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Titre Royaume-Uni : d'une récession à l'autre
Auteur Christine Rifflart
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 39, 1992
Page 151-193
Mots-clés (matière)balance commerciale emploi fiscalité inflation privatisation productivité produit national brut - P.N.B. réforme situation économique syndicat système monétaire européen - S.M.E.
Mots-clés (géographie)Grande Bretagne
Mots-clés (anthropo)Major (John) Thatcher (Margaret)
Résumé Au troisième trimestre 1990, l'économie britannique entrait en récession. Un an plus tard, le PIB se redressait légèrement en raison de la seule production énergétique. Sur l'ensemble de la période, il a reculé de 3,3 %. La majeure partie de l'ajustement nécessaire pour ramener le Royaume-Uni vers une situation économique gérable semble avoir été réalisé, les déséquilibres accumulés entre 1988 et 1990 ayant perdu leur caractère insupportable. L'inflation a été ramenée de 10 % en rythme annuel à la veille du mini-choc pétrolier à 4,5 % au cours des derniers mois de 1991, et le déficit courant s'est réduit sensiblement. Après onze années de gestion Thatchérienne, empreintes de libéralisme économique et d'un monétarisme plutôt pragmatique, les rigidités structurelles de l'appareil productif n'ont pas été enrayées. Le retournement conjoncturel reste plus violent et les tensions inflationnistes plus fortes qu'ailleurs. Pourtant, la rupture avec les anciennes pratiques de gestion conjoncturelle de l'activité, le retour aux lois du marché, et l'établissement de la Stratégie financière à moyen terme auraient dû permettre selon les autorités de casser les anticipations inflationnistes et de restructurer l'appareil productif, d'autant que le relâchement des contraintes externe et budgétaire était assuré jusqu'en 1985 par l'atout pétrolier. Après la récession de 1980-1981 les entreprises, surtout manufacturières, enregistrent des gains de productivité élevés et réalisent des profits substantiels, alors que le marché de l'emploi reste déprimé et la demande modérée. Ce n'est véritablement qu'après le contre-choc pétrolier que l'activité britannique s'accélère. La demande devient de plus en plus vive, stimulée dans un premier temps par les revenus réels en croissance rapide des ménages. Dans un second temps, elle est fondée sur l'endettement croissant des agents privés permis par la déréglementation excessive des marchés financiers et favorisé par l'optimisme régnant. Devant la vigueur de la demande et les facilités de financement, les entreprises investissent massivement, surtout dans le secteur tertiaire. Mais dès 1988, la situation financière se dégrade sous l'effet de l'épuisement des gains de productivité et de l'accélération des hausses de salaires, alors que le poids des charges financières s'alourdit. L'inflation salariale, alimentée par les anticipations inflationnistes élevées, se fait plus aiguë alors que les excès de l'endettement passé apparaissent avec la hausse des taux d'intérêt. L'ajustement obligé des entreprises mettra en avant les déséquilibres financiers des ménages quelques trimestres plus tard, avec la baisse de l'emploi et donc des revenus. Au boom de la consommation et de l'investissement succèdent les difficultés financières des agents privés. La récession semble avoir réduit les déséquilibres conjoncturels mais les tentatives de réduction des anticipations inflationnistes menées tout au long de la décennie quatre-vingt ont échoué. Le dernier espoir de leur ralentissement repose sur l'entrée de la livre dans le SME. Dans ces conditions, la croissance de l'activité en 1992 ne pourra qu'être lente, car hypothéquée par les séquelles de l'ajustement récent, confrontée à un environnement international morose jusqu'au deuxième semestre 1992, et contrainte désormais par les obligations monétaires de l'intégration européenne.
Résumé anglais The british economy entered a recession during the third quarter of 1990. A year later, Gdp posted a small growth entirely due to a surge in oil production. Over that period, it declined by 3,5 %. Meanwhile, those imbalances that had surged between 1988 and 1990 have more or less disappeared. The economic situation is therefore more manageable. But structural rigidities have not been wiped out by 11 years of Thatcherism where liberalism was combined with a rather pragmatic approach of monetarism. Both the cyclical downturn of activity and the inflationary pressures remain more violent than elsewhere. This might look surprising in face of the shift in short term policies that actually occured and of the implementation of the Medium Term Financial Strategy. Both held a deep restructuation of supply as their major aim and benefited from the easing of external and budgetary constraint provided by oil receipts up ti 1985. After the 1980-1981 recession, firms indeed registered rapid productivity gains and increasing profits, especially in the manufacturing sector, while the labor market remained depressed and final demand recovered slowly. Economic activity accelerated its pace after the oil counter-shock. The rise of final internal demand was first helped by that of real household's income. But it went on, relying upon an indebtedness of all private economic agents that was made possible by the excessive financial deregulation. Fast increasing markets and easy access to credit led the firms to invest massively, especially in the services. But their financial situation started to deteriorate in 1988 because productivity gains slowed while wage demands accelerated ; the burden of interest rates grew heavier. The unescapable adjustment of firms led to a drop in employment and real revenues of households, who subsequently were also confronted to financial difficulties. Both investment and private consumption diminished. The recession has apparently delt with short term imbalances, but the fight against inflationary anticipations led throughout the 80's proved to be a failure. The last hope in that field is now based upon the monetary constraint provided by the EMS. Under those circumstances, and given the lack of dynamism of international environment, economic activity will only be able to grow at a moderate pace in 1992.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1992_num_39_1_1264