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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 6, 2, 1975 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Relations Est-Ouest
- Les relations commerciales soviétiques et l'évolution politique en U.R.S.S - John P. Hardt p. 7-42 L'amélioration des résultats économiques est, après la sécurité, la préoccupation essentielle des dirigeants soviétiques. L'évolution des techniques et une stimulation accrue au niveau de la consommation constituent, semble-t-il, deux moyens d'assurer un développement économique aussi bien quantitatif que qualitatif. Les relations commerciales et les transferts de technologie occidentale sont probablement les solutions choisies de préférence pour stimuler l'activité économique. La réorientation de l'allocation des ressources rares, détournées du domaine militaire et d'autres programmes prioritaires, et la réforme du système de planification et de gestion ne rencontrent pas la même faveur auprès des autorités soviétiques. Dans cet article, on veut démontrer que le commerce extérieur est sans doute insuffisant pour répondre aux besoins économiques croissants. Il est évident que l'importation d'équipements et de techniques occidentaux très perfectionnés vont renforcer les pressions favorables à un changement de la politique d'allocation des ressources et à des réformes économiques dans certains secteurs bien définis. Les dirigeants soviétiques, confrontés au coût politique d'une refonte de l'allocation des ressources et d'une réforme du système de contrôle de l'économie, peuvent choisir de ne pas tirer le maximum d'avantages des transferts de technologie. Dans une situation de crises économiques périodiques, motivant une transformation de l'économie, les dirigeants soviétiques semblent vouloir rester pragmatiques en cherchant à minimiser les coûts politiques et maximiser les avantages économiques que leur ouvre la technologie occidentale pour atteindre des objectifs élevés dans les secteurs économiques prioritaires.Soviet Commercial Relations and Political change. Improved economic performance is, next to security, the primary problem of Soviet leadership. Technological change and increased consumer incentives appear to be the twin vehicles for the enhanced quantity and quality of economic development. Commercial relations and technology transfer from the West are probably preferred means of stimulating economic performance. Reallocation of scarce resources from military and other priority programs and reform of the planning and management system are less preferred changes. In this essay it is argued that foreign trade is not likely to be enough to meet expanding economic needs. Indeed, importation of technologically advanced Western equipment and techniques is likely to increase the pressure for change in resource allocation policy and selective economic reform rather than reduce it. Soviet leaders, faced with the political cost of changed resource allocations and reform in the system of economic control, may settle for much less than the optimal economic benefits from foreign technology transfer. With recurrent economic crises as the motive power for economic change the Soviet leadership appears to be pragmatically seeking to minimize the political costs and maximize the economic gains open to them by Western technology in meeting performance goals in priority economic areas.
- Les relations commerciales soviétiques et l'évolution politique en U.R.S.S - John P. Hardt p. 7-42
Pologne
- La praxiologie de Kotarbinski et son application à l'économie - Marian L. Piotrowski p. 43-60 Le but de cet article est de rendre compte des travaux menés pendant plus de cinquante ans par le philosophe et logicien polonais, Tadeusz Kotarbinski, qui s'est penché sur la praxiologie ou théorie de l'acte efficace. Marian L. Piotrowski se fonde sur les Essais pratiques et le Traité de l'action efficace de Kotarbinski pour examiner les possibilités d'application des évaluations et normes praxiologiques au domaine économique et du concept de rationalité à la planification. Le terme de praxiologie apparaît pour la première fois en 1897 (dans un article d'Alfred Espinas intitulé Les origines de la technologie) et a été repris et développé depuis par nombre de chercheurs dont von Mises, Oskar Lange, Raymond Aron, etc. Néanmoins, le concept de praxiologie reste encore assez mal défini (il s'agit en principe d'une science dont l'objet principal est l'étude du comportement humain). Pendant longtemps, la méthode praxiologique a été utilisée en Occident, dans les pays industriels développés, comme un mode d'évaluation des résultats dans différents domaines d'activité et notamment dans l'économie. L'idée de concevoir la praxiologie comme une méthodologie générale semble être la pierre de touche des théories de Kotarbinski. Mais il y fait appel aussi pour évaluer une action économique et c'est cet aspect qui a retenu plus particulièrement l'attention de l'auteur du présent article. Selon Kotarbinski, « De deux actions de valeur identique dans des conditions données, la plus économique est celle qui est au moindre coût ; de deux actions impliquant une dépense identique, la plus économique est celle qui est la plus productive». Kotarbinski établit ensuite une distinction entre les économies de coûts et la productivité qu'ils considère comme les deux aspects de l'économie de l'action. Pour Kotarbinski, la praxiologie est une tentative de découvrir in abstracto la règle de l'action efficiente. L'économie est moins générale que la praxiologie dans la mesure où elle cherche à créer des conditions où l'on utilisera les méthodes les plus rationnelles pour satisfaire les besoins matériels. En d'autres termes, les évaluations spécifiquement économiques devraient résulter d'évaluations praxiologiques générales tandis que les normes praxiologiques devraient pouvoir s'appliquer aux décisions économiques. Quelles sont les directives générales qui émanent pour un économiste des catégories, valeurs et normes praxiologiques ? Selon Kotarbinski, elles peuvent se résumer à (1) la clarification des concepts, (2) l'application de la norme logique de l'énoncé qui convient à la situation donnée, et (3) la justification mutuelle des propositions des deux disciplines, à savoir la praxiologie et l'économie. De même, il définit des normes d'efficience, cette dernière étant liée à la probabilité subjective ou objective d'atteindre le but prévu. Enfin, Marian L. Piotrowski rappelle les normes présidant à une planification efficiente telles que Kotarbinski les a formulées : (1) applicabilité ou pertinence par rapport à l'objectif, (2) praticabilité, (3) économie, (4) précision, (5) unité, (6) continuité, (7) flexibilité et (8) rationalisation.Kotarbinski's Praxiology and its Application to Economies. The works carried on over a period of fifty years in the field of praxiology (or efficient practice) by the Polish philospher and logician Tadeusz Kotarbinski are brought to our attention in this article. Practical Essays and The Theory of Efficient Action are examined in the light of the possible application of praxiological standards and estimations in the field of Economics and national planning. The term "praxiology" first appeared in 1897 in an article by Alfred Espinas, entitled "The Origins of Technology" and was later developed by von Mises, Oskar Lange, Raymond Aron, etc. In spite of this, the concept of praxiology (or the study of human behavior in given conditions) has remained somewhat obscure. For some time praxiological methods were employed in the West in developed countries as a means of evaluating results in different fields of activity, namely Economics. Kotarbinski considered Praxiology as a general methodological approach and as such, applicable in evaluating economic activity. He applied the f «lowing aphorisms to this type of application: "Between two actions of identical value under given conditions, the most economical is the least costly; for two actions incurring identical expenditures, the most economical is the most productive". He also established a distinction between cost economy and productivity, to be considered as two aspects of the dynamics of Economics. ' In short Kotarbinski's praxiology attempts to discover the abstract rule for efficient action. He considered that in its application, the scope of Economics is more limited than that of Praxiology in that it seeks to create conditions where the most rational methods will be used to satisfy material needs, whereas Praxiology has vaster ambitions. From this it follows that specifically economic evaluations can result from general praxiological evaluations and that praxiological standards are applicable to economic decisions. According to Kotarbinski, the general function of praxiological standards, values and categories is: (1) to clarify concepts, (2) to apply the logical norm to a given situation and (3) to justify mutual propositions between two scientific spheres (in the case in point, Praxiology and Economics). Efficiency standards according to Kotarbinski are linked to the objective and subjective probability of attaining a given goal. Finally, the author recalls that the standards for efficient planning are: (1) applicability or pertinence to the problem, (2) practicability, (3) economy, (4) precision, (5) unification, (6) continuity, (7) flexibility and (8) rationality.
- Secteur privé ou secteur de l'économie individuelle - Stanislaw Ehrlich p. 61-71 L'auteur soulève le problème des services à la population organisés dans le cadre d'unités appartenant aux différents secteurs de l'économie: étatique, coopératif et « privé ». Ce dernier terme a longtemps conservé une connotation péjorative qui, pour l'auteur, n'est plus fondée à l'heure actuelle. Le secteur de l'économie individuelle occupe une place importante en Pologne puisqu'il regroupe des millions de paysans, quelque 370 000 artisans et un nombre difficile à évaluer d'arboriculteurs, de chauffeurs, de commerçants, de restaurateurs, etc. Pour Ehrlich, il devient absolument injustifié de maintenir ce secteur en marge de l'économie socialiste en fonction du seul critère de la propriété des moyens de production. L'auteur défend la petite industrie dont l'abandon au profit des entreprises géantes a été néfaste, notamment dans le domaine des services (éloignement du consommateur, mauvaise estimation de ses besoins, etc.). Il recommande une stabilisation et un développement des secteurs coopératif et individuel ainsi qu'une décentralisation des décisions économiques justifiée par le caractère local de la petite production et des services. Il prône également une extension des différentes formes d'aide de l'Etat (matériaux, crédits, information sur les progrès techniques en ce domaine, etc.) de manière à permettre un développement du secteur individuel, intégré dans l'ensemble de l'économie socialiste. , -,Private or Individual Economie Sector. Here the problem is treated of how to organize services to the population which depend on different economic sectors (state, cooperative or private). The author considers that the unpopular connotation given to the "private" sector is no longer valid. . -The individual economic sector in Poland occupies millions of peasants, some 379,000 artisans and a number, difficult to evaluate, of fruit growers, chauffeurs, shop and restaurant keepers, etc. Ehrlich considers it unjustified to maintain this sector in a marginal economic position on the grounds that it constitutes private ownership of the means of production. The author deplores the replacement of small industry, particularly in the field of services, by gigantic firms which are out of touch with consumer demand, needs, etc. He recommends development of the cooperative and individual sectors, the decentralization of economic decisions of local character and the extension of state allocations of certain goods and services (raw materials, credit, information on technical progress, etc.) which would permit the integration of the individual sector in socialist economy.
