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Titre Quand le goût ne fait pas la pratique. Les musiciens amateurs des orchestres d'harmonie
Auteur Dubois Vincent, Méon Jean-Matthieu, Pierru Emmanuel
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 181-182, mars 2010 Les partitions du goût musical
Page 106-125
Résumé Pratique musicale collective et amateur, la musique d'harmonie représente un terrain propice pour penser les relations entre goûts et pratiques musicales. La population des harmonies est constituée de musiciens aux profils de mobiles sociaux ascendants d'origine populaire. Leurs goûts musicaux témoignent de l'effet de rémanence exercé par ces origines. Les goûts exprimés sont en effet proches de ceux des catégories populaires, c'est-à-dire qu'ils relèvent principalement d'un éclectisme indistinct ou, pour les jeunes musiciens, d'un éclectisme jeune. L'éclectisme éclairé n'y est que marginal. Les oppositions qui structurent l'espace des musiciens ne renvoient alors pas à des différences de goûts mais plutôt à des rapports différenciés à la pratique (valorisée pour ses dimensions musicales, de pratique instrumentale, ou pour ses dimensions associatives, de sociabilité). Les sujets de conversation entre musiciens le confirment : ni la musique ni les goûts musicaux ne sont des sujets privilégiés de discussion au sein des sociétés de musique. Ces sociétés sont des lieux où l'on pratique la musique bien plus qu'on en parle. En ce sens, le lien entre préférences esthétiques et pratique apparaît ici comme absent, sinon inversé (la pratique définissant les goûts et non l'inverse).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais As a collective musical practice performed by amateurs, harmonic music provides a test case for studying the relationships between musical tastes and practices. Harmonic orchestras tend to comprise upwardly mobile musicians of modest origins. The tastes they express are indeed close to those of the lower classes, to the extent that they reflect an undiscriminating eclecticism or, in the case of younger musicians, a youthful eclecticism. Enlightened eclecticism remains marginal. The oppositions that structure this musical space do not reflect differences in tastes, but rather differentiated approaches to practice (valorized for its musical dimension, for the practice of an instrument, or for its dimension of sociability). This is confirmed by the topics of conversation between musicians: neither music nor musical tastes are privileged topics of conversation within musical societies. The latter are places where one practices music much more than one talks about it. As a result, the relationship between esthetic preferences and practice seem to be lacking, when it does not seem to be inverted (with practice defining tastes rather than the other way round).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_181_0106