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Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 39, 1992
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'économie française pendant la présidence du général de Gaulle - Jean-Marcel Jeanneney p. 7-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La croissance de l'économie française avait été rapide de 1949 à 1957, à peu près égale de celle des autres économies occidentales, mais elle était entachée de déséquilibres qui conduisirent à de graves difficultés en 1958. Sur l'ensemble de la période allant de 1958 à 1969 la croissance a été en France supérieure à celle de toutes les autres économies occidentales, à l'exception de l'Allemagne où elle a été légèrement plus forte, et du Japon où elle a été presque double. La formation brute de capital fixe a cru plus vite que partout ailleurs en Europe, sans parvenir cependant à égaler, en pourcentage du PIB, celle de nos principaux concurrents. La hausse des prix de la consommation est demeurée relativement rapide, de 4,2 % l'an en moyenne. La hausse réelle du salaire horaire a été de 3,6 % l'an et la masse réelle des salaires a grossi de 6,3 % par an. Une analyse conjoncturelle conduit à distinguer quatre phases : en 1958 la France a connu une récession sensible ; du début de 1959 au début de 1964 elle bénéficia d'une croissance du PIB marchand de 8,1 % l'an; du 1er trimestre 1964 au 1er trimestre 1968 cettre croissance ne fut plus que de 5,4 % l'an ; de juin 1968 à avril 1969 la France dut s' adapter au choc provoqué par les événements de mai 1968, mais du 1er trimestre 1968 au 1er trimestre 1969 la croissance du PIB marchand fut néanmoins de 4,7 %. Après le départ, à la fin d'avril 1969, du général de Gaulle et jusqu'en 1973 les performances de l'économie française furent encore brillantes, mais de manière aventureuse.
    The French Economy During the Presidency of General de Gaulle Jean-Marcel Jeanneney From 1949 to 1957, the growth of the French economy has been about as strong as that of the other western economies, but it has beer characterized by disequilibra which had led, in 1958, to great difficulties. From 1958 to 1969, economic growth was faster in France than in any other western economy, excepted for Germany where it was slightly stronger, and for Japan where it was almost double. Gross investment grew faster than everywhere else in Europe without however reaching the same share of GDP as that observed for our main competitors. The inflation rate on consumption prices remained high : on average 4,2 % a year. Real hourly wages grew at 3,6 % a year and total real wage bill at 6,3 % a year. From a cyclical point of view four subperiods ought to be distinguished. In 1958, France endured a severe recession ; from the beginning of 1959 till the beginning of 1964, it enjoyed a 8,1 % yearly GDP growth ; from the first quarter of 1964 to the first quarter of 1968, the growth rate decelerated to 5,4 % ; from June 1968 to April 1969, France had to adapt to the shock induced by the events of May 1968 but the growth rate from 1968. I to 1969. I was still 4,7 %. After general de Gaulle had left power at the end of April 1969, the economy still performed brillantly untill 1973, but in a more risky way.
  • La France et l'Union économique et monétaire européenne - Rudiger Dornbusch, Pierre Jacquet p. 31-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Cet article étudie la perte de souveraineté qu'implique pour la France le passage à l'Union économique et monétaire européenne. Dans une première partie, il passe en revue plusieurs épisodes de l'histoire monétaire française, et illustre les contraintes qui limitent aujourd'hui la marge de manœuvre de la France en matière de politique économique. La France ne conserve plus qu'une marge de manœuvre très limitée et purement formelle, tant en matière de politique monétaire que d'utilisation du taux de change. Une seconde section étudie les interactions entre différents régimes de change — taux flexibles, taux stables mais ajustables, taux fixes — et les marchés des biens, du travail et des capitaux. La section suivante étudie l'ajustement au sein d'une Union économique et monétaire. L'article conclut par un examen des options ouvertes à la France dans les années quatre- vingt-dix. Il montre qu'une politique de dévaluation serait extrêmement coûteuse, et que le maintien de l'option de dévaluer réduit de façon significative la marge de manœuvre de la politique budgétaire. Pour restaurer cette marge de manœuvre, la France devrait, d'une part, rendre la Banque de France indépendante et responsable de la stabilité de la valeur de la monnaie et, d'autre part, proposer à l'Allemagne et aux autre pays à monnaie forte de la Communauté de fixer définitivement et sans marge de fluctuation le taux de change de leurs monnaies, afin de garantir davantage une stabilité financière indispensable à l'utilisation de tout instrument de politique économique. Cette solution aurait aussi l'avantage d'accélérer la transition vers l'UEM et de montrer le mouvement marchant.
