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Titre Les cultes de la kola dans l'Afrique coloniale : trajectoires et appropriations d'un phénomène religieux
Auteur Manière Laurent
Mir@bel Revue Autrepart
Numéro no 56, 2010 Migrations et transformations des paysages religieux
Page 193-211
Résumé Au cours de la première moitié du XXe siècle, les cultes de la kola connurent un important succès dans l'Afrique coloniale, se propageant du nord de la Gold Coast jusqu'au Nigéria, en passant par les territoires du Togo et du Dahomey. Les populations littorales intégrèrent la noix de kola et d'autres éléments rituels venus du Nord dans leurs systèmes religieux avec des développements assez différents selon les régions. La noix de kola étant un élément essentiel de ces rites, on les regroupe souvent sous le nom générique de Goro (kola en hausa) ou Gorovodu mais on les connaît également sous les appellations de Atike (médicament), Kunde, Tron. Derrière ces dénominations se cachent en réalité plusieurs divinités dont les mouvements (tant au point de vue géographique que symbolique) se révèlent difficiles à appréhender tant leurs rituels semblent s'être constitués par agrégation d'influences diverses (chrétiennes, vodu, musulmanes), évoluant selon les territoires qu'elles traversaient. Le succès de ces cultes déplut aux missionnaires chrétiens qui décrivirent le phénomène dans une série de monographies. Les analyses consacrées aux cultes de la kola ont souvent commenté leur aspect symbolique mais ne se sont pas réellement intéressées à leur trajectoire historique et spatiale. Si dans les années 1920, la capacité d'emprunter et d'innover en matière religieuse n'était absolument pas un phénomène nouveau, la nature et l'intensité des réseaux humains et matériels, les nouvelles frontières mises en place, l'action évangélisatrice de certaines sociétés missionnaires, la désorganisation sociale et les rivalités politiques nées avec la colonisation ont eu en effet une influence déterminante dans le parcours de ces cultes. En quelques années seulement, ils ont pu traverser les lignes et les frontières du monde colonial et trouvé leur place dans un nouvel espace intermédiaire trans-culturel et trans-social.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Kola cults in colonial Africa : trajectory and appropriation of a religious phenomenon Amongst the healing rituals which had a considerable success in colonial Africa, kola cults spread from the Gold Coast to Togo and Dahomey, where they integrated vodu universe. The kola nut is an essential element in these healing rituals, so they are often grouped together under the generic name Goro, Gorovodou (Goro means kola in hausa) but are also referred to as Atikevodou (medicine) or Tron. Their success did not please the Christian missionaries, who described the phenomenon in a series of monographs. In 1926, Monseigneur Auguste Hermann, vicar apostolic of the Lower-Volta, was the first to denounce the arrival of Kunde, “still known as Atike or Goro” in British Togo. Monseigneur Cessou, vicar apostolic of Togo, took an active interest in its diffusion throughout the French part of Togo between 1928 and 1934. The colonial administration was equally concerned by the spreading of the cult, and closely observed its followers before the Second World War. Behind what colonial authors unanimously name Goro lies a much varied reality and several divinities as Kunde. Current analyses, essentially the work of anthropologists, are rare. Our objective is to describe the trajectory of kola cults and their incorporation into vodu order, insisting on the ritual dedicated to Kunde. The movements of this cult (both geographically as well as symbolically) are difficult to comprehend given that its ritual seems to have been constituted by an aggregation of various influences (Christian, Vodu, Muslim). It is precisely this trajectory and this appropriation which we will concentrate on. If the capacity to borrow and innovate is not a phenomenon which came into being during the colonisation, then this case of religious recomposing poses a problem within the colonial context. Both the nature and intensity of human and material networks, new borders, the Evangelical action of certain missionary groups, the social disorganisation and the political rivalries which came with colonialism, all had an influence on the constitution of these kola cults and their success.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AUTR_056_0193