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Titre Littérature négro-africaine, idéologie et (sous-)développement
Auteur Luhaka Anyikoy Kasende
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro Vol. 37, no 147, 1997
Rubrique / Thématique
Études et essais
Page 537-553
Résumé Dans le processus historique du rapport conflictuel entre l'Afrique et l'Occident, l'affirmation de l'identité africaine, en littérature négro-africaine, a engendré une conception mythique de l'africanité. Celle-ci se définit, en effet, par opposition à la culture occidentale identifiée à la modernité. La magie de l'écriture, par l'effet de « discontinuité qualitative théorique », a entraîné la perte de l'origine épistémologique de l'africanité en tant que phénomène historique. Devenue dès lors une idéologie différentialiste au service des théories développementales opportunistes, cette africainité-différence sert de justification aux prétentions du discours moderniste à élaborer des paradigmes sui generis pour le développement du continent noir. Or, figée dans son différentialisme originel et subjectif, l'africanité est un concept fluide et massif, incompatible avec le développement vu dans son aspect essentiel et dynamique. Le développement de l'Afrique dépend donc, aujourd'hui, d'une autre attitude stratégique : le moi narcissique du sujet africain doit céder le pas à son ego réducteur, seule instance psychodiscursive capable de réinsérer l'africanité dans ses rapports historique et dialectique avec les réalités du monde.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais In the history of the conflictory relationship between Africa and the West, the assertion of an African identity in Black African literature has brought forth a mythical conception of "Africanicity", defined in opposition to Western culture, itself identified with modernity. Given the "theoretical qualitative discontinuity effect", the magie of writing has led to losing the epistemological origins of Africanicity as a historical phenomenon. Thus having become a "differentialist" ideology in the service of opportunistic theories of development, this "Africanicity-difference" serves to justify the daims that a modernist discourse makes for working out sui generis paradigms for the Black continent's development. Stuck in an original, subjective "differentialism", Africanicity is a fluid and massive concept incompatible with development seen in its essential, dynamic aspect. Africa's development depends, nowadays, on another strategie attitude: the African subject's "Narcissist self" must yield to its "reductionist ego", the only psychodiscursive agency capable of reinserting Africanicity in its historical, dialectical relations with the reality of the world.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1997_num_37_147_1371