    This article highlights the considerable loss of monetary and exchange rate sovereignty implied both by the the process of monetary integration in Europe and by the liberalization of capital flows wor- Idwilde and among European countries. A first section reviews the monetary history of France and stigmatizes the conditions that could sometimes make devaluations successful. In the following section, the article builds a conceptual framework to think about exchage rate regimes and their interactions with the markets for goods, labour and capital. The paper then turns to the adjustment problem within a mone- tary union. In a concluding section, the authors review the options for France in the 90s. They argue that it would be a costly mistake both to devalue and to keep the option to devalue. In particular, keeping the option deprives the Government from any margin of manœuvre with respect to fiscal policy, because any departure from austerity would revive expectations of devaluation. As a result, France should first grant full independence to its central bank and put it in exclusive charge of safeguarding the value of the currency. France should also propose Germany and other strong currency countries to join a fixed exchange rate regime without margins, as a way to definitively anchor financial and exchange rate stability, a prerequisite to safer use of any policy instrument and a successful pursuit of structural policies based on a moderate fiscal expansion.
  • Chronique des tendances de la société française - Louis Dirn, Laurence Duboys Fresney, Jean-Pierre Jaslin, Michel Fors?, Yannick Lemel, Denis. Stoclet, Lagrange, Henri Mendras p. 75-91 accès libre avec résumé
    La présente chronique commence par analyser l'augmentation des non-syndiqués et des abstentionnistes aux élections professionnelles et explique les difficultés que rencontrent les syndicats à s'implanter dans les secteurs nouveaux et dans les PME. Poursuivant l'analyse du rôle croissant des associations dans la société française, on montre que ces associations prennent une part de plus en plus active sur le marché de l'emploi. Dans les rubriques suivantes on pose des questions sur l'évolution à venir de trois tendances. L'augmentation des naissances en Suède amène à s'interroger sur les conditions qui peuvent conduire à la reprise de la natalité en France et dans les pays méditerranéens. Le coût de l'enfant est l'un des facteurs décisif à cet égard ; une tentative d'évaluation montre que le coût relatif du second enfant par rapport au premier a baissé. Les chiffres récents sur l'évolution de la délinquance et du sentiment d'insécurité chez les Français ne conduisent pas à établir une relation directe entre les deux. Pour terminer on s'interroge sur l'émergence en France, comme dans les pays anglo-saxons, d'un nouveau sous-prolétariat.
  • Retraites et évolutions démographiques en France. Première partie : Le long terme - Sandrine Cazes, Thierry Chauveau, Jacques Le Cacheux, Rahim Loufir p. 93-149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Face au vieillissement probable de la population française au cours des prochaines décennies, les perspectives de financement de l'actuel régime public de retraite par répartition sont relativement sombres. Si la tendance à la stagnation de la population française se confirme, des choix devront être faits entre le maintien du système actuel, qui implique une augmentation — à terme assez substantielle — des taux de cotisations, et une modification de ses règles. Cet article propose un cadre d'évaluation des conséquences économiques à long terme de différents scénarios : il s'agit d'un modèle d'équilibre général calculable à générations imbriquées de l'économie française, qui, à partir d'hypothèses sur les préférences des ménages et sur l'environnement économique et institutionnel dans lequel ils prennent leurs décisions, permet de déterminer leurs comportements individuels d'offre de travail, de dépenses de consommation, d'épargne et d'accumulation au cours de leur cycle de vie. Les principales grandeurs macroéconomiques sont alors déduites par agrégation exacte des comportements individuels. Grâce à la détermination endogène de l'ensemble des décisions des ménages et des entreprises, un tel modèle permet de tenir compte des conséquences sur les choix d'activité, de consommation et d'épargne, de modifications institutionnelles telles que des réformes du régime de retraite. Après avoir présenté les résultats de quelques variantes démographiques, qui confirment que le système actuel ne serait véritablement viable à long terme que si la croissance de la population était positive, nous analysons les effets micro- et macroéconomiques de long terme de diverses options envisageables en matière de retraite. Tant la comparaison des conséquences macroéconomiques que l'analyse en termes de bien-être — individuel et social — nous incitent à conclure que, parmi les mesures étudiées et à supposer que la stagnation de la population française se confirme, le recul de l'âge légal de départ à la retraite apparaît comme nettement plus favorable que des alternatives telles que la réduction des prestations ou l'instauration d'un système pur de capitalisation.
