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Titre Révolution et démocratie : Rosa Luxemburg
Auteur Martine Leibovici
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 41e année, n°1, 1991
Page 59-80
Mots-clés (matière)démocratie mouvement révolutionnaire révolution
Résumé A rebours de l'illusion rétrospective qui tend à ancrer le totalitarisme comme abolition de la démocratie dans le phénomène révolutionnaire lui-même, l'œuvre de Rosa Luxemburg se caractérise par l'exigence jamais abandonnée d'articuler révolution et démocratie. La révolution (dont la théorie apparaît dans Grève de masses, parti et syndicat) est chez elle la redécouverte par les masses de l'action politique : c'est ainsi qu'à partir de certaines catégories de pensée arendtienne on peut interpréter la notion de spontanéité, laquelle est auto-organisation et non violence. De plus, Rosa Luxemburg ne cessera de considérer comme essentielle la question de la forme de régime politique appropriée au pouvoir du peuple (d'où ses critiques adressées à la Révolution russe), s'inscrivant en faux contre la notion de « démocratie bourgeoise ». Refusant toute conception de l'action politique comme fabrication, commandement ou stratégie militaire, il y a chez elle une théorie de l'organisation politique d'inspiration machiavélienne, dont l'action est vue comme une intervention dans le présent et la contingence. Cette contingence reste toutefois inscrite dans le cadre fixé par Marx qui fait du conflit de classe la substance de l'action politique.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Revolution and democracy: Rosa Luxemburg Contrary to the retrospective illusion which tends to locate totalitarianism as abolition of democracy in the revolutionary phenomenon itself, Rosa Luxemburg's work is characterized by the ever present requirement to join revolution and democracy. Revolution (the theory of which appears in Mass strikes, parties and unions) is the masses' rediscovery of political action ; one can thus, using certain categories of Arendt's thought, interpret the concept of spontaneity as self-organization rather than violence. Moreover, Rosa Luxemburg never ceased considering as essential the issue of the form of political regime appropriate for popular power (which explains her criticism of the Russian revolution), and was opposed to the concept of "bourgeois democracy ". Refusing to interpret political action as fabrication, as command or as military strategy, she held a theory of political organization inspired by Machiavelli, action being seen as intervention under contingent circumstances. Contingency remained nevertheless set in the framework established by Marx, which views class struggle as the substance of political action.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1991_num_41_1_394539