Titre | Les « martyrs » jihadistes veulent-ils forcément mourir ? : Une approche émique de la radicalisation autosacrificielle au Pakistan | |
---|---|---|
Auteur | Amélie Blom | |
Revue | Revue Française de Science Politique | |
Numéro | Vol. 61, no 5, 2011 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
|
Page | 867-891 | |
Mots-clés (matière) | attentat intégrisme islamique suicide terrorisme violence | |
Mots-clés (géographie) | Pakistan | |
Résumé | La plupart des travaux sur les attentats suicides construisent, à partir d'une prosopopée dépendante de sources problématiques, un « martyr » d'emblée motivé à mourir. Les récits de vie de recrues jihadistes pakistanaises montrent que les motivations individuelles pourraient en réalité être une énigme moins fondamentale que les temps et, surtout, les mécanismes sociaux de cette radicalisation. La fuite en avant, le pari adjacent et le désir d'encadrement sont trois mécanismes que cette perspective émique permet d'identifier. Elle conduit également à émettre l'hypothèse « en creux », en questionnant les causes du désengagement, que le passage à l'acte ne s'explique ni par la sociabilité primaire du militant, ni même forcément par une volonté de mourir : des techniques collectives de création du consentement et des décisions individuelles « absurdes » peuvent également le rendre intelligible. | |
Résumé anglais |
Do jihadi martyrs really want to die ? Using a prosopography based on uncontrollable materials, most academic works on the phenomenon of suicide bombings tend to present a “martyr” who is hyper motivated to die. This contrasts with the life stories of former recruits from a Pakistani jihadi militia, which show that individual motivations might be less a puzzle than the social mechanisms of self-sacrificial radicalization. Three types of mechanisms can then be identified : running away, betting on one's consistency and a quest for organizational framing. This emic approach is also applied to the causes of de-radicalization to suggest, from an “upside-down” perspective, that the act of self-sacrificial violence itself derives neither always from the primary socialization of the militant, nor necessarily from a will to die but, often, from collective techniques of creating consent and individual “absurd decisions”. |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFSP_615_0867 |