- Le système des entreprises pilotes en Pologne - Anna Darska p. 73-135 Au lendemain du VI* Congrès du parti ouvrier unifié polonais une commission mixte du parti et du gouvernement fut créée pour la modernisation du fonctionnement de l'économie et de l'Etat; elle élabora en 1971-1972 un nouveau système de gestion des organisations économiques polonaises . Ce sont les entreprises pilotes ou Grandes Organisations Economiques (W.O.G.) qui furent chargées de mettre en pratique le nouveau système économique et financier. L'objet de l'article est de tenter de déterminer, à partir des principes et de la courte période (3 ans) de fonctionnement s'il s'agit d'un aménagement de l'ancien système de planification administrative ou de sa transformation en une nouvelle forme de gestion des entreprises polonaises. Après avoir indiqué l'importance que tiennent dans l'industrie polonaise les entreprises pilotes (chap. I), l'auteur s'interroge sur le sens des modifications qu'apporte la réforme à l'organigramme de l'industrie polonaise. Les centrales des entreprises pilotes sont-elles un nouvel échelon administratif comme il en fût des anciennes unions ou de véritables états-majors d'unités économiques. D'après les structures organisationnelles mises en place, il semblerait que ces concentrations, traduisant un souci pour les économies d'échelle, constituent bien des entités économiques, bénéficiant d'une assez large autonomie (chap. II). Dans la seconde partie de l'article, l'auteur s'intéresse aux principales caractéristiques du fonctionnement de ce système. Le chapitre I présente le rôle joué par le plan dans le nouveau système. Le plan cesse d'être le critère du succès pour se présenter comme le cadre d'une action. Mais les limites du plan coercitif n'ont pas été précisées, et le système de remplacement des mécanismes concrets de fonctionnement n'a pas été encore mis en place, aussi l'ancien modèle de planification semble se maintenir dans la pratique. Le nouveau système se base pourtant sur des instruments indirects. Le système de motivations repose essentiellement sur l'utilisation d'un nouvel indice, celui de la production ajoutée, qui représente la valeur ajoutée de l'entreprise plus les variations de ses stocks. Le fonds de salaires est calculé à partir d'un paramètre, variable selon le type d'entreprise, dont le but essentiel est de définir une norme entre l'accroissement du fonds de salaires et l'accroissement de la production ajoutée. Si pour le fonds de salaires le stimulant matériel essentiel repose sur cette production ajoutée, le fonds des primes des cadres, lui, est déterminé par l'accroissement du bénéfice de l'entreprise. Le critère central dans le système de stimulants matériels mis en place est celui de la production ajoutée, c'est donc elle qui doit inciter les entreprises pilotes à éliminer les investissements non rentables, puisque maintenant, l'autofinancement est de règle. Les moyens financiers proviennent soit du crédit, soit des fonds propres, les dotations n'étant qu'exceptionnelles. Cependant, on constate que la planification des investissements reste soumise dans la plupart des cas aux décisions des pouvoirs centraux. La contradiction du nouveau système de planification des investissements réside dans le fait que ceux-ci, tout en étant financés par les moyens propres de l'entreprise (crédit remboursable et fonds propres), restent imposés « en haut ». Les difficultés d'application du nouveau système résultent donc avant tout de la coexistence de deux systèmes, l'ancien et le nouveau. L'intégration des différents éléments et leur coordination n'a pas été encore assurée. Le problème le plus important que pose le succès de la réforme est celui des prix. En effet comment pourraient-ils transmettre à l'entreprise les informations sur la demande, et comment pourraient-ils être des instruments de mesure de la rentabilité d'une production s'ils restent en désaccord avec la rareté et la valeur effective des biens sur le marché et, qui plus est, avec la politique économique gouvernementale, qui seule pourrait justifier ces distorsions. L'introduction des prix de transaction et des prix de nouveautés n'est qu'une solution partielle et à terme. Quant au contrôle de la Commission d'Etat pour les prix, il ne peut rester que limité et ponctuel. Compte tenu des difficultés concrètes que rencontre l'application du nouveau système, l'auteur de l'article s'interroge sur sa cohérence interne et sur son efficacité (IIP partie). La synchronisation entre l'action et les objectifs poursuivis n'a pas été assurée, par exemple en ce qui concerne la politique des prix ; le danger d'un conflit entre l'intérêt de l'entreprise et l'intérêt général n'a donc pu être éliminé. Quant à la politique des revenus, l'application du critère de la production ajoutée provoque l'accentuation des différences entre les salaires. En dernier lieu la gestion par les méthodes directives n'a pas été suffisamment synchronisée avec l'utilisation des instruments économiques. Les contradictions entre les deux types d'instruments risquent de rendre les uns et les autres inefficaces. Quant aux résultats économiques, la période de fonctionnement est encore trop brève pour pouvoir juger de l'efficacité du nouveau système de gestion, toutefois les résultats de l'année 1974 semblent moins bons que ceux de l'année 1973. Faut-il les imputer à la crise économique mondiale qui a aussi touché les entreprises polonaises, et particulièrement les secteurs où les entreprises pilotes sont les plus nombreuses, au est-ce le nouveau système qui, sous sa forme actuelle, se montre inadapté aux besoins de l'économie polonaise ? Toutefois il semble que tel qu'il est introduit maintenant, en particulier dans l'industrie lourde, il tient compte de l'expérience des premières entreprises pilotes et se trouve donc modifié selon les besoins des branches qui vont l'adopter. L'extension du nouveau système s'accompagne d'une limitation de la portée qu'avaient les règles de gestion par les instruments indirects au départ. Cette limitation s'explique aussi bien par les difficultés concrètes liées à la coexistence avec l'ancien système que parce que sont concernés à présent des secteurs stratégiques tels l'industrie lourde.Pilot Firms in Poland. Following the Sixth Congress of the Polish Unified Workers Party, a mixed commission, consisting of members of the party and of the government, was created to actualize the workings of Polish economy. In 1971-1972, the commission set forth a new system of management for economic organizations. The "pilot firm" or Great Economic Organizations (W.O.G.) were to implement a new economic and financial system. Passing in review the methods used and taking into consideration the short period since the inception of the reform (3 years), this article attempts to assess whether there is a new form of management in Polish firms or whether the old system of administrative planning has simply been renovated. In Chapter I, the author points out the importance of pilot firms in Polish industry and the organizational changes. Does the central management of the pilot firms constitute another administrative level, as was the case with the former industrial unions, or are they really independent economic entities? The concentration of these units seems to indicate an effort in the direction of scale economy and they seem indeed to constitute relatively autonomous entities (Chapter II). The