Titre | Une genèse allégorique du politique : le folklore | |
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Auteur | Claude Karnoouh | |
Revue | Revue Française de Science Politique | |
Numéro | 35e année, n°6, 1985 | |
Page | 1029-1046 | |
Résumé |
Folklore ou Volkskunde, ce mot évoque un appel qui porte simultanément l'empreinte d'un savoir légitimé et l'écho d'une « primitive innocence » perdurant aux marches d'un monde à présent « télématisé ». Or cet intérêt positif porté aux usages et coutumes populaires apparaît comme un phénomène relativement récent dans l'histoire des idées européennes dont on découvre l'ébauche puis l'épanouissement dans les débats qui occupèrent l'intelligence allemande pendant le dernier tiers du 18e siècle. C'est en s'opposant à l'universalisme de la ratio kantienne que le premier romantisme découvre la culture populaire qui servira à construire la nouvelle langue et la nouvelle culture savante : la Bildung. La référence populaire devait rapidement déborder sur le politique grâce à l'idée de liberté portée par la Révolution française. Ainsi naquit une conception médite de FEtat-nation qui identifiait en une seule et même entité l'étendue de l'ethnie souveraine et l'aire linguistique des parlers. Loin de représenter par rapport à l'universalisme des Lumières une régression, cette conception est le moment inaugural de la modernité politique dont J.G. Herder fut le premier philosophe à systématiser les raisons historiques, linguistiques et métaphysiques. Au travers d'un chemin à rebours qui commence avec les ersatz touristiques les plus dégradés de l'héritage herdérien, la modernité doit être regardée comme une pensée et une dynamique sociale qui incluent les schizes dues aux recours à l'archaïsme ethnique. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Folklore or Volkskunde : this word calls forth both the mark of legitimized knowledge and the echo of a « primitive innocence » still present on the threshold of our « telematised » world. This positive interest in popular uses and customs seems to be a relatively récent phenomenon in the history of European ideas. Its outline and flourishing can be first seen in the debutes which occupied Germon intelligence in the last third of the 18th century. It was in opposition to the universalism to the Kantian ratio that the early romanticism discovered popular culture which served to build the new language and the new scholarly culture : the Bildung. Popular reference spilled over quickly into politics with the idea of liberty carried by the French Revolution. Thus was born a new conception of the nation-state which identified in a single entity thé scope of the sovereign ethnie group and the linguistic area of speech. Far from representing a regression with respect to the universalism of Enlightenment, this conception is the inaugural moment of the political modernity. J.G. Herder was the first philosopher to systematize ils historical, linguistic and metaphysical reasons. On a path often going backwards, which begins with the most degraded touristic ersatz of the Herderian heritage, modernity must be regarded as a thought and a social dynamic which include the schisms due to recourse to ethnie archaism. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1985_num_35_6_394223 |