, les violations des règles de responsabilité (accountability) horizontale, les manipulations des médias et de l'appareil judiciaire, le harcèlement des élites oppositionnelles, les vendettas personnelles et les persécutions de minorités. Ces jeux peuvent être mis en rapport avec des degrés variables d'unité, de différenciation et de circulation des élites, trois facteurs qui ont déterminé la « qualité » de la vie politique démocratique dans la région. Durant les années de la transition démocratique, entre 1989 et 1994, les élites sont parvenues en Hongrie, en Pologne et dans la République tchèque à acquérir un éthos d'« unité dans la diversité », accompagné d'une circu­lation des élites à la fois ample et profonde, mais aussi graduelle et pacifique. Dans les autres pays de la région, les élites se sont fragmentées ou divisées, avec la persistance de « partis de pouvoir » dominant la vie politique et écrasant les opposants. Depuis la fin des années de la transition, vers 1994, les élites hongroises, polonaises et tchèques ont maintenu leur unité. Les victoires électorales des élites oppositionnelles en Bulgarie, en Roumanie et en Slovaquie, ainsi que le déroulement de plusieurs compétitions électorales nationales en Russie, indiquent un renforcement des processus démocratiques formels, même si, au plan empirique, l'apparition dans les élites d'un éthos d'« unité dans la diversité » ne saurait être clairement identifiée dans aucun de ces quatre pays. En revanche, en Biélorussie, en Serbie, en Ukraine et peut-être aussi en Croatie, la division des élites, loin de diminuer, s'est encore approfondie.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Elites power games and democratic politics in central and eastern europe Although democratic institutions and procedures were adopted throughout Central and Eastern Europe during the 1990's, elite power games created important differences in extra-electoral politics and, thus, wide variations in the quality of postcommunist democracies. The power games were variously marked by clientelism and patronage, blurred functional autonomies and boundaries, violations of horizontal accountability, manipulations of the media and judiciary, harassment of opposition elites, personal vendettas, and persecutions of minorities. The games can be linked to differing amounts of elite unity, differentiation, and circulation that shaped the quality of democratic politics in the region. During the years of democratic transition, 1989-1994, elites in Hungary, Poland, and the Czech lands achieved an ethos of « unity in diversity » that was accompanied by wide and deep, but also gradual and peaceful, elite circulation. In other countries of the region, however, elites became fragmented or divided, with holdover « parties of power » dominating politics and riding roughshod over their opponents. Since the transition years ended in about 1994, Hungarian, Polish, and Czech elites have maintained their unity. Electoral victories by opposition elites in Bulgaria, Romania, Slovakia, as well as the conduct of several national elections in Russia have indicated a firming of formal demo­cratic processes, though there is as yet no solid evidence of elite « unity in diversity » in any of the four countries. In Belarus, Serbia, Ukraine and perhaps also Croatia, elite disunity has deepened, not abated.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_2000_num_50_4_395502