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Titre Biographies, flux, itinéraires, trajectoires
Auteur Jean-Claude Passeron
Mir@bel Revue Revue Française de Sociologie
Numéro 1990, 31-1
Rubrique / Thématique
L'approche biographique
Page 3-22
Mots-clés (matière)méthodologie sciences sociologie
Résumé Existe-t-il une méthode biographique capable d'offrir en sociologie les garanties de preuve et de raisonnement propres aux autres méthodes de traitement des données ? L'article vise à analyser, d'un point de vue épistémologique, à la fois le principe de la force descriptive qui est inhérente aux « histoires de vie » ou de lignées et les mécanismes sémiotiques qui sont à l'œuvre dans leur pouvoir de produire l'illusion littéraire de la « compréhension ». C'est l'analyse des flux qui permet le mieux de dégager le statut logique du récit biographique parce qu'elle en est l'opposé. L'opération métonymique qui est stylistiquement liée à la forme du récit doit, dans le cas de la narration biographique, l'ampleur de ses effets à la force de modèles existentiels comme le modèle génétique de la croissance ou le modèle essentialiste du « cas » exemplaire. Le contrôle méthodologique de ce pouvoir exorbitant de signification suppose donc toujours une théorie des rapports entre structures sociales et indivi- duation. L'article conclut en distinguant deux cadres théoriques où peut s'inscrire ce contrôle : l'un, durkheimien. subordonne l'intelligibilité biographique à la description des structures objectives qui la précèdent dans « l'institution biographique»; l'autre incite à comprendre le devenir biographique comme le produit d'une interaction entre l'action des individus et le déterminisme des structures.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Jean-Claude Passeron: Biographies, flux, itineraries and trajectories. Is there a biographical method capable of producing in sociology the guarantees of proof and reasoning that exist in data processing methods ? This article undertakes the analysis, from an epistemological point of view, of both the principle of descriptive power in « life stories » or in past history and of the semiotic mechanisms which are able to provide the literary illusion of comprehension. The analysis of flux allows the best comprehension of logic status in a biographical narrative, due to opposition. In the case of biographical narration, the use of metonomy, which is stylistically related to the narrative form, owes the amplitude of its effect to the force of existential models, such as the genetic model of growth or the essentialist model of the exemplary case. The methodological control of this exorbitant power of meaning is, therefore, based on the theory of a relationship between social structures and individuation. The author concludes his analysis with the distinction of two theoretical outlines for this control : one of them belonging to Durkheim, whereby biographical intelligibility is subordinate to the description of the objective structures which precede it in the « biographical institution »; the other incites the comprehension of biographical evolution as the result of an interaction between individual action and structure determinism.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1990_num_31_1_1077