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Titre Religion, morale et politique : le débat sur l'avortement
Auteur Paul Ladrière
Mir@bel Revue Revue Française de Sociologie
Numéro 1982, 23-3 La libéralisation de l'avortement. Etudes réunies et présentées par Paul Ladrière
Page 417-454
Résumé Paul Ladrière : Religion, morale et politique : le débat sur l'avortement. La position de l'Église catholique. Principes moraux défendus par les autorités : respect de la vie, identification de l'embryon à l'enfant, condamnation de l'avortement. La mise en cause de ces principes moraux faite à l'intérieur du catholicisme consiste pour l'essentiel à critiquer la philosophie naturelle qui est à la base. Les autorités ecclésiastiques justifient leur intervention dans le domaine politique au nom de leur « sens de l'homme », jugent négativement le contexte culturel, et s'élèvent contre la dramatisation de l'avortement clandestin. Leur conception du droit repose sur la notion du « bien commun », la subordination du droit légal au droit naturel, de la loi à la morale et la nécessité impérative d'une loi pénale. Elles refusent tout projet de loi qui décriminaliserait l'avortement et insistent sur tous les risques qu'entraînerait une « libéralisation » de la loi. La position protestante. Dans le cadre non plus de principes mais d'exigences morales, les Églises de la Réforme plaident pour une morale de responsabilité : la vie est une bénédiction, la procréation un acte libre, l'avortement un ultime recours. Jugeant favorablement les modifications culturelles dues à la science et aux techniques nouvelles, elles estiment intenable la situation bloquée par une législation répressive. Elles suggèrent des dispositions qui rendent la nouvelle loi dissuasive et soumettent le rapport de la loi et de la morale au consensus éthique de la société. Elles proposent de substituer la notion de situation de détresse à celle d'indication, de prévoir un dispositif d'accueil et ne s'opposent pas à la clause de conscience pour les médecins. Les Églises de la Réforme sont plus aptes que les autorités catholiques à traduire leurs exigences religieuses en langage politique parce que ces exigences sont plus directement éthiques.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Paul Ladrière : Religion, morality and politics : the debate over abortion. The Catholic church's position : The moral principles defended by the authorities : respect of life, identification of the embryo with the child, condemnation of abortion. The questioning of these moral principles which takes place within Catholicism consists mainly of a criticism of the underlying natural philosophy. The ecclesiastical authorities justify their intervention in the political field in the name of their « sense of man », they cast a negative judgment on the cultural context and protest against the dramatization of clandestine abortions. Their conception of law is based on the notion of "the common good", the subordination of judicial law to natural law, of law to morality, and on the imperative necessity of a penal law. They reject all the bills which would decriminalize abortion, and insist on all the risks which would follow an eventual "liberalization" of the law. The Protestant position : within a framework not of principles but of moral demands, the Reform churches plead in favour of a morality of responsibility : life is a blessing, procreation is a free act, abortion is a last resort. Their favourable opinion of cultural changes owing to science and new techniques leads them to consider that the situation created by repressive legislation is indefensible. They propose certain clauses that give the new law a dissuasive character, and they submit the relation between law and morality to the ethical consensus of society. They suggest the replacement of the notion of indication by that of distress, the organizing of reception facilities and do not oppose a conscience clause for doctors. The Reform churches are more likely than the Catholic authorities to express their religious demands in political terms because these demands are more directly ethical.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1982_num_23_3_3593