second part of the article focuses on the principal characteristics of the workings of the system and the role of the plan. The latter no longer considered as the success indicator, is presented as a framework for action. However, the limits of the plan's obligations have not been established nor have the methods of replacing old mechanisms. Hence, in practice, the former system of planning seems to be maintained. However, the new system is based on indirect instruments. The reward system seems to repose essentially on the use of a new indicator added production which is composed of the firm's added value, plus stock variations. A parameter, variable according to the type of firm, was elaborated to calculate the salary fund and establish a norm between the increase of the latter and that of added production. While the principal factor in the increase of the salary fund rests on added production, the benefits fund for managerial personnel is determined by the firm's gains. The main indicator in the reward system being added production, the quest for the latter should incite pilot firms to eliminate unprofitable investments, since self-financement remains in effect. Financial means proceed either from credit or existing funds, donations being exceptional. However, in most cases, investment planning is still subject to decisions from above, even though they are financed by the firms from credit or existing funds. Difficulty in applying the new system is in part due to the coexistence of the old and new, integration and coordination of the different conflicting elements not having yet been assured. The price system will finally be the telling factor in the success of the reform. How can prices inform the firm concerning demand or rentability if they reflect neither scarcity nor the value of the goods on the market nor even the economic policy in effect, which is the only justifiable reason for certain distortions. The introduction of a transactions price and a novelty price are only a partial solution to the problem of prices in general. A State Commission for Price Control exists but its functions can only be limited and punctual. Considering the difficulties in applying the new system, conjecture is open regarding its future effectiveness (Part III). Synchronization of goals and ways of achieving them has not been assured. For example, concerning prices, the chronic danger of conflict between general interest and that of the firm has not been eliminated; and with regard to the incomes policy, application of the added production indicator accentuates the differences between salaries, while at the managerial level the simultaneous presence of command obligations and economic instruments is totally paralyzing. It is too early to judge the new system of management in terms of economic results although indexes for 1974 appear lower than those for 1973. This may be due to the world economic crisis, which has also affected Polish firms, and particularly the sectors where pilot firms are most numerous. It is also possible that the new system, in its present form, is inadapted to the needs of Polish economy. However, the flaws of the experiments in the first firms seem to have been taken into consideration and an effort is being made to adapt the system to the needs of the different economic branches.
- La praxiologie de Kotarbinski et son application à l'économie - Marian L. Piotrowski p. 43-60
Allemagne de l'Est
- La fixation des prix en Allemagne de l'Est : les occasions manquées d'une réforme - Phillip J. Bryson p. 137-154 Les économistes ont longtemps considéré comme irrationnelles les structures de prix en vigueur dans les pays socialistes étant donné qu'elles ont donné naissance à des prix rigides et ne reflétant pas la rareté. Le recours à l'approche marxiste de la fixation des prix, qui accentue les coûts moyens (plutôt que marginaux) de production et une marge de profit donnée ? « plus-value » ? se sont combinés avec d'autres facteurs pour biaiser la fixation socialiste des prix. Baumol et Bradford ont démontré que le caractère inévitable d'un certain déficit des entreprises et d'autres ressources nécessaires à l'Etat va entraîner telle ou telle forme de taxation des entreprises nationalisées, obligeant à s'écarter de la fixation des prix fondés sur le coût marginal. Dans l'idéal, les prix « quasi optimaux » qui en résulteront s'écarteront des valeurs marginales de manière inversement proportionnelle à l'élasticité de la demande. Au cours des années soixante, l'Allemagne de l'Est a ouvert un débat sur les conditions nécessaires à la réussite des réformes de prix, a entrepris une révision massive des prix et a introduit son « Nouveau système économique ». Avant la fin de la décennie, il était devenu évident qu'une nouvelle approche du problème de la fixation des prix, une décentralisation plus poussée des pouvoirs de décision en la matière et un recours croissant au mécanisme des prix pour contrôler la consommation, pourraient amener en Allemagne de l'Est une structure plus favorable des prix et un fonctionnement amélioré des institutions. Au plus fort de la période de réforme, les tendances paraissaient les suivantes : (1) accorder plus d'attention aux considérations d'élasticité de la demande, (2) encourager la maximisation du profit dans un nombre accru de secteurs industriels, (3) rechercher davantage de ressources sociales, destinées à des fins publiques, par le biais de l'impôt sur le chiffre d'affaires (appliqué en ne perdant pas de vue l'élasticité-prix de la demande) et (4) utiliser le mécanisme des prix pour orienter la consommation. Ces tendances paraissaient autant de manières de se diriger progressivement vers une fixation des prix rappelant la théorie de « quasi-optimalité » définie par Baumol-Bradford. En 1970, la R.D.A. commença à désespérer de son système de réformes économiques. Insuffisamment développées sur le plan théorique, appliquées de façon incomplète et inconséquente, les mesures de réforme n'ont eu que des résultats décevants. La concurrence s'accroissant pour les ressources d'investissement (en raison d'une disparité entre les préférences structurelles des chefs d'entreprise et des planificateurs), les tentatives de réforme furent largement abandonnées. L'Office des prix du Conseil des Ministres a retrouvé toutes ses prérogatives en matière de fixation des prix et le flot de littérature économique sur ce thème s'est pratiquement tari.East German Pricing: the Lost Opportunities of Miscarried Reform. Economists have long evaluated the pricing structures of the socialist countries to be irrational, since pricing institutions in those countries have given rise to rigid, non-scarcity prices. Utilization of the Marxian approach to price formulation with its emphasis on average (rather than marginal) costs of production and a given, "surplus-value" profit markup has combined with other sources of bias in socialist pricing. Baumol and Bradford have demonstrated that the inevitability of some enterprise deficits and other state revenue needs will imply some kind of taxation on nationalized industries necessitating departures from marginal-cost pricing. Ideally, the resultant "quasi-optimal" prices will deviate from marginal values in magnitudes inversely related to the elasticity of demand. In the 1960s, East Germany initiated a formal discussion on the requirements for successful price reforms, began a massive price revision