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Titre L'évolution historique de l'organisation des recherches sur l'Afrique en U.R.S.S.
Auteur Milena Chelli
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 8, 1, 1977
Rubrique / Thématique
Articles
Page 165-178
Résumé Alors que la fin des années cinquante était pour la plupart des pays africains une « marche vers l'indépendance » et que l'année 1960 était « l'année de l'Afrique », en U.R.S.S., le niveau des sciences sociales et des recherches africaines en particulier, fut reconnu comme très insuffisant, dès 1956, lors du XX' Congrès du parti communiste. Les recherches africaines à cette époque étaient donc incapables de rendre compte de cette nouvelle réalité et d'aider à la définition d'une stratégie à la fois vis-à-vis des divers mouvements de libération nationale en Afrique et des puissances coloniales. Dès 1918 pourtant, l'Académie socialiste des sciences humaines, qui deviendra l'Académie communiste, représentait le sommet de la recherche dans le jeune Etat soviétique ; de même que l'Association scientifique des orientalistes marxistes, créée en 1921, dont les études étaient d'un niveau assez remarquable. Cependant, les cadres de ces divers instituts, qui en majorité n'étaient pas membres du parti, furent progressivement remplacés par des cadres du parti, formés notamment à l'Université communiste des travailleurs de l'Orient, créée en 1921. Ce processus aboutira dès 1936, à une réorganisation complète de la recherche sur l'Orient en général, et l'Afrique en particulier, entraînant la fermeture de l'Académie communiste et de l'Université communiste des travailleurs de l'Orient. L'Institut d'orientalistique et l'Institut d'ethnographie, créés peu avant, et dépendant tous deux de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S., devenaient alors les seuls instituts regroupant toutes les activités de la recherche consacrée à l'Afrique. Cette réorganisation ne favorisera pas, bien au contraire, le développement des recherches africaines, alors même que l'Afrique vivait une période d'accélération de son évolution historique et politique. C'est à la suite du XX* Congrès, que la création de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales, et surtout celle de l'Institut d'Afrique, vont complètement relancer la recherche sur l'Afrique, qui va alors connaître un essor considérable pendant ces 15 dernières années, notamment en raison de la nouvelle orientation et des besoins de l'Etat au niveau de la politique extérieure. Ainsi, polarisée au début, essentiellement autour de deux thèmes ? les mouvements de libération nationale et les problèmes de sous-développement, ? la recherche s'oriente plutôt maintenant vers les problèmes économiques dans les « pays libérés », et s'efforce de proposer des modèles de développement économique. Cet article s'attache donc plus aux aspects structurels de la recherche sur l'Afrique en U.R.S.S., qu'à son contenu réel ; il reste au niveau de l'histoire institutionnelle.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Evolution in the Organization of Soviet Research on Africa. Although in most of the African countries the "march towards independence" started in the late Fifties, and despite the fact that 1960 was "The African Year", the level of research on Africa in the field of Social Sciences was already qualified insufficient by the 20th Congress of the Communist Party in 1956. Research on Africa at this time did not take the new reality into account, nor did it help to define a policy with regard to national liberation or colonization. As early as 1918, however, the Socialist Academy of Human Sciences, which later became the Communist Academy, represented the highest level of research in the young Soviet state; there was also the Scientific Association of Marxist Orientalists, created in 1921, whose studies were also rather remarkable. However, the directors of research, most of whom were not party members, were progressively replaced by members of the party, trained at the Communist University, created in 1921, and specializing in studies on workmen in the West. As early as 1936, this brought about a complete reorganization of research applied to the West and to Africa in particular. Both the Communist Academy and the Scientific Association of Marxist Orientalists were obliged to close their doors. The Oriental Institute and the Institute of Ethnography, created somewhat earlier, both attached to the Academy of Sciences of the USSR, were placed in charge and re-grouped all the research activities centered on Africa. This reorganization did not favor development of African research when Africa was knowing a period of accelerated historical and political evolution. After the 20th Congress, the creation of the Institute of World Economy and International Relations, and above all the African Institute, re-launched research on Africa. Research in this field has flourished in the past 15 years, namely due to the new orientations and interests of the state at the Foreign Relations level. Polarized at the beginning by the question of national liberation movements and development, research now focuses rather on the economic problems associated with "developing countries" and attempts to formulate models for economic take-off. This article is therefore, more concerned with the structure of Soviet research on Africa at the institutional level than with its contents.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1977_num_8_1_2081