Titre | Le poids du nombre | |
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Auteur | Alain Gascon | |
Revue | Cahiers d'études africaines | |
Numéro | Vol. 37, no 146, 1997 La Corne dans tous ses États | |
Rubrique / Thématique | Crises et temporalités |
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Page | 467-500 | |
Résumé | La Corne de l'Afrique est bouleversée, depuis plus de vingt ans, par des crises politiques, claniques et « ethniques » sur un fond de sécheresses récurrentes provoquant disettes et famines. L'article propose une analyse comparative des révolutions et des réformes agraires en Somalie, en Ethiopie et en Erythrée, souvent présentées hâtivement comme des copies « africaines » du système soviétique. Les systèmes traditionnels de tenure, qui, en Ethiopie, ont échappé à l'impact des colonisations européennes, écartaient les pouvoirs politiques de la transmission et de l'attribution des tenures. Les régimes militaro-marxistes, urbains, ont voulu contrôler les paysans et les éleveurs en s'octroyant le droit de donner et de reprendre la terre. Ils ont profité de l'affaiblissement des sociétés rurales fragilisées par les sécheresses pour les déposséder et mieux relever, disaient-ils, le défi de la croissance de la population. La détérioration continue de la situation alimentaire, les déplacements forcés de population et la reprise des combats ont détaché de la population des régimes autoritaires qui avaient proclamé la réforme agraire. Les autorités nouvelles annoncent la privatisation prochaine des terres tout en s'efforçant de maintenir un secteur étatisé. Pour le moment, les gouvernements maintiennent le statu quo craignant les troubles agraires et l'accélération de l'exode rural : le contrôle de la terre reste entre les mains des communautés locales. | |
Résumé anglais | For more than 20 years now, the Horn of Africa has been disrupted by political, clannish and « ethnie » crises against a backdrop of recurrent droughts that have brought along food shortages and famines. A comparative analysis is proposed of land reforms and revolutions in Somalia, Ethiopia and Eritrea, which are often hastily presented as « African » copies of the Soviet System. Traditional Systems of land tenure (which, in Ethiopia, were not affected by European colonization) kept political authorities out of matters related to the transmission and attribution of tenures. By seizing the right to give and take back land, Marxist, military urban governments wanted to have a grip over the people who raised livestock or worked the land. Taking advantage of the fact that droughts had weakened rural societies, these governments took the land in order to they claimed to better deal with population growth. The ever worsening food situation, the forced displacement of people and the resumption of combat led to a break between the people and the authoritarian governments that had proclaimed land reform. New authorities have announced that land will soon be privatized, although they are also trying to retain a state-owned sector. For the time being, governments are maintaining the status quo; for they fear agrarian unrest and an ever growing emigration from rural areas. Control of the land still lies in the hands of local communities. | |
Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1997_num_37_146_3523 |