and introduced its "New Economic System". It appeared, before the arrival of this decade, that new approaches to the problem of price formulation, greater decentralization of price-setting prerogatives, and more substantial reliance upon the price mechanism to control consumption patterns could bring about a more favorable price structure and more favorable institutions in East Germany. At the height of the reform era there seemed to be tendencies (1) to pay more attention to considerations of demand elasticity, (2) to encourage profit maximization in greater segments of industry, (3) to seek greater social revenues for public purposes through turnover taxes (applied with an eye to price elasticity of demand) and (4) to use the price mechanism to direct consumption patterns. These trends gave the appearance of a tâtonnement process toward pricing practices reminiscent of the Baumol- Bradford "quasi-optimality" theory. By 1970 the G.D.R. had begun to despair of their system of economic reforms. Insufficiently developed conceptually, and incompletely and inconsistently implemented, reform measures provided only disappointing outcomes. As the competition for investment resources (arising from the disparity of structural preferences of managers and planners) began to threaten central control over aggregate development processes, the reform endeavor was largely abandoned. Pricing discretion was restored to the Office of Pricing of the Ministerial Council, and the flow of economic literature on pricing essentially ceased.
- La fixation des prix en Allemagne de l'Est : les occasions manquées d'une réforme - Phillip J. Bryson p. 137-154
Chine
- La politique intérieure et les institutions chinoises après la IVe Assemblée populaire nationale - Tsien Tche-hao p. 155-183 Cette étude fait suite aux deux articles sur l'évolution de la politique intérieure et des institutions chinoises depuis la Révolution culturelle et après le Xe Congrès du parti communiste chinois publiés dans la présente revue (1973, n° 4, pp. 81-126 ; 1974, n° 4, pp. 5-30). La nouvelle Constitution votée par la IVe Assemblée populaire nationale consacre les principes de base posés dès :1a fondation de la République populaire de Chine (en 1949) et réaffirmés au cours de la Révolution culturelle. Le fondement théorique de l'Etat est le marxisme, le léninisme et la pensée-maotsetoung. La République populaire de Chine est définie comme un « Etat socialiste de la dictature du prolétariat dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans ». L'Etat chinois pratique le centralisme-démocratique. Il maintient l'application de l'autonomie régionale pour les minorités ethniques. La nouvelle Constitution mentionne en outre un certain nombre de mots d'ordre et slogans économiques apparus au cours du Grand bond en avant (1958) et de la Révolution^ culturelle, sans renoncer à poursuivre la lutte idéologique qui reste, dans l'immédiat, la lutte contre Lin Piao et Confucius. L'application de la simplification administrative a fait diminuer le nombre des personnes nommées dans les organes d'Etat. Elle a également réduit le texte constitutionnel de 106 articles à 30 articles. Il en résulte que les institutions sont décrites très schématiquement et que l'énumération des pouvoirs et fonctions est réduite à l'essentiel. Ce qui ne signifie pas que ces organes aient vu leurs pouvoirs et fonctions diminuer d'autant. Les institutions diffèrent, dans l'ensemble, assez peu de celles de la Constitution de 1954. Demeurent en place l'Assemblée populaire nationale et son Comité permanent, le Conseil des affaires d'Etat, les Assemblées populaires locales et leurs comités révolutionnaires. Les plus remarquables changements sont la suppression du poste de président de la République et l'introduction du parti dans le texte constitutionnel. La direction du parti sur tous les organes, effective mais occulte depuis 1949, est désormais « constitutionnalisée ». La nouvelle Constitution légalise les institutions nouvelles (par rapport à la constitution de 1954) que sont les communes populaires rurales (nées en 1958) et les comités révolutionnaires nés au cours de la Révolution culturelle. Les organes d'Etat, nommés ou élus, doivent incarner la triple union des personnes âgées, d'âge mûr et des jeunes. L'Armée ne joue aucun rôle administratif. Placée sous le commandement du président du Comité central du parti communiste chinois, elle doit demeurer un « corps de combat en même temps qu'un corps de travail et un corps de production ». Les Chinois ont cherché à institutionnaliser et légaliser sans figer leur société, afin de pouvoir continuer une lutte efficace contre le bureaucratisme et le « révisionnisme » toujours menaçants.Domestic Policy and Chinese Institutions since the Fourth Popular National Assembly. This study is a follow-up of two articles by the same author on domestic policy and Chinese institutions since the Cultural Revolution and the Tenth Congress of the Chinese Communist Party published in the Revue de l'Est (1973, N°. 4, pp 81-126 and 1974, N°. 4, pp. 5-30). The new constitution voted by the Fourth Popular National Assembly, endorses the basic principles set forth at the inception of the Chinese Republic in 1949, and which were reaffirmed during the Cultural Revolution. The Popular Chinese Republic, grounded on precepts of Marx, Lenin and Mao Tse-toung, is defined as "a socialist state dictated by the proletariat, directed by the working class and based on the alliance or workers and peasants". The state must practice "democratic centralism and uphold the regional autonomy of ethnic minorities". In the New constitution, mention is equally made of certain slogans used during "the big leap ahead" (1958) and during the Cultural Revolution, as well as the present ideological struggle against Lin Piao and Confucius. In application of the policy of simplified administration, the number of persons employed in state organizations has been reduced. The constitution itself was reduced from 106 articles to 30. As a result the institutions are only briefly described and only the basic essentials of powers and functions is enumerated. However, the author assures us, this in no way indicates that the former have been diminished. On the whole the institutions differ little from those set forth in the Constitution of 1954. The Popular National Assembly, the Council of State Affairs and the local popular assemblies and their revolutionary committees remain in place. The most noteworthy changes are the suppression of the post of President of the Republic and the introduction of the party in the constitutional text. Party direction of all organisms, real but occult since 1949, is henceforth "constitutional". The new constitution further legalizes certain institutions created since 1954, such as popular rural communes (started in 1958) and revolutionary committees which grew out of the Cultural Revolution. State organs, named or elected must "incarnate a Trinity" of aged, mature and young persons. Theoretically the Army has no administrative functions. Placed under the command of the President of the Central Committee of the Chinese Communist Party, the Army while remaining a combat corps, must also be a work and production corps. According to the author, an effort has been made to institutionalize and legalize the Chinese society without making it rigid in the aim of combating the ever-present menace of revisionism.
