Contenu de l'article

Titre Les paradigmes à l'épreuve de l'air du temps. Quand le discours des sciences sociales sur l'exception chinoise légitimait la révolution
Auteur Yves Viltard
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 45e année, n°5, 1995
Rubrique / Thématique
Articles
Page 823-856
Mots-clés (géographie)Chine Etats Unis
Mots-clés (matière)communisme discours régime politique révolution sciences humaines et sociales théorie totalitarisme
Résumé Par-delà les théories, les paradigmes scientifiques s'accordent avec l'esprit du temps. Ils ont la force de l'évidence. Leur usage normal n'exige pas d'explications ou de démonstrations. Ils participent de la croyance et règlent la compréhension de la réalité dans la communauté savante où ils s'imposent. Au début des années 1950, la sinologie américaine, accusée par le sénateur McCarthy d'avoir perdu la Chine, vit sa compétence remise en cause. Le paradigme totalitaire ordonna le savoir sur la Chine pendant vingt ans. En 1960 la viabilité et l'authenticité du régime ne faisaient plus de doute. Le régime fut perçu comme une menace majeure pour la sécurité des États-Unis. Les études sur la Chine contemporaine furent inventées en vue de mieux connaître, de mieux comprendre un totalitarisme innovateur et chinois. Dans les années 1970, le paradigme du totalitarisme fut abandonné par la communauté scientifique. Le paradigme révolutionnaire le remplaça. La révolution chinoise gagna en légitimité et en universalité, et fut comprise par une bonne partie de la recherche américaine comme apportant à travers une expérience inédite une contribution précieuse à l'histoire de l'humanité, donnant une nouvelle autorité au discours sur l'exception chinoise.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Paradigms and the spirit of the times. When social science discourse of Chinese exceptionalism Justified the revolution Beyond theories, scientific paradigms agree with the spirit of the times. They have the strength of the obvious. Their normal use demands no explanations or demonstrations. They share the characteristics of beliefs and organize the understanding of reality in the scholarly community in which they prevail. At the beginning of the 1950s, American sinology, accused by Senator McCarthy of losing China, saw its competence challenged. The totalitarian paradigm structured knowledge on China for 20 years. By 1960 the viability and authenticity of the regime were no longer in doubt. It was perceived as a major threat to US security. Studies on contemporary China were invented in order to improve knowledge and understanding of the innovative Chinese totalitarianism. In the 1970s, the totalitarian paradigm was forsaken by the scholarly community and replaced by the revolutionary paradigm. The Chinese revolution gained in legitimacy and universality and was understood by a large portion of American research as bringing, through a new experiment, a precious contribution to the history of mankind, providing new authority to the discourse on Chinese exceptionalism.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFSP_455_823