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Titre La signification de la grève dans le système social yougoslave
Auteur Micheline de Felice
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 15, 4, 1984
Rubrique / Thématique
Articles
Page 139-156
Résumé Depuis 1958, de 100 à 250 grèves par an sont signalées en Yougoslavie. En théorie ces arrêts de travail sont une hérésie puisque, d'une part, l'abolition du salariat a été proclamée à cette époque et que, d'autre part, de multiples procédures ont été mises en place visant à prévenir et réguler les différends surgissant dans le procès de travail. C'est en invoquant ces raisons que les autorités condamnent la grève comme une action « absurde ». Attribuées en un premier temps ? fort bref il est vrai ? à l'action d'agents hostiles au régime, celles-ci ont ensuite été mises sur le compte d'une incompréhension du système autogestionnaire par les travailleurs grévistes. La quasi totalité des arrêts de travail découle d'un mauvais fonctionnement du système de régulation dont la complexité est telle que des grippages surviennent à moins qu'il ne s'agisse de cas de figure imprévus et imprévisibles. Dans ces conditions, le phénomène apparaît comme un moyen propre à réactiver le système de régulation des rapports dans l'entreprise. De facto il est fort rare qu'une grève ne soit pas suivie d'un règlement rapide du litige qui satisfait les revendications qui l'ont déclenché, partiellement tout au moins. Ainsi l'arrêt de travail constitue un - correctif aux défaillances inévitables du système de régulation institutionnel. A ce titre, au lieu d'être minimisé voire passé sous silence comme une tare honteuse, ne devrait-il pas être considéré comme un élément même de ce système ?
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Strikes, and their role in the Yugoslav social system Since 1958, some 100-250 strikes have been recorded in Yugoslavia. In theory, these work stoppages are, so to speak, a heresy. On the one hand, during this period the authorities announced the abolition of the wages system, and, on the other, complex procedures had been adopted which were designed either to anticipate, or to settle, disputes which might arise in the course of work. For these reasons, the authorities denounce strikes as "absurd". In the beginning, admittedly over a very short period, strikes were regarded as the work of elements hostile to the regime ; later they were attributed to a lack of understanding of the system of self-management by the strikers. Almost all of these stoppages arise from malfunction of a regulatory system so complex that breakdowns are bound to occur, or else from unforeseen and unforseeable circumstances. In these conditions, the strike can be seen as an instrument for reactivating the regulatory mechanisms which govern relations within the enterprise. Consequently, it is extremely rare for a strike not to be followed by swift settlement of at least some, if not all, of the claims which gave rise to the dispute in the first place. Thus stoppage of work may be regarded as a corrective to the unavoidable imperfections of the system's regulatory mechanism. Viewed from this angle, should the strike not be seen as one of the elements of the system itself, instead of being either played down, or silently ignored as something shameful ?
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1984_num_15_4_2529