- La politique intérieure et les institutions chinoises après la IVe Assemblée populaire nationale - Tsien Tche-hao p. 155-183
Roumanie
- Tendances et orientations de la circulation monétaire en Roumanie - Stefan Popa p. 185-192 La Roumanie, qui connaît des rythmes de croissance soutenus, se préoccupe de stimuler les facteurs intensifs du développement afin d'obtenir une efficacité accrue dans tous les domaines d'activité. Dans ce but, les méthodes de gestion et de planification économiques et financières sont continuellement perfectionnées pour répondre aux nouvelles nécessités du développement des forces et des relations de production. L'organisation et la planification de la circulation monétaire sont étroitement liées aux problèmes majeurs du développement économique. Assurer l'équilibre monétaire est une préoccupation constante et permet d'utiliser la monnaie pour stimuler la production et la circulation monétaire-marchande et pour exercer un contrôle plus sévère sur les processus quantitatifs et qualitatifs de reproduction. Dans le cadre de l'économie socialiste roumaine, l'équilibre monétaire reflète la concordance entre l'offre et la demande et dépend, en premier lieu, d'un respect des proportions dans la sphère de la production matérielle. Un accroissement plus rapide de la productivité du travail que des revenus est considéré comme l'une des nécessités fondamentales de la croissance et comme l'une des conditions essentielles de la stabilité monétaire. L'augmentation du volume du crédit, ei elle est due au dépassement des prix, à l'apparition de stocks excédentaires, etc., aura évidemment des conséquences susceptibles de provoquer une non-concordance entre le volume de la monnaie et des marchandises. La quantité de monnaie en circulation sous forme fiduciaire et métallique doit correspondre au montant nécessaire pour la réalisation du produit social, la distribution et la redistribution du revenu national. L'existence d'un excédent de monnaie en circulation, exprimant une demande insatisfaite, peut exercer une influence négative sur l'évolution des prix et sur le pouvoir d'achat de cette monnaie. Ce qui entraîne, à l'intérieur, des conséquences défavorables pour le niveau de vie et, à l'extérieur, pour la stabilité des cours du change. On accorde un intérêt particulier au juste équilibre entre monnaie et marchandises. L'évolution de la masse monétaire en circulation dépend donc des processus de production et d'écoulement des marchandises tandis que le pouvoir d'achat de la monnaie est fonction de la corrélation entre le fonds d'achat et le fonds de marchandises. La Roumanie cherche constamment à améliorer son système des prix de manière, surtout, à rapprocher les prix des dépenses effectives en matériaux et en travail, nécessitées par la réalisation des produits destinés au marché. Par ailleurs, le plan d'encaissements, instrument reflétant la circulation monétaire dans l'économie, est directement lié aux dépenses et revenus monétaires de la population. Il est utilisé pour planifier des opérations impliquant des moyens pécuniaires afin d'assurer la corrélation nécessaire entre la demande de la population et le fonds de marchandises. Le plan d'encaissements est élaboré en étroite liaison avec les plans de crédit ; le levier des crédits et celui des décomptes servent à réglementer la circulation monétaire dans le sens désiré. Les organes de planification économique, en collaboration avec la Banque nationale et le Ministère des finances élaborent la balance des dépenses et des revenus monétaires de la population de manière à mieux les équilibrer. Cette balance est élaborée pour l'ensemble du pays et pour chaque unité territoriale en particulier. Par ailleurs, le budget d'Etat, le plan de crédit et le plan d'encaissements sont si étroitement liés en Roumanie qu'il y a concordance entre les mouvements des ressources monétaires et les moyens matériels de l'économie nationale. Enfin, on exerce en Roumanie une influence de plus en plus grande sur le crédit afin de modifier la quantité de monnaie en circulation. Pour influer sur l'émission monétaire et assurer une évolution normale de la circulation de l'argent, on cherche à respecter les proportions nécessaires dans la sphère de la production matérielle et à organiser de manière adéquate la circulation monétaire.Monetary Circulation in Rumania: Tendencies and Orientations. In Rumania, with economic growth on the upswing, today's problem is how to stimulate the factors of intensive development and render all fields of activity more effective. Management techniques, as well as economic and financial planning methods, are continually being improved in an effort to meet new demands for the development of productive forces and the whole of the industrial network. Planning and regulation of monetary circulation are closely linked to the major problems of economic development. It is essential to assure a constant monetary equilibrium to permit the use of it as a stimulus to production as well as the circulation of monetary goods. It is also essential to exercise a more rigid control over quantative and qualitative reproduction processes. Within the framework of Rumanian economy, monetary equilibrium reflects concordance of supply and demand, and depends mainly on maintaining certain proportions in the sphere of material production. Growth of labor productivity proportionally higher than that of incomes is considered fundamental to growth in general and an essential condition of monetary stability. An increase in the mass of credit as a result of increased prices, surplus stocks, etc. will obviously tend to provoke discordance between the money mass and goods. The amount of circulating money in bill form must correspond to the sum needed to cover the social product ? the distribution and redistribution of national revenue. An excess of circulating money, if it expresses unsatisfied demand, can exercise a negative influence on the evolution of prices and buying power. At the domestic level, this has unfavorable effects on the standard of living and at the foreign level, on the stability of exchange rates. The just balance of money and goods is of particular interest. The evolution of the monetary mass in circulation depends on production processes and the liquidation of stocks, while the buying power is in function of the correlation between expendible money and goods for sale. In Rumania constant efforts are made