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Titre Politique ou management public : le temps de la politique et le temps de la gestion publique
Auteur Alexandre Siné
Mir@bel Revue Politiques et management public
Numéro vol. 23, no 3, septembre 2005
Rubrique / Thématique
Le management public à l'épreuve de la politique
Page 19
Annexes Tableaux
Mots-clés (matière)administration dépenses publiques gestion publique loi organique relative aux lois de finances - LOLF management politique publique
Résumé A partir d'une analyse de la longévité des fonctions ministérielles depuis 25 ans, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, cet article analyse le rôle des arbitrages intertemporels qui sont au cœur de la décision publique et qui souvent suscitent des tensions entre le politique et la gestion publique. Dans un premier moment, on présente le double horizon du politique qui doit tout à la fois tenir compte, d'une part, de l'agenda électoral et du marché politique, et, d'autre part, du traitement des problèmes publics inscrits à l'agenda gouvernemental. L'analyse de la longévité des fonctions ministérielles et sa comparaison avec le temps d'élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques, montre qu'en régie générale, le ministre qui élabore une politique n'est pas le ministre qui la met en œuvre et n'est pas non plus celui qui en rendra compte : ainsi, les ministres gèrent la mise en œuvre de politiques élaborées par leurs prédécesseurs et ils élaborent des politiques publiques dont ils n'auront pas à gérer la mise en œuvre. Dans un second temps, on s'interroge sur les effets du fort tum-over ministériel français sur les arbitrages politiques. Si les approches traditionnelles sur la répartition des coûts et des bénéfices montrent qu'il est difficile de réformer ou de remettre en cause certaines politiques publiques, il convient de les enrichir par la prise en compte des arbitrages intertemporels : plus les bénéfices sont immédiats et les coûts à venir, plus une politique a des chances d'être soutenue et plus les coûts sont imminents et les bénéfices lointains, moins elle a de chances d'être portée politiquement. On montre notamment que c'est en début de mandat que les réformes sont engagées et que les dépenses sont le mieux maîtrisées car le politique peut se permettre d'être un gestionnaire plus dégagé des contraintes du marché politique ; c'est davantage le temps des réformes audacieuses. Dans le contexte de la LOLF, l'article s'interroge in fine sur les moyens de limiter une préférence générale du politique pour des solutions de court terme à coût politique immédiat moindre quitte à accroître, parfois, le coût du traitement des problèmes publics ou à avoir recours à des solutions sous-optimales du point de vue du gestionnaire.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_2005_num_23_3_2286