Titre | La « nouvelle pensée » politique occidentale de l'U.R.S.S | |
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Auteur | Gérard Ouimet | |
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest | |
Numéro | Vol. 20, 3, 1989 | |
Page | 17-38 | |
Résumé |
D'aucuns admettent volontiers que l'U.R.S.S. présente, depuis déjà plusieurs années, les signes prodromiques d'un profond marasme économique, d'un sévère désabusement social et d'une pernicieuse inadéquation politico-institutionnelle. En conséquence de quoi, Mikhaïl Gorbatchev, en accédant au pouvoir en mars 1985, se voit confronté hic et nunc à l'impérieuse obligation de contrer Pétiolement du dynamisme de la société soviétique. Qui plus est, il n'y a pas que la situation interne du pays qui nécessite un assainissement immédiat. Les avatars de la diplomatie du Kremlin au cours des deux dernières décades atteignant un niveau paroxystique avec l'affligeante intervention en Afghanistan, indiquent indubitablement que sur la scène internationale le statut de super-puissance de l'U.R.S.S. devient de moins en moins crédible. C'est ainsi que conscient du caractère urgent ? pour ne pas dire dramatique ? de l'actuelle conjoncture dans laquelle se trouve plongée l'U.R.S.S., Mikhaïl Gorbatchev entend énergiquement substituer à la décrépitude de certaines composantes structurelles et fonctionnelles anachroniques du régime l'attrait d'éléments nouveaux, seuls susceptibles de générer un appui, tant interne qu'externe, combien essentiel à l'actualisation pleine et entière de la présente réforme. L'adoption d'une orientation réformiste ne permet toutefois pas de considérer la rhétorique gorbatchévienne en matière de désarmement nucléaire, de démocratisation, de libéralisation culturelle et de respect des droits de l'homme comme une transformation « substantielle » du régime soviétique mais plutôt comme une adaptation « formelle » ayant pour unique but la revitalisation systémique du pays. En fait, la réalisation de la perestroïka, strictement motivée par des impératifs de survie, commande sur le plan international un climat serein, propice d'une part à l'implantation d'un « nouveau mode de pensée » socialiste mettant l'emphase sur la formation, la discipline et la responsabilité des agents de production (décideurs et exécuteurs) et, d'autre part, à l'octroi de fonds et de transferts technologiques occidentaux indispensables au processus de modernisation entrepris par la nouvelle équipe dirigeante. Pour autant que l'U.R.S.S. ait orchestré une ostensible campagne de séduction à l'endroit de l'Occident, elle n'en a pas moins renoncé à ses visées hégémoniques outre-frontières.
Aussi, s'avère-t-il indispensable de bien saisir, au-delà du récursif discours soviétique pacifiste, les véritables intentions sous-jacentes à l'apparent rapprochement Est- Ouest amorcé par Moscou. Quelles sont les principales priorités de la présente politique occidentale de l'U.R.S.S. et en quoi celle-ci se démarque-t-elle des précédentes ? Telles sont les questions fondamentales auxquelles tentera de répondre une analyse de la politique occidentale menée par Gorbatchev. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
The « new thinking » of Soviet occidental policy
There are some who willingly admit that the USSR has for many years shown the precursory signs of profound economic stagnation, extreme social disillusionment and pernicious politico-institutional inadequacy. Consequently Mikhail Gorbachev, reaching power in March 1985, finds himself immediately confronted with the imperious obligation to counter the weakening of Soviet society's dynamism. Moreover, it is not only the country's internal situation that requires an immediate cleaning up. Over the past two decades, the Kremlin's avatars of diplomacy, reaching a paroxystic level with disastrous intervention in Afghanistan, indubitably indicate that on the international scene the USSR's status as a super-power is becoming less and less credible. Thus, conscious of the urgent ? if not dramatic ? nature of the USSR's present situation, Mikhail Gorbachev strongly intends to substitute the decrepitude of some anachronistic structural and functional components of the system with the appeal of new elements, alone capable of generating internal as well as external support, so essential to complete actualization of current reform.
The adoption of reformist orientation, however, doesn't allow Gorbachev's rhetoric concerning nuclear disarmement, democratization, cultural liberalization and respect for human rights to be considered a « substantial » transformation of the Soviet system, but rather a « formal » adaptation whose only goal is the systemic revitalization of the country. In fact, the realization of perestroïka, strictly motivated by the necessities of survival, demands a calm climate at the international level, favourable on the one hand to the establishment of « new Socialist thinking » giving greater importance to the training, discipline and responsibility of production agents (decision makers and executors), and on the other hand, to the granting of funds and occidental technological transfers so essential to the modernization process undertaken by the new ruling team. In spite of the conspicuous campaign of seduction directed towards the West that she has orchestred, the USSR nonetheless has not renounced her hegemonic designs beyond her borders.
Consequently, it is essential to clearly understand, beyond the recurrent Soviet pacifist talk, the real underlying intentions of apparent bringing together of East and West initiated by Moscow. What are the top priorities of the USSR's current occidental policy and how this policy distinguish itself from its predecessors ? Such are the fundamental questions which an analysis of Gorbachev's occidental policy will attempt to answer. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1989_num_20_3_1422 |