to improve the price system in order to allign it with real expenditures for goods and work necessary to the production of marketable commodities. In addition, the "payments plan", an instrument reflecting monetary circulation in the economy is directly linked to expenditures and incomes of the population. It is used to plan financial operations, to assure the necessary correlation between the demands of the population and the supply of goods. The payments plan is closely linked to the credit plan ? credit and payments serving to regulate monetary circulation in the desired way. Economic planning organizations in collaboration with the National Bank and the Ministry of Finances calculate the expenditures and monetary incomes of the population in an effort to balance them. This balance is calculated for the country as a whole and each territorial unit in particular. In Rumania, the state budget, the credit plan and the payments plan are correlated to permit concordance of movements of monetary resources and the material means of the national economy. Finally, more and more pressure is being brought to bear on credit in Rumania to modify the quantity of money in circulation. To influence the emission of money and assure normal circulation, an effort is made to respect given proportions in the sphere of material production and to organize monetary circulation in an adequate way.
- Tendances et orientations de la circulation monétaire en Roumanie - Stefan Popa p. 185-192
La presse socialiste
- Monopole ou concentration de la presse dans les pays socialistes - Georges Mond p. 193-216 Le système d'information dans les pays socialistes se caractérise par l'existence d'un quasi-monopole de propriété des moyens d'information. Pour la radio, la télévision, le cinéma et la diffusion de la presse, c'est un monopole total et complet. Quant à la presse, il y a quelques nuances découlant des particularités institutionnelles ainsi que de quelques différences politiques et administratives existant entre les quatorze pays socialistes en question. Il n'empêche qu'en 1975, le courant vers une plus grande concentration prévaut dans tous ces pays, Yougoslavie comprise. D'où vient la domination de ce courant favorable à la concentration ? Une hypothèse à émettre est que les détenteurs du pouvoir dans les pays socialistes préfèrent généralement la concentration et la centralisation de la presse, non seulement à cause d'un souci de rentabilité, ou de l'inexistence de la concurrence entre les entreprises de presse, mais encore parce qu'ils considèrent ce système comme plus efficace, plus facile à manier, plus indépendant des nombreux facteurs humains, locaux, régionaux et nationaux et, enfin, plus capable d'opérer des tournants issus de telle ou telle autre politique ou conception. Les exemples de comportement non-conformiste de la presse décentralisée, non concentrée, souvent régionale ou locale évoqués dans cet article et dans d'autres publications de l'auteur prouveraient le bien-fondé d'une telle conclusion. D'autre part, à la concentration économique de la presse occidentale (aux effets politiques importants) correspond la concentration politique et administrative de la presse des pays socialistes qui a des effets économiques importants, bien que secondaires. L'un de ces systèmes aboutit à un monopole quasi total de l'information dans les pays socialistes, tandis que l'autre, bien qu'il soit fort criticable, se caractérise néanmoins par une diversité et une pluralité de l'information. Il y a finalement deux visages du phénomène de concentration qui diffèrent en fonction de l'intensité et de la prépondérance du facteur politique ou économique. Les deux sont criticables, mais à des degrés différents. Actuellement, les deux systèmes sont devenus un sujet très important de la science politique, de la sociologie et de l'économie. Le système des mass media constitue, en effet, un critère d'analyse hautement significatif des systèmes politiques, sociaux et économiques des pays considérés. La question fondamentale est de savoir si ces deux systèmes peuvent non seulement « coexister » et comment, ce qui est un fait, mais aussi communiquer sur un pied d'égalité avec le public dans le monde entier, malgré la concentration poussée trop loin et face à elle.Monopoly or Concentration of the Press in Socialist Countries. Georges Mond expresses the view that the means of communications in socialist countries is almost entirely monopolized, the hold over television, radio, films and the diffusion of news being total. With regard to the press in general, a certain form of liberalism may be noted as a result of the institutional and political differences existing between the fourteen countries concerned. However, in the author's opinion, in spite of this, in 1975 a movement toward greater concentration in all of these countries, including Yougoslavia, is perceptible. What is the origin of this current toward concentration? One possibility Mond believes is that authority in socialist countries generally prefers concentration and centralization of the press, partly because it is more effective in reducing competition between rival enterprises engaged in mass-media or because such a system seems easier to handle, being more independent of numerous human, regional and national factors; finally, a concentrated press is more capable of smoothing over political issues. Examples of the non-conformity of a decentralized press, often of regional or local origin, described by the author, indicate that the latter is well founded. In addition, the economic concentration of the occidental press (the political effects of which are important) is comparable to the political and administrative concentration of the socialist press, which has important, although secondary, economic effects. The latter system leads to almost total monopoly of information in the socialist countries, while the former, also open to criticism, nevertheless permits more diversified coverage and plurality of opinion. Finally, the two systems represent two aspects of concentration which differ in function of the intensity and preponderance of the political or economic factor. Both can be criticized but at a different level. From the point of view of political science, economics and sociology, both concepts are currently under intense analysis, mass-media being a highly significant field in the study of social, political and economic systems.
