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Titre Jardins d'hiver et de papier : de quelques lectures et (ré)écritures fin-de-siècle
Auteur Cettou Maryline
Mir@bel Revue A contrario
Numéro no 11, 2009/1 Varia
Rubrique / Thématique
Articles
Page 99-117
Résumé Cet article aimerait montrer comment un objet, le jardin d'hiver, et la pratique qu'il suppose, offrent à la fin du XIXe siècle de lire et d'écrire la société qui les a produits. Jardiner ne se limite en effet pas à arpenter un espace : c'est aussi, et surtout, une façon d'envisager le monde, de le comprendre et de le classer ; c'est encore la possibilité de réécrire l'univers ou d'en inventer un à sa mesure. Or, une telle pratique n'est pas l'apanage des paysagistes qui, dès 1870, élaborent et entretiennent les jardins d'hiver publics : elle transparaît également dans les pages des journalistes et autres spécialistes en la matière, et informe tout un pan de la production littéraire de la fin du XIXe siècle. Il reviendra ainsi à Zola et à l'une de ses descendances néanmoins désavouée – les auteurs décadents ou fin-de-siècle – de se saisir du jardin d'hiver pour en faire un lieu privilégié de l'observation du monde et de la société contemporaine. En ces jardins, la nomenclature savante issue de la botanique est détournée au profit d'une litanie poétique ; en outre, la serre non seulement nourrit l'imaginaire et l'univers décadent mais permet également d'élaborer une lecture cohérente de ceux-ci. Toutefois, loin de demeurer confinée aux jardins d'hiver décadents, une telle esthétique contamine parfois le discours scientifique, révélant alors les contradictions d'un siècle que l'on a pourtant dit scientiste et tourné vers le progrès. Les aménagements des jardins d'hiver construits à Paris dès les années 1870 élaborent ainsi une pratique langagière mêlant pédagogie et fantaisie, explication et divertissement, qui n'est pas sans rappeler celle des jardiniers-démiurges imaginés par Huysmans ou Rachilde.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Winter and Paper Gardens : Of Some Readings and (Re)Writings at the end of the 19th century
This article would like to show how an object, the winter garden, and the practice it entails, offer, at the end of the 19th century, a way into reading and writing the society which produced them. Gardening is indeed not limited measuring up space : it is also, and especially, a way to envisage the world, to understand and to classify it ; it further allows for the possibility to rewrite the universe or to invent one for oneself. Yet such a practice is not the preserve of landscape gardeners who, from 1870 onwards, design and maintain public winter gardens : it also shows through in the pages of journalists and other specialists on the subject, and influences a whole part of the literary production of the end of the 19th century. In effect, Zola and the decadent or fin-de-siècle authors (Huysmans, Rachilde) will seize the winter garden and make it a privileged place for the observation of the world. In these gardens, the learned nomenclature of botany is diverted for the benefit of a poetic litany ; besides, the greenhouse not only feeds the imagination and the decadent universe, but it also enables us to elaborate a coherent reading of these gardens. However, far from remaining confined to the decadent winter gardens, such an aesthetics sometimes contaminates scientific discourse, revealing then the contradictions of a century which we nevertheless considered as scientist and progressive. The arrangements of the winter gardens built in Paris from the 1870s thus elaborate a language mixing pedagogy and whim, explanation and entertainment – which reminds us, sometimes, of contemporary writers'vision of the world.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ACO_061_0099