    Due to the likely ageing of the French population over the coming decades, the future financing of the current public, « pay-as-you-go » pension system is quite worrisome. If the currently foreseen stagnation of the population materializes, a choice will have to be made between keeping the current system, which, in the long run, implies a rather substantial increment in social contribution rates, and altering the benefits. This article offers a framework for evaluating the long-run economic consequences of the various possible scenarios : it presents an overlap- ping-generations, general equilibrium model of the French economy in which individual choices concerning labour supply, consumption, saving and wealth accumulation are endogeneously derived from assumptions on tastes, technologies and institutions. Macroeconomic magnitudes are then simply obtained through exact aggregation of individual behaviours. Because all households' and firms' decisions are endogeneously determined in such a framework, the model is well suited for analysing the consequences on households' labour supply, consumption and saving behaviours, of such institutional changes as reforms in public pension schemes. After the description of the model itself, we present the results of a few demographic variants, which clearly show that the current system would be sustainable in the long run only if population growth is positive. The micro- and macroeconomic effects of various possible options for the future public pension scheme in France are then discussed. The comparison of macroeconomic outcomes and the — individual and social — welfare analysis suggest that, if the forecast of a stagnating French population comes true, raising the legal retirement age would clearly dominate other alternatives such as curtailing benefits or switching to a pure capitalization scheme.
  • Royaume-Uni : d'une récession à l'autre - Christine Rifflart p. 151-193 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Au troisième trimestre 1990, l'économie britannique entrait en récession. Un an plus tard, le PIB se redressait légèrement en raison de la seule production énergétique. Sur l'ensemble de la période, il a reculé de 3,3 %. La majeure partie de l'ajustement nécessaire pour ramener le Royaume-Uni vers une situation économique gérable semble avoir été réalisé, les déséquilibres accumulés entre 1988 et 1990 ayant perdu leur caractère insupportable. L'inflation a été ramenée de 10 % en rythme annuel à la veille du mini-choc pétrolier à 4,5 % au cours des derniers mois de 1991, et le déficit courant s'est réduit sensiblement. Après onze années de gestion Thatchérienne, empreintes de libéralisme économique et d'un monétarisme plutôt pragmatique, les rigidités structurelles de l'appareil productif n'ont pas été enrayées. Le retournement conjoncturel reste plus violent et les tensions inflationnistes plus fortes qu'ailleurs. Pourtant, la rupture avec les anciennes pratiques de gestion conjoncturelle de l'activité, le retour aux lois du marché, et l'établissement de la Stratégie financière à moyen terme auraient dû permettre selon les autorités de casser les anticipations inflationnistes et de restructurer l'appareil productif, d'autant que le relâchement des contraintes externe et budgétaire était assuré jusqu'en 1985 par l'atout pétrolier. Après la récession de 1980-1981 les entreprises, surtout manufacturières, enregistrent des gains de productivité élevés et réalisent des profits substantiels, alors que le marché de l'emploi reste déprimé et la demande modérée. Ce n'est véritablement qu'après le contre-choc pétrolier que l'activité britannique s'accélère. La demande devient de plus en plus vive, stimulée dans un premier temps par les revenus réels en croissance rapide des ménages. Dans un second temps, elle est fondée sur l'endettement croissant des agents privés permis par la déréglementation excessive des marchés financiers et favorisé par l'optimisme régnant. Devant la vigueur de la demande et les facilités de financement, les entreprises investissent massivement, surtout dans le secteur tertiaire. Mais dès 1988, la situation financière se dégrade sous l'effet de l'épuisement des gains de productivité et de l'accélération des hausses de salaires, alors que le poids des charges financières s'alourdit. L'inflation salariale, alimentée par les anticipations inflationnistes élevées, se fait plus aiguë alors que les excès de l'endettement passé apparaissent avec la hausse des taux d'intérêt. L'ajustement obligé des entreprises mettra en avant les déséquilibres financiers des ménages quelques trimestres plus tard, avec la baisse de l'emploi et donc des revenus. Au boom de la consommation et de l'investissement succèdent les difficultés financières des agents privés. La récession semble avoir réduit les déséquilibres conjoncturels mais les tentatives de réduction des anticipations inflationnistes menées tout au long de la décennie quatre-vingt ont échoué. Le dernier espoir de leur ralentissement repose sur l'entrée de la livre dans le SME. Dans ces conditions, la croissance de l'activité en 1992 ne pourra qu'être lente, car hypothéquée par les séquelles de l'ajustement récent, confrontée à un environnement international morose jusqu'au deuxième semestre 1992, et contrainte désormais par les obligations monétaires de l'intégration européenne.