- Monopole ou concentration de la presse dans les pays socialistes - Georges Mond p. 193-216
Note
- Autogestion et cogestion (esquisse d'une étude comparative et bibliographique) - Joseph Fisera p. 219-230 L'auteur prend pour référence des résultats de ses études sur les mouvements coopératifs et autogestionnaires sur le terrain en Europe centrale, orientale et en Espagne d'avant-guerre de même que les observations qu'il a pu faire en participant à des stages et des enquêtes sociologiques en Yougoslavie, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Pologne, Italie, Allemagne, Autriche, Belgique, Israël et France. Il s'efforce de faire ressortir l'importance de la conscience et de la mémoire collective de ces nombreux groupes de populations qui aspirent à une participation vraie et directe à la gestion de leurs propres affaires, attendent de les diriger si possible seuls accélérant ainsi leur propre intégration sociale et politique. L'inventaire provisoire de ces expériences conduit à bien distinguer les modèles théoriques des cas ayant existé ou se maintenant, survivant sous une forme de cogestion avec l'Etat, socialiste ou libéral. Les réflexions présentées sont guidées par la recherche de nouveaux éclairages pour faciliter la compréhension et l'explication des deux « dilemmes » éternels, voire des postulats : 1. L'autogestion, l'idée des conseils ouvriers, n'a pas été extraite des archives idéologiques par quelques théoriciens des principes de la Commune de Paris ou des régimes politiques modernes, ni transplantée de la Yougoslavie ensoleillée. Elle revit où elle existait et existe : dans la conscience de ceux qui travaillent. Comment expliquer également que, malgré certains déboires, ces mêmes idées d'autogestion, spectres ou épouvantails pour certains, même pour la bureaucratie syndicale ou étatique, reviennent toujours avec plus de force : pendant les périodes de libéralisation ou de grandes tensions sociales, reprenant chaque fois l'idée d'autogestion à leur compte, les salariés en exigent la réalisation et le développement. 2. Quelle série de réponses nous réservent les modèles d'intéressement et d'intégration des salariés dans le contexte développé à l'intérieur des Etats, où le secteur industriel est dominant depuis longtemps : les tendances à la cogestion et à l'autogestion de l'expérience tchécoslovaque d'une part, les modèles proposés et les expériences réformistes tentées en Occident, en Europe de Nord et en Israël, voire un courant puissant sur le plan de la promotion accélérée, sociale et culturelle aux Etats-Unis d'autre part. Ces réalités apparemment irréelles (la conscience, les traditions), les modèles proposés (constructions juridiques ou autres) et les différents cas, malgré tous leurs avantages et aléas, constituent-ils un progrès dans le cheminement de l'utopie et de l'héroïque vers le rationnel ? Ou confirment-ils l'explication, aussi partielle et incomplète qu'elle pourrait le paraître, que l'autogestion ne peut pas exister sans éducation préalable, parallèle, permanente, généralisée et accélérée ?Self-Management and Co-Administration (A Comparative and Bibliographical Study). Basing his observations on extensive studies made in various european countries, Mr. FiSera considers that the collective conscience is the most important factor in self-management and participation in decision-making, and that this form of participation accelerates social and political integration. Theoretical models of self-management existing within both the socialist and the democratic states, the author attempts to present the material in a new light through his insistence on the homogenecity of the nature of true self-management, the fact that it originates in the collective conscience and by questioning the adaptability of synthetic models which not only do not stem from the collective conscience but are imposed upon it. Regarding the genesis of self- management, the idea of the work committee, etc., the author states that it is not an ideology subscribed to by theoreticians of the Paris Commune or by modern political regimes, nor is it transplanted from Yugoslavia. It exists and has existed in the collective conscience of the workers for centuries. What solutions can be expected from models of self-management based on benefits and salary integration in the developed industrial context, where management has played the dominating role over a long period of time, or other models which do not draw from the cultural heritage? Mr. FiSera's conclusion suggests that the reality of self-management lies in permanent, generalized and parallel preparation.
- Autogestion et cogestion (esquisse d'une étude comparative et bibliographique) - Joseph Fisera p. 219-230
Revue des Livres
- Basile H. Kerblay, L'isba d'hier et d'aujourd'hui - Madeleine Tchimichkian p. 233-238
- Sozialistische Betriebswirtschaft-lehrbuch Collectif d'auteurs dirigé par Dieter Graichen - Maryse Lamps p. 238-240
- Jean-Pierre Brule, Demain... L'armée chinoise - Tsien Tche-hao p. 240-243
- Résumés des articles - p. 245-260