Titre | La fixation des prix en Allemagne de l'Est : les occasions manquées d'une réforme | |
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Auteur | Phillip J. Bryson | |
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest | |
Numéro | Vol. 6, 2, 1975 | |
Rubrique / Thématique | Allemagne de l'Est |
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Page | 137-154 | |
Résumé |
Les économistes ont longtemps considéré comme irrationnelles les structures de prix en vigueur dans les pays socialistes étant donné qu'elles ont donné naissance à des prix rigides et ne reflétant pas la rareté. Le recours à l'approche marxiste de la fixation des prix, qui accentue les coûts moyens (plutôt que marginaux) de production et une marge de profit donnée ? « plus-value » ? se sont combinés avec d'autres facteurs pour biaiser la fixation socialiste des prix.
Baumol et Bradford ont démontré que le caractère inévitable d'un certain déficit des entreprises et d'autres ressources nécessaires à l'Etat va entraîner telle ou telle forme de taxation des entreprises nationalisées, obligeant à s'écarter de la fixation des prix fondés sur le coût marginal. Dans l'idéal, les prix « quasi optimaux » qui en résulteront s'écarteront des valeurs marginales de manière inversement proportionnelle à l'élasticité de la demande.
Au cours des années soixante, l'Allemagne de l'Est a ouvert un débat sur les conditions nécessaires à la réussite des réformes de prix, a entrepris une révision massive des prix et a introduit son « Nouveau système économique ». Avant la fin de la décennie, il était devenu évident qu'une nouvelle approche du problème de la fixation des prix, une décentralisation plus poussée des pouvoirs de décision en la matière et un recours croissant au mécanisme des prix pour contrôler la consommation, pourraient amener en Allemagne de l'Est une structure plus favorable des prix et un fonctionnement amélioré des institutions. Au plus fort de la période de réforme, les tendances paraissaient les suivantes : (1) accorder plus d'attention aux considérations d'élasticité de la demande, (2) encourager la maximisation du profit dans un nombre accru de secteurs industriels, (3) rechercher davantage de ressources sociales, destinées à des fins publiques, par le biais de l'impôt sur le chiffre d'affaires (appliqué en ne perdant pas de vue l'élasticité-prix de la demande) et (4) utiliser le mécanisme des prix pour orienter la consommation. Ces tendances paraissaient autant de manières de se diriger progressivement vers une fixation des prix rappelant la théorie de « quasi-optimalité » définie par Baumol-Bradford.
En 1970, la R.D.A. commença à désespérer de son système de réformes économiques. Insuffisamment développées sur le plan théorique, appliquées de façon incomplète et inconséquente, les mesures de réforme n'ont eu que des résultats décevants. La concurrence s'accroissant pour les ressources d'investissement (en raison d'une disparité entre les préférences structurelles des chefs d'entreprise et des planificateurs), les tentatives de réforme furent largement abandonnées. L'Office des prix du Conseil des Ministres a retrouvé toutes ses prérogatives en matière de fixation des prix et le flot de littérature économique sur ce thème s'est pratiquement tari. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
East German Pricing: the Lost Opportunities of Miscarried Reform.
Economists have long evaluated the pricing structures of the socialist countries to be irrational, since pricing institutions in those countries have given rise to rigid, non-scarcity prices. Utilization of the Marxian approach to price formulation with its emphasis on average (rather than marginal) costs of production and a given, "surplus-value" profit markup has combined with other sources of bias in socialist pricing.
Baumol and Bradford have demonstrated that the inevitability of some enterprise deficits and other state revenue needs will imply some kind of taxation on nationalized industries necessitating departures from marginal-cost pricing. Ideally, the resultant "quasi-optimal" prices will deviate from marginal values in magnitudes inversely related to the elasticity of demand.
In the 1960s, East Germany initiated a formal discussion on the requirements for successful price reforms, began a massive price revision and introduced its "New Economic System". It appeared, before the arrival of this decade, that new approaches to the problem of price formulation, greater decentralization of price-setting prerogatives, and more substantial reliance upon the price mechanism to control consumption patterns could bring about a more favorable price structure and more favorable institutions in East Germany. At the height of the reform era there seemed to be tendencies (1) to pay more attention to considerations of demand elasticity, (2) to encourage profit maximization in greater segments of industry, (3) to seek greater social revenues for public purposes through turnover taxes (applied with an eye to price elasticity of demand) and (4) to use the price mechanism to direct consumption patterns. These trends gave the appearance of a tâtonnement process toward pricing practices reminiscent of the Baumol- Bradford "quasi-optimality" theory.
By 1970 the G.D.R. had begun to despair of their system of economic reforms. Insufficiently developed conceptually, and incompletely and inconsistently implemented, reform measures provided only disappointing outcomes. As the competition for investment resources (arising from the disparity of structural preferences of managers and planners) began to threaten central control over aggregate development processes, the reform endeavor was largely abandoned. Pricing discretion was restored to the Office of Pricing of the Ministerial Council, and the flow of economic literature on pricing essentially ceased. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1975_num_6_2_1964 |