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Titre Fêtes nationales et régime dictatorial au Brésil
Auteur Maud Chirio
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 90, avril-juin 2006 Varia
Page 89
Résumé Le régime militaire brésilien (1964-1985) repose selon l'historiographie dominante sur la « doctrine de la Sécurité nationale », qui suppose l'imminence d'une guerre révolutionnaire contre le communisme. Cette interprétation univoque omet l'importance d'une culture politique de longue durée des militaires au pouvoir, où l'armée est présentée comme historiquement modératrice du jeu politique et protectrice de la Nation contre les extrêmes, ce qui situe le coup d'État dans la continuité de l'histoire nationale. 1964 est donc moins une rupture qu'un aboutissement, celui d'un « destin de grandeur » du Brésil dont l'armée est le garant. Cette image du rôle de l'armée brésilienne est la base d'une stratégie de légitimation historique et nationale du régime militaire. Elle se traduit par un ensemble de politiques symboliques étudiées dans cet article, notamment la sacralisation des symboles nationaux et une inflation sans précédent des célébrations des fêtes patriotiques telle que la commémoration de l'indépendance. Celles-ci ont pour rôle, outre de placer le régime dans la tradition nationale, de construire l'image paradoxale d'un pouvoir démocratique et populaire. L'étude de la mise en scène des commémorations de l'indépendance permet donc de mieux comprendre l'ambiguïté de la dictature brésilienne : justifiée par la supériorité morale et intellectuelle des militaires, seuls à même de guider la nation, elle ne parvient pas à se départir d'une légitimation démocratique et populaire.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais — The Brazilian military regime (1964-1985), according to the dominant historical record, is based on the « national security doctrine », which supposed the imminence of a revolutionary war against communism. This unambiguous interpretation neglects the importance of a longstanding political culture of power in the hand of the military, in which the army is presented as being a historically moderating force on the political scene and protective of the Nation against extremes, which places a government overthrow in the continuity of national history. 1964 is thus less than a breaking point than an end result, that of Brazil's « great destiny », with its army as its guarantee. This image of the Brazilian army role is the basis of a strategy of historical and national legitimacy of the military regime. It was developed by a set of political symbols studied in this article, in particular, elevating national symbols to the sacred and inflating patriotic holiday celebrations like the commemoration of independence to the highest. Their role, aside from placing the regime in the national tradition, was to construct the paradoxical image of a democratic and popular democracy. The study of the staging of the independence commemorations makes the ambiguity of the Brazilian dictatorship understandable : justified by the moral and intellectual superiority of the military, the only ones able to guide the nation, it was not able to depart from a democratic and popular legitimacy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_090_0089