Titre | La sape des mikilistes : théâtre de l'artifice et représentation onirique | |
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Auteur | Didier Gondola | |
Revue | Cahiers d'études africaines | |
Numéro | Vol. 39, no 153, 1999 | |
Rubrique / Thématique | Études et essais |
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Page | 13-47 | |
Résumé |
La sape est, au premier abord, une mode vestimentaire parmi certains jeunes Zaïrois et Congolais vivant en Europe, à Paris notamment, qui font de l'acquisition d'articles coûteux et « griffés » leur raison d'être. Mais sous cette surface des apparences se cache l'essence de ce qui aux yeux de l'observateur attentif devient le symbole d'une rencontre ambiguë entre l'Afrique et l'Occident. La colonisation, fardeau de l'homme blanc, n'a pas seulement eu l'ambition de régénérer l'esprit primitif du nègre, mais aussi d'élever et de dompter son corps, d'habiller les peuples nus. Aussi, à Brazzaville, dans les années 1920, les maîtres européens rétribuent-ils leurs «boys» noirs en les habillant de leurs fripes. De là, naquit la sape; non pas simplement comme une obligation d'élégance, ou un désir d'élévation sociale, mais une quête acharnée d'identité au carrefour de cette rencontre problématique entre l'Europe et l'Afrique. La sape est donc une appropriation de signes matériels et de signifiants créés par l'Occident pour les besoins d'un voyage onirique qui, aujourd'hui, amène ces jeunes Africains du « mal ville » (Kinshasa et Brazzaville) aux « villes-lumières » (Bruxelles, Londres, mais surtout Paris). Il s'agit avant tout d'une rédemption du corps, de son exposition en Occident, loin du chaos africain. La sape a également tous les traits d'une sous-culture de résistance qui non seulement s'attaque à l'ordre social, et tente de décrypter les repères sociaux qui le structure, mais se livre également à une reconstruction du réel à travers la surface égotistique et le discours onirique qu'elle offre à ses adeptes, les sapeurs. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Sape is a clothing style adopted by some young people from the former Zaire or Congo who are living in Europe, mainly in Paris: their lives are based on acquiring expensive clothes bearing designers' labels. Underneath appearances however, the attentive observer can see the symbol of an ambiguous meeting between Africa and the West. Colonization, the white man's burden, intended not just to regenerate the Negro's primitive spirit but also to tame and train his body, and clothe naked people. During the 1920s in Brazzaville, Europeans paid their "boys" by giving them their old clothes to wear. Out of that arose sape not just as the duty to be elegant or the desire for social status but as a relentless quest for an identity to be worked out of the meeting between Europe and Africa. Sape appropriates material signs created by the West for a dream trip leading these young Africans from the "bad cities" to the "cities of light", from Kinshasa and Brazzaville to Brussels, London and especially Paris. The aim is to redeem one's body and exhibit it in the West far from the chaos in Africa. Sape has all the characteristics of a subculture that not only attacks the social order and scrambles this order's reference-marks; it also endeavors to reconstruct reality through the dreams egotistical appearance offered to followers, the sapeurs. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1999_num_39_153_1963 |