Titre | La crise énergétique en Pologne et ses rapports avec la politique économique et sociale | |
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Auteur | Claude Simon | |
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest | |
Numéro | Vol. 6, 1, 1975 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 163-198 | |
Résumé |
L'auteur se propose de rechercher dans quelle mesure la crise énergétique mondiale commencée fin 1973 peut expliquer les diverses mesures restrictives, la hausse des prix et l'aggravation du déficit de la balance commerciale au cours de l'année 1974 en Pologne.
Dans une première partie, consacrée au bilan énergétique des pays du C.A.E.M., il apparaît que, dans l'immédiat, cette communauté économique dans son ensemble se suffit à elle-même, surtout grâce aux ressources de l'U.R.S.S. dont les livraisons, de pétrole notamment, sont faites à des prix constants, valables jusqu'à la fin de 1975. Cependant, dans quelques pays, l'insuffisance des investissements dans l'énergie électrique depuis la fin de la guerre a créé parfois des situations de pénurie. Par contre, à moyen terme, la situation est moins claire : en effet, d'une part, les centrales nucléaires en nombre important, n'entreront en service qu'à la fin des années 1980 et, d'autre part, les disponibilités en pétrole de PU.R.S.S. ne paraissent pas, dans la connaissance actuelle des réserves, suffisantes pour continuer au même rythme l'expansion des exportations, même vers ses partenaires du C.A.E.M. ; au surplus, leur mise en valeur pose des problèmes technologiques et de financement qui font l'objet de négociations difficiles avec les pays occidentaux.
Aussi PU.R.S.S. incite-t-elle ses associés à développer dès maintenant les achats de pétrole aux autres pays producteurs.
Dans le cas particulier de la Pologne, examiné ensuite, ce pays ne dispose que de faibles ressources en pétrole et en gaz naturel, en revanche, sa production croissante de houille et de lignite permet des exportations en progression constante et à des prix en augmentation à l'égard de clients occidentaux; il n'en demeure pas moins que dans son bilan énergétique la Pologne dépendra de plus en plus des importations. Les conséquences de cette situation et le rapport de celle-ci avec certaines difficultés actuelles sont analysés dans la troisième partie. Tout d'abord, les deux trains de mesures prises en novembre 1973 et en décembre 1973 pour économiser l'emploi de l'essence, du fuel et aussi des autres matières premières sont justifiés par la nécessité de redresser la balance commerciale ; elles ont aussi un caractère préventif en vue du renchérissement attendu des importations de ces produits au cours des années prochaines et s'inscrivent d'ailleurs dans le cadre plus vaste de lutte contre le gaspillage des matières premières menée depuis des années sans succès décisif jusqu'à présent.
Mais l'analyse de la balance commerciale prouve que la détérioration de son bilan, essentiellement avec les pays occidentaux développés, et ce depuis 1971, tient à la politique du nouveau gouvernement (nommé après les événements de décembre 1970) tendant à améliorer le niveau de vie et plus encore à moderniser rapidement l'équipement industriel du pays par des achats massifs à l'Ouest. Ce changement de la politique commerciale joint à un endettement extérieur croissant s'est produit malencontreusement au moment où augmentaient les prix des matières premières et des produits finis, livrés par le monde occidental, et le rapport des termes de change n'a fait qu'empirer en 1974.
Simultanément, et en partie sous la pression de la base, le gouvernement a adopté le 19 janvier 1974 un vaste programme de mesures sociales ? relèvements catégoriels des salaires, amélioration des prestations sociales et des retraites, etc., ainsi qu'en faveur de l'agriculture ? la plupart en avance sur l'échéancier fixé en 1971-1972, d'un tel coût financier qu'il a fallu augmenter substantiellement certains prix de sorte que l'indice des prix de détail de biens et de services a augmenté de 0,7 % du dernier trimestre 1973 au second trimestre de 1974, fait exceptionnel dans les pays de l'Est. Cette hausse a été justifiée par la redistribution des revenus et c'est le cas évidemment de l'augmentation des prix de l'essence de 70-80 % puisque les prix du brut qui est totalement importé de 1'UJl.S.S., de même que la plus grande partie des produits traités, n'ont pas changé en principe.
Aussi, face au danger d'inflation, les autorités ont lancé de nouvelles campagnes pour l'accroissement de la productivité, l'abaissement des prix de revient, la concentration des investissements et la discipline dans les salaires.
On trouvera en annexe le détail des mesures d'économie des carburants et des matières premières et, surtout du programme social : à l'occasion de celui-ci, de nombreuses précisions chiffrées ont été données que l'on ne trouve pas ? ou difficilement ? dans les publications statistiques officielles. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
The Energy Crisis in Poland and its Impact on Social and Economie Policy.
The question raised in this article is to what degree can different restrictions, the rise in prices and the increased deficit of Poland's balance of trade for the year 1974, be attributed to the world energy crisis, whose effects began to be felt in 1973.
The first part of the analysis is devoted to the CEMA energy balance. For the present the bloc appears self-sufficient, mainly due to fuel deliveries from the USSR which are assured at fixed prices through 1975, notwithstanding that certain countries suffer from a penury of electric energy due to the lag in investments in this area since the end of the war. However, the middle term situation appears less clear; an important number of nuclear installations will not be in service until 1980, and the Soviet Union's fuel excess does not seem sufficient, in view of present reserves, to continue increasing exportations at the present pace, even to the CEMA countries. In addition to this, the exploitation of certain resources is encountering technological and financial difficulties which depend to some extent on dealings with the West.
Hence, the USSR is encouraging her CEMA partners to develop trade agreements with other petroleum exporting countries.
Poland is in a particular situation. Although lacking petroleum and natural gas resources, an increased coal production enables her to export more and more to the West at higher prices. In spite of this, Poland's energy balance depends to an ever increasing extent on importations.
The consequences of this situation and present difficulties are analyzed in the third part of the article. First, the two series of restrictions placed on the use of fuel and raw materials in November and December 1973, in a effort to adjust the balance of trade seem justified since they are also designed, in the larger framework of the struggle against the waste of raw materials, to have a certain stabilizing effect on future price rises for these products.
An analysis of the balance of trade indicates that Poland's unbalanced commercial activity with the West since 1971, is due to the policies of the new government (in office since the events of December 1970) aimed at improvement of the standard of living, and rapid modernization of the country's industrial equipment through massive purchases from the West. The changes in policy along with increased foreign indebtedness unfortunately coincided with the rise in the prices of industrial goods and raw materials in the West and an increasingly lower rate of exchange which has continued to fall since 1974.
Spontaneously, and partly under pressure from the population, the government, on January 1974, adopted a vast program of social reforms ? increased wages, social security, pensions, etc. and aid to agriculture. The greater part of these increases were higher than those fixed by the budget at the beginning of the Five Year Plan. The financial burden was such that it became necessary to increase certain prices, which are reflected in the index of retail prices for goods and services by an increase of 0.7 °/o between the last quarter of 1973 and the second quarter of 1974, exceptional in the Eastern bloc. But the redistribution of incomes and the increase in gasoline prices of 70 to 80 °/o are mainly responsible, since the price of crude oil, which is entirely imported from the USSR, as well as those of most of the refined products, have not, in principle, changed.
Faced with inflation the authorities have launched new productivity campaigns to lower the cost of production and are also encouraging concentration of investments and salary control.
The annex includes many interesting data, concerning the social reforms, as well as the economic restrictions on carburants and raw materials which are not easily obtainable elsewhere. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1975_num_6_1_1949 |