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Titre Les travailleurs sans papiers aux Etats-Unis
Auteur Jean-Marie Dinand
Mir@bel Revue Revue Européenne des Migrations Internationales
Numéro Vol. 1, no 1, septembre 1985
Rubrique / Thématique
Articles
Page 123-142
Résumé Les travailleurs sans papiers aux USA Deux facteurs expliquent l'ampleur du mouvement migratoire des travailleurs sans papiers : I - L'existence de contradictions significatives dans le système complexe de l'immigration légale : La demande de visas d'immigration dépasse de beaucoup les limites fixées par la loi : il existe à l'heure actuelle une liste d'attente de 700.000 personnes. En outre, le marché américain est fermé en grande partie aux immigrants légaux à cause du « Plan B », une liste de 49 emplois pour lesquels la délivrance d'un certificat est interdite par le Ministère du Travail. En conséquence, les personnes soucieuses d'émigrer et de travailler aux U.S.A. inventent des manières de contourner la loi : par exemple, en utilisant un visa de tourisme international, ou en traversant la frontière de façon illégale. II - Préférence marquée des employeurs pour les travailleurs étrangers illégaux : Bien qu'entrer dans un pays et y demeurer de façon illégale constitue une infraction, la législation ne considère pas comme un délit le fait qu'un employeur recrute un travailleur sans papiers. Bien qu'un fermier soit censé connaître le statut des travailleurs qu'il emploie (dans onze états, employer un travailleur étranger illégal est considéré comme un forfait), la loi n'est pas appliquée pour des raisons essentiellement économiques. Nous montrons dans cet article que la stimulation économique l'emporte de beaucoup aux yeux des employeurs sur les sanctions éventuelles, qui se limitent au départ volontaire ou à l'expulsion des étrangers. Les propositions récentes ont peu de chances d'être plus efficaces que les mesures fédérales prises il y a une dizaine d'années. Appliquer la loi exigerait un budget et une force de dissuasion qu'on ne peut envisager avec réalisme. Les travailleurs sans papiers ont besoin de travailler. Les employeurs ont besoin d'une main-d'œuvre bon marché, immédiatement disponible. Dans l'état actuel des choses, tout projet de loi est appelé à demeurer symbolique.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Undocumented workers in U.S.A. Two factors account for the size and magnitude of undocumented worker migration to the United States : I - The existence of significant contradictions in the complex legal immigration system : The demand for immigrant visas far exceeds the legal limits : a waiting list of over 700,000 persons now exists. In addition, the U.S. labor market is in large part closed to legal immigrants because of « Schedule B », a list of 49 occupations for which certification is prohibited by the Department of Labor. As a result, persons intent on emigrating and working in the United States devise methods to circumvent the process. A clear premium is placed on entering the United States by means other than the legal channels : e.g. as an international visitor with a tourist visa (visa abusers) or by illegaly crossing the border (illegal entrants). II - The marked preference on the part of employers for the employment of illegal aliens : Although it is against the law to enter and remain illegaly, it is not unlawful - according to the Immigration and Naturalization Act -for an employer to hire an undocumented worker. The Farm Labor Contractor Registration Act requires a former to determine the status of workers before hiring them. In 11 states, it is a felony to knowingly hire an illegal alien. These statutes have not been enforced for primarily economic reasons. According to the theory outlined in this paper, the economic incentives for the employer who may as a result obtain labor at low wages and at non-regular time periods (e.g. for night shifts, on weekends or for harvest peak season) far outweigh the only penalty, i.e. voluntary departure or deportation of the alien. The current policy proposals, which seek to control immigration on the supply side (through civil penalties against employers who knowingly hire undocumented workers), will probably not be much more effective than the decade-old regulations enacted at state level ten years ago. Enforcement would require a greatly expanded I.N.S. budget and the commitment to build effective deterrent capabilities. Neither is likely. Undocumented workers want jobs. Employers want cheap and readily available labor. If nothing has yet been done in order to create a real economic penalty against employers, it is because the current situation is one in which economic benefits (for both parties) surmount political considerations. The chief contribution of the proposed legislation would therefore be a symbolic achievement : to re-legitimize the image of state control and dominance over the field of immigration - one of the main attributes of a sovereign nation - state.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1985_num_1_1_969