Titre | Charité bien ordonnée. Principes de justice et pratiques de jugement dans l'attribution des aides d'urgence | |
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Auteur | Didier Fassin | |
Revue | Revue Française de Sociologie | |
Numéro | 2001, 42-3 | |
Page | 437-475 | |
Annexes | Bibliographie, Tableaux | |
Mots-clés (matière) | aide sociale allocation sociale justice sociale pauvreté politique sociale situation économique | |
Mots-clés (géographie) | France | |
Résumé |
Réponse au populaire mouvement « des chômeurs et des précaires », la mise en place en janvier 1998 du Fonds d'urgence sociale s'est traduite par la distribution d'un milliard de francs dont les services déconcentrés de l'État ont eu la charge. Conformément aux consignes gouvernementales, la procédure adoptée en Seine-Saint-Denis relève d'une casuistique administrative dans laquelle chaque dossier est traité par une commission d'attribution sur la base d'éléments factuels du budget et d'un exposé de justification par le requérant. Les décisions, qui portent sur l'éligibilité de la demande et sur le montant de l'allocation, peuvent ainsi être considérées comme des choix pathétiques, confrontant les agents à des argumentaires sur la souffrance et la nécessité des demandeurs. À partir d'entretiens avec les acteurs concernés et d'un échantillon de trois cents dossiers, on se propose ici d'analyser les principes de justice et les pratiques de jugement qui sous-tendent les délibérations. Si l'éligibilité est principalement décidée par le calcul d'un « reste à vivre » et en référence à une valeur-seuil, elle connaît pourtant de nombreuses exceptions. Si le montant alloué est fixé selon un barème très approximatif, il doit également prendre en compte la volonté d'adresser un « message » aux bénéficiaires. Ainsi se dessinent les deux éléments qui structurent les politiques contemporaines de la pitié : la reconnaissance du mérite et la sympathie à l'égard du malheur, d'une part ; l'exercice de l'arbitraire et le poids de la contingence, d'autre part. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Didier Fassin : Well-organized charity. Principles of justice and decision-making in allocating emergency aid.
In reply to a popular movement « of the unemployed and those without job security », the setting up of the Fonds d'urgence sociale (Social emergency fund) in January 1998, resulted in the distribution of a billion francs organized by the decentralized services of the state. In conformity with state instructions, the procedure adopted in the Seine-Saint-Denis is that of administrative casuistry where each file is dealt with by an allocation committee whose decisions are based on factual elements of income and a personal statement to justify the request. The decisions which decide on the eligibilty of the request and on the amount to be allocated can also be considered as choices based on sympathy, in which agents are confronted with arguments in terms of suffering and necessity of those who made the request. After studying interviews with those concerned and a sample of three hundred files, an analysis of the principles of justice and decision-making underlying the proceedings can be proposed. If eligibility is mainly decided through the calculation of « remaining amount to live off » in reference to a threshold value, there are however many exceptions. If the allocated sum is calculated according to a highly approximative scale, it must also take into account the intent to convey a « message » to the beneficiaries. This is the way in which the two elements are combined together in contemporary policies of sympathy : recognition of merit and sympathy towards misfortune, on the one hand ; the exercising of arbitrary judgment and the weight of events, on the other. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_2001_num_42_3_5370 |