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Titre L'émigration de l'ex-Union soviétique : prémices et inconnues
Auteur Anatoli Vichnevski, Jeanne Zayontchkovskaia
Mir@bel Revue Revue Européenne des Migrations Internationales
Numéro Vol. 8, no hors-série, 1992 L'Europe de l'Est, la Communauté européenne et les migrations
Rubrique / Thématique
Articles
Page 41-65
Résumé On peut distinguer dans l'émigration soviétique, entre 1917 et 1990, trois principales vagues : les deux premières correspondent aux conséquences de la révolution de 1917 et des deux guerres mondiales ; une troisième qualifiée « d'ethnique » concerne les dernières décennies. Elle est constituée par les représentants de minorités nationales insatisfaites de leur statut qui recherchent, soit leur patrie d'origine, soit l'intégration à une puissante diaspora à l'étranger. Depuis 1988, la situation s'est modifiée : un début de libéralisation des déplacements a augmenté très fortement le flux de l'émigration qui se dirige principalement vers Israël et l'Allemagne. Ces émigrés viennent essentiellement des grandes villes de Russie, d'Ukraine et du Kazakhstan. L'entrée en vigueur en janvier 1993, de la loi votée sur la liberté de déplacement va accélérer ce processus. Ce sera la « quatrième émigration », thème essentiel de cet article. Cette nouvelle émigration, a plusieurs aspects. Les auteurs font un rappel historique de l'expansion territoriale russe, de la colonisation « interne » au XIXe et XXe siècles. Le maximum de cette émigration vers les villes en expansion de Biélorussie, Moldavie, Asie Centrale, Kazakhstan mais aussi Lettonie, Estonie, se situe vers les années 60. On assiste maintenant au renversement de la tendance, au retour des Russes dans leur république et parallèlement à un afflux des autres nationalités vers la Russie. L'émigration européenne vers l'étranger affecterait les populations déjà « modernisées », plus ouvertes au mode de vie occidental, habitant surtout la partie européenne de l'URSS, la Sibérie et l'Extrême-Orient. Son évolution va dépendre de la tournure des événements intérieurs du pays. L'émigration des populations « asiatiques » serait due essentiellement à l'augmentation de la main-d'œuvre autochtone provoquée par la concurrence sur le marché du travail. Le départ des « éléments étrangers » est loin d'avoir réglé les problèmes de surpopulation en Asie Centrale générateurs de la montée du chômage et du renforcement des tensions et du nationalisme. La situation se dégrade même en Russie restée jusque là ouverte aux diverses migrations internes. Le départ à l'étranger devient alors l'ultime remède pour améliorer des conditions de vie de plus en plus mauvaises. Une autre caractéristique de cette nouvelle vague est le départ de la main-d'œuvre qualifiée (« fuite des cerveaux »), surtout en provenance des républiques européennes (85 % des émigrants potentiels sont des citadins), mais il est difficile d'en évaluer l'importance qui va aussi dépendre des accords conclus avec les gouvernements occidentaux. Tous les scénarios de l'émigration sont possibles en URSS. De l'exode massif au blocage des frontières à la suite d'une crise politique violente. Les évaluations qui en sont faites se rapportent seulement à une émigration de type économique. Des difficultés techniques et psychologiques peuvent freiner le courant migratoire. Tout peut être envisagé sans que l'on puisse apporter, dans l'état actuel des choses, d'autres précisions.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais One can distinguish three main waves of Soviet emigration between 1917 and 1990 : the first two correspond to the consequences of the 1917 revolution and the two world wars. A third, labelled « ethnic », concerns the last decades. It consists of representatives of minority nationalities dissatisfied with their status who are seeking either their original homeland or integration into a strong Diaspora abroad. Since 1988, the situation has modified. A recent freedom of movement has vastly increased the tide of emigration, mainly directed to Israel and Germany. For the most part, the emigrants come from large towns in Russia, the Ukraine and Kazakhstan. The coming into effect in January 1993 of the voted laws on freedom of movement will accelerate this process. It will be the «fourth emigration», the essential subject of this article. This new « post-colonial » emigration has several aspects to it. The authors refer back in history to the territorial expansion of Russiea and to the « internal » colonisation of the XIXth and XXth centuries. Most of this emigration took place around the sixties, into the expanding towns in Byelorussia, Moldavia, Central Asia, Kazakhstan but also Latvia and Estonia (+ 25 million of which 70 % to the Ukraine and Kazakhstan). A reversal of this trend is now being witnessed with the return of Russians to their republic and a parallel influx of other nationalities to Russia. European emigration abroad would affect the « modernised » populations who are far more open to the Western way of life, mainly inhabiting as they do the European parts ofthe USSR, Siberia and the Far East. Its evolution will depend on the internal turn of events in each country. The emigration of « Asiatic » populations will essentially be due to the increase in native labour caused by competition in the work market. The departure of « foreign elements » has far from settled the problems of over-population in Central Asia which have caused a rise in unemployment and a reinforcement of tension and nationalism. The situation is getting worse even in Russia and looks set to stay until the opening up of various internal migrations. And so a departure abroad becomes the ultimate cure for the ever-worsening conditions of life. Another characteristic of this new wave is the departure of qualified manpower (the « brain drain »), mainly from the European republics (85 % of political emigrants are townsfolk) but it is difficult to evaluate the importance of this fact which will also depend on conclusive agreements with western governments. Any emigration scenario is possible in the USSR, from a massive exodus to the blocking of borders following a violent political crisis. The assessments made here only relate to an economic type of emigration. Technical and psychological difficultes can slow down the present migration. With the present state of affairs and without any further details at hand, anything can be envisaged.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1992_hos_8_1_1033