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Titre Les Français redécouvrent les vertus du micro-social
Auteur Michel Forsé
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 1, 1982
Page 105-114
Résumé Plusieurs signes permettent de penser qu'aujourd'hui les Français valorisent les univers sociaux de petite dimension. La dé-syndicalisation, une certaine dépolitisation à l'école et, en sens inverse, une croissance sans précédent de la création d'associations destinées à gérer des pans entiers de la vie sociale, participent certainement à ce mouvement. De même on observe que la famille fait preuve d'une extraordinaire vitalité ; non seulement les individus (jeunes ou vieux) continuent de valoriser l'univers familial, mais ils semblent s'y réfugier de plus en plus. La croyance en un progrès technologique toujours plus intense soutenant une économie de croissance a fait long feu. Aujourd'hui, les individus se replient davantage sur des groupes, des lieux, des organisations qu'ils peuvent mieux maîtriser parce que moins énormes. La société devient plus diverse à mesure que les besoins d'autonomie, d'expression de soi et de sa différence croissent mais aussi plus complexe puisqu'il n'est plus possible d'identifier un individu par son appartenance à un macro-groupe. Les conséquences de ce phénomène sont multiples. Par exemple, le développement des associations a permis dans les villes de tisser de nouveaux réseaux notabiliaires d'où sont issus et sur lesquels s'appuient beaucoup des nouveaux députés élus en juin 1981. Sur le plan économique, on assiste à l'émergence de nouvelles consommations, plus «personnalisées» que les précédentes ou devant évoquer une certaine idée de la convivialité ou de la rusticité. On peut aussi remarquer que le développement de l'économie informelle est tout à fait lié à ce mouvement de repli sur le micro-social qui implique un développement des réseaux de relations indispensables à sa mise en œuvre et mieux adaptés aux nouveaux besoins d'autonomie, de différence ou de sociabilité immédiate.
Résumé anglais Small-scale social groups are increasingly finding favour in France. Trade unions are losing members and students their interest in politics. Meanwhile, associations concerning whole segments of social life are being formed at an unprecedented rate. The family is as strong as ever. Both young and old appreciate family life, though security seems increasingly to be the motive. People are losing faith in the idea of everlasting technological progress sustaining economic growth. Nowadays, the individual tends to prefer groups, places and organisations to be smaller and therefore more manageable. Society is getting more diverse in response to the growing need for individual fulfilment and self-expression. It is also becoming more complex since an individual can no longer be identified by his belonging to a macro-group. This phenomenon has many consequences. For instance, in towns and cities, the development of associations has given rise to new networks of local notables. Many of the «Députés» elected in June 1981 have such a background. The movement towards smaller groups is linked with the growing strength of the underground economy. There are also changes in consumer habits, the tendency being to exploit certain ideas of conviviality and authenticity.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1982_num_1_1_919