    The british economy entered a recession during the third quarter of 1990. A year later, Gdp posted a small growth entirely due to a surge in oil production. Over that period, it declined by 3,5 %. Meanwhile, those imbalances that had surged between 1988 and 1990 have more or less disappeared. The economic situation is therefore more manageable. But structural rigidities have not been wiped out by 11 years of Thatcherism where liberalism was combined with a rather pragmatic approach of monetarism. Both the cyclical downturn of activity and the inflationary pressures remain more violent than elsewhere. This might look surprising in face of the shift in short term policies that actually occured and of the implementation of the Medium Term Financial Strategy. Both held a deep restructuation of supply as their major aim and benefited from the easing of external and budgetary constraint provided by oil receipts up ti 1985. After the 1980-1981 recession, firms indeed registered rapid productivity gains and increasing profits, especially in the manufacturing sector, while the labor market remained depressed and final demand recovered slowly. Economic activity accelerated its pace after the oil counter-shock. The rise of final internal demand was first helped by that of real household's income. But it went on, relying upon an indebtedness of all private economic agents that was made possible by the excessive financial deregulation. Fast increasing markets and easy access to credit led the firms to invest massively, especially in the services. But their financial situation started to deteriorate in 1988 because productivity gains slowed while wage demands accelerated ; the burden of interest rates grew heavier. The unescapable adjustment of firms led to a drop in employment and real revenues of households, who subsequently were also confronted to financial difficulties. Both investment and private consumption diminished. The recession has apparently delt with short term imbalances, but the fight against inflationary anticipations led throughout the 80's proved to be a failure. The last hope in that field is now based upon the monetary constraint provided by the EMS. Under those circumstances, and given the lack of dynamism of international environment, economic activity will only be able to grow at a moderate pace in 1992.
  • Réunification allemande et croissance européenne : un espoir déçu ? - Hélène Harasty, Jean Le Dem p. 195-217 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Deux ans après la chute du mur de Berlin, l'espoir des partenaires européens de l'Allemagne fait place à la déception. La croissance est restée cantonnée outre-Rhin, alors que le reste de l'Europe s'enfonçait dans la récession. A qui la faute ? Pas à la réunification à proprement parler : l'afflux d'immigrés à l'Ouest et surtout les ventes de marchandises à l'Est ont eu les effets bénéfiques escomptés sur l'activité, grâce aux transferts massifs que Bonn a su rapidement mettre en place pour faciliter l'intégration des cinq nouveaux Lànder. La responsabilité tient plutôt à la politique économique adoptée : plus que les effets de la croissance, ce sont les hausses de fiscalité indirecte destinées à limiter le déficit public qui ont nourri l'inflation et provoqué le durcissement de la Bundesbank. Les marchés financiers ont donc vu leurs anticipations sur la hausse des taux d'intérêt et l'appréciation des monnaies européennes vis-à-vis du dollar confortées. Les simulations rétrospectives réalisées avec le modèle MIMOSA permettent de chiffrer l'impact de ces différents chocs. La réunification allemande a bien relancé les membres de la communauté et en particulier la France, mais cet effet positif passé inaperçu devrait s-atténuer en 1992.
    Two years after the breakdown of the Berlin wall, partners of Germany do not feel hopeful but desappointed. Growth was restricted to West Germany ; meanwhile, the rest of Europe went deeper and deeper into recession. Whose fault is it ? Not of reunification itself : immigrants flows to West and goods flows to East showed the expected impacts on activity, thanks to massive transferts quikly set up by Bonn in order to ease the integration of the five new Lander. The adopted policy-mix seems more responsible for the situation : more than impacts of growth, indirect tax increases taken to reduce public deficit fed up inflation and incited Bundesbank to react harder. The expectations of financial markets, which increased the long run interest rate and the exchange rate, were confirmed by this way. The historical simulations run with the MIMOSA model allow to measure the impact of these different shoks. German reunification did affect positively its partners in 1991, even if it was not obvious ; but this should diminish from 1992.
  • Chronologie 1991 - Sylvie Le Golvan, Christine Paquentin p. 219-235 accès libre
  • Summaries in English - p. 237-240 accès libre