Contenu de l'article

Titre Les Esquisses sénégalaises de l'abbé Boilat, ou le nationalisme sans la négritude
Auteur Bernard Mouralis
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro Vol. 35, no 140, 1995 Encrages
Rubrique / Thématique
Études et essais
Page 819-837
Résumé Cet article propose une analyse des Esquisses sénégalaises de l'abbé Boilat qui apparaît, quand on en fait une lecture attentive, comme tout autre chose qu'un texte « précurseur » susceptible de ne retenir que l'attention des historiens de la littérature. La personnalité de Boilat, son rôle pour implanter un enseignement secondaire au Sénégal et ses publications révèlent d'abord une cohérence politique : Boilat a compris que la situation coloniale n'apporte pas la prospérité aux pays qui la subissent et il propose de permettre l'accès des colonisés à une culture et à un système économique comparables à ceux qui existent alors dans la métropole. Cet assimiliationnisme lui a été généralement reproché, au nom d'une vision différentialiste. Mais cette attitude correspond en fait à une position nationaliste qui croit à la possibilité d'un développement du Sénégal. C'est cet aspect qui est ici principalement étudié. Et l'on découvre, au terme de cette étude, que Boilat occupe une place essentielle dans la production littéraire de l'Afrique occidentale. En effet, parce qu'il croit que les Africains peuvent et doivent s'approprier la culture et les techniques de l'Europe, il n'éprouve pas le besoin d'affirmer un discours de valorisation de la culture africaine. À cet égard, il est intéressant de le mettre en perspective avec les écrivains de la Négritude qui, un peu moins d'un siècle après, se trouvent contraints à produire un discours essentiellement culturel.
Résumé anglais When carefully read, Boilat's Esquisses senegalaises (1853) turns out to be something other than a &ampamp;ampquot;precursory text&ampamp;ampquot; of interest only to literary historians. Boilat's personality, his role in setting up secondary education in Senegal, and his publications are politically coherent. He understood that the colonial situation was not bringing prosperity to the subjected country; and he proposed allowing natives access to an economic system and an education comparable to that of France. In the name of a differentialist vision, he has usually been criticized for his assimilationism—an attitude which represented a nationalistic stand and a belief in Senegal's development. Because he believed that Africans can and should adopt European techniques and culture, he did not feel the need to emphasize the positive aspects of African culture. In this respect, he can be compared with the writers of negritude who, almost a century later adopted a basically cultural discourse.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1995_